vendredi 29 juin 2018

Hop! Epson, Apple, les collants qui filent... ça vous parle?

Malgré la loi de 2015 qui a fait de l’obsolescence programmée un délit, les firmes n’ont rien changé à leurs pratiques. Les lignes sont toutefois en train de bouger, notamment grâce au travail d'une petite association.

Entente secrète des fabricants d’ampoules visant à limiter leur durée de vie à 1 000 heures ; ingénieurs payés pour concevoir des collants qui filent ; présence de programmes informatiques qui bloquent les imprimantes malgré des cartouches d’encre encore utilisables… 
On se souvient peut-être de ces exemples marquants, révélés par le documentaire « Prêt à jeter », qui avait alerté l’opinion publique lors de sa diffusion par Arte en 2012 (1). 
Le concept d’« obsolescence programmée » était alors apparu dans les médias : un ensemble de pratiques utilisées par les fabricants pour réduire la durée de vie de leurs produits afin de pousser à la consommation. 
En 2015, l’article 99 de la loi sur la transition énergétique a fait de l’obsolescence programmée un délit, passible de 2 ans d’emprisonnement et de 300 000 euros d’amende. En pénalisant ainsi les techniques visant à « réduire délibérément la durée de vie d’un produit pour en augmenter le taux de remplacement », la France devenait un pays précurseur dans la lutte contre l’obsolescence programmée.

Et depuis 2015 ? Rien n’a changé, si l’on se fie à la durée de vie toujours aussi courte des cartouches d’imprimante, ou encore, récemment, aux téléphones portables de la marque Apple, subitement ralentis après la mise à jour recommandée par le fabricant.





En revanche, côté consommateurs, du chemin a été parcouru par certains, notamment sous l’impulsion de l’association Hop, ou Halte à l’Obsolescence Programmée.
Première plainte fin 2017!

En septembre 2017, Hop a déposé une plainte contre X pour obsolescence programmée – une première – au sujet des imprimantes à jet d’encre. Dans sa plainte, l’association a compilé l’ensemble des éléments qui font peser la suspicion sur les quatre fabricants se partageant le marché, en particulier le japonais Epson
À la lecture du document, on se dit que les ingénieurs ont épuisé les possibilités visant à manipuler le consommateur, tant les éléments de tromperie sont nombreux, et parfois tellement grossiers ! Est-ce, par exemple, la quantité de plus en plus faible d’encre dans les cartouches au fil des années – alors que la taille de ces cartouches est restée la même – qui a finalement convaincu le procureur à agir ? 
Quoi qu’il en soit, le Parquet de Nanterre a ouvert, le 24 novembre 2017, une enquête préliminaire visant Epson. « C’est la DGCCRF (2), la police des consommateurs, qui mène l’enquête, avec des moyens bien entendu plus importants que les nôtres », souligne Laetitia Vasseur, déléguée générale et unique salariée de Hop.

Compiler les témoignages

Quelles que soient les suites judiciaires qui seront données, l’ouverture de cette enquête a permis à l’association de faire connaître plus largement son combat, notamment sur les réseaux sociaux. La page Facebook de Hop, par exemple, est aujourd’hui suivie par 12 500 personnes. 
Là où auparavant les individus se trouvaient démunis face aux géants de l’industrie, Hop a ainsi créé une communauté en mesure de faire entendre sa voix : « Qui va aller, seul, devant les juges, avec son imprimante à la main, pour poursuivre Epson ? », illustre Lætitia Vasseur. Et quelle est la valeur de centaines de témoignages individuels pris séparément ? En les regroupant, Hop leur donne une visibilité. 
Elle propose ainsi aux victimes d’obsolescence programmée de décrire le problème rencontré avec leur imprimante ou avec leur téléphone portable, en remplissant un formulaire sur internet. « Nous porterons ces témoignages à la connaissance de la DGCCRF, cela leur donnera une idée de l’ampleur du problème. » 
Pour l’heure, l’association a recueilli une centaine de témoignages concernant les cas d’obsolescence d’imprimantes, « alors que nous ne proposons de remplir le formulaire que depuis peu », se réjouit la militante, qui invite toute personne concernée à faire part de ses problèmes (3). 
On n’est jamais trop nombreux quand on s’attaque aux géants de l’impression, et encore moins face à Apple (4): le 27 décembre 2017, Hop a déposé une nouvelle plainte, cette fois-ci contre la firme américaine. Cette plainte fait suite aux déclarations de l’entreprise, quelques jours auparavant, reconnaissant qu’elle ralentissait ses anciens modèles de téléphone, invoquant son souci de « préserver les batteries » des appareils en question."Il est facile de prouver que ces ralentissements coïncident avec la mise sur le marché de nouveaux modèles",explique Laetitia Vasseur.
Une enquête préliminaire a été ouverte début janvier contre la firme à la pomme, enquête également confiée à la DGCCRF. Pour l’heure, Hop a recueilli plus de 7 000 témoignages de victimes d’Apple.

D'après L'âge de Faire, Fabien Ginisty, février 2018
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1 – « Prêt à jeter », de Cosima Dannoritzer, 2010, 74mn https://archive.org/details/PretAJeterLobsolescenceProgrammee
2 – Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.
3 – Les liens vers les différents formulaires pour témoigner d’un problème rencontré avec une imprimante ou un appareil Apple sont a retrouver sur le site de Hop : https://www.halteobsolescence.org/
4 – La firme Apple est la première capitalisation boursière au monde, avec plus de 900 milliards de dollars.

vendredi 22 juin 2018

Conseil municipal de juin: Hé, Monsieur le Maire, nous sommes là !

Pour un contrat d’emprunt concernant la rénovation de la salle des fêtes d’un montant de  400 000 euros, les élus d’Union Pour l’Avenir et un élu de Saint-Laurent-de-Vaux se sont abstenus de voter
Les raisons de cette abstention sont à retrouver dans un précédent article de blog :

Mais, poussé par la certitude que cette délibération allait être l’objet d’un accord unanime (!), le maire n’a pas vu les abstentions !
Il a fallu nos protestations, « Hé, Monsieur le Maire, nous sommes là ! » et les remarques d’une adjointe pour qu’il prenne conscience que certains s’abstenaient de voter et en tienne compte. Révélateur ?

Le Conseil municipal de juin est traditionnellement voué au vote des subventions aux associations.
Certaines subventions sont attribuées en application de conventions formelles : Association des familles pour la crèche, MJC pour l’emploi de directeur, Théâtre le Griffon, USOL pour un emploi administratif et les activités extra-scolaires.
D’autres sont attribuées sur dossier pour des projets d’actions argumentés mais récurrents : le Comité des fêtes, la batterie-fanfare, l’association musicale, l’association Temps et Partage (ex-Club Vermeil), l’association des familles, les donneurs de sang, Vivre sans alcool...
D’autres enfin sont attribuées sur des projets ponctuels : Jeunes Agriculteurs pour un concours de labours, SECOL pour un festival de films, Théâtre du Jardin pour un projet ciné-marionnettes, USOL danse pour son gala, Twirling Bâton pour participation à des compétitions…
Le montant total avoisine 190 000 euros.


Deux remarques :
v  Nous regrettons que les multiples demandes parvenant en mairie en cours d’année, émanant d’organismes nationaux ou locaux ne soient pas toutes transmises aux conseillers municipaux et débattues à huis clos en commission. Nous n’entendons jamais parler de ces demandes et nous prononçons uniquement sur celles que le maire transmet aux conseillers. Pourquoi n’a-t-on pas à se prononcer sur une aide à la Ligue contre le cancer, au Secours populaire, à telle ou telle maison familiale ou centre d’apprentissage par exemple ?  
v  Espérons que les dossiers étaient complets et que la Chambre régionale des comptes ne fera pas à la commune les mêmes remarques qu’en 2017 sur la légèreté du traitement de certains dossiers !

Chemin des Demoiselles : ce superbe chemin piéton, qui relie la rue du Pantin à la rue du Recret va être traversé par une voirie principale prévue dans l’aménagement de la zone AUC de la Maletière
La société European Homes Center prévoit en effet une opération immobilière d’ensemble de cette zone, conforme au PLU, de 49 logements. Elle a besoin d’inclure dans sa demande de permis de construire la portion du chemin des Demoiselles située dans l’opération. Sur le fond, la demande est justifiée et nous avons voté cette délibération. Sur la forme, une convention précise devra encadrer la liberté d’action de European Homes Center pour respecter le caractère piétonnier du chemin.  



Temps et Partage : le Club Vermeil change de nom, devient Temps et Partage, et emménage dans ses nouveaux locaux au 16 Boulevard des Lavandières, d’une superficie de 116 m² avec une grande salle de réunion.  Ces locaux communaux lui sont mis à disposition par convention pour une durée de 3 ans. D’autres activités que celles organisées par Temps et Partage pourront éventuellement s’y tenir.
La Chorale de Temps et Partage en visite à la crèche
Notons qu’au 16 boulevard des Lavandières, la commune a également aménagé un logement locatif social dont les travaux nécessitent un emprunt d’équilibre de 60 000 euros. Accord unanime du Conseil municipal pour cet emprunt.

Gaz et usine à gaz : deux redevances distinctes pour "occupation du domaine public par les entreprises réalisant des travaux sur le réseau de distribution de gaz" ont été instituées : l’une pour les occupations permanentes, l’autre pour les occupations provisoires. Délibérations annuelles, conventions, calcul des longueurs de canalisation, règles de taux plafonds et de révisions des prix devraient aboutir à un versement annuel à la commune de... moins de 800 euros…

Place aux VTTistes !  Vaugneray se trouve officiellement sur le tracé de la Grande Traversée du Rhône à VTT et du Grand Tour des Monts du Lyonnais à VTT. Cette inscription nous engage à entretenir et maintenir ouverts au public VTT les chemins concernés. Accord à l’unanimité !



Et pour terminer, bienvenue à Sabrina Mezni, nouvelle DGS (Directrice Générale des Services) qui prendra ses fonctions le 1er juillet. Nous lui souhaitons un bon accueil dans notre mairie et notre belle commune.

Prochaine réunion du Conseil municipal le lundi 16 juillet.

Bel été à tous !






vendredi 15 juin 2018

Quel regard portons-nous sur les vieux ?

Quel regard portons-nous sur les vieux ?
Sont-ils, à nos yeux, notre mémoire vivante ? Des personnes riches « d’être», de savoir et d’expérience ? 
Ou bien sont-ils infréquentables et rebutants parce qu’ils nous renvoient à notre propre finitude ?
Selon Gérard-François Dumont, démographe-géographe et économiste (1), notre regard a changé depuis une soixantaine d’années : « Lorsque dans notre société, il y avait peu de personnes âgées, celles-ci étaient considérées comme des personnes sages, reconnues et respectées », ce qui est beaucoup moins le cas aujourd’hui, à l’heure où « notre société investit très fortement les enfants et plus largement la jeunesse ». Cette question du respect des personnes âgées, et de la prise en compte de leurs droits fondamentaux, est au cœur d’un rapport du Comité consultatif national d’éthique (CCNE). Pour cette autorité, « le soubassement éthique d’une politique d’accompagnement du vieillissement n’a pas été suffisamment investi » dans le cadre des lois. Voir Les enjeux éthiques du vieillissement 15 février 2018

Quand nous nous mobilisons pour des citoyennes et citoyens fragilisés, exclus de la société, pensons-nous aux vieux ? La réponse est négative, car nous ne les voyons plus, puisque nous les avons concentrés dans des établissements d’hébergement (Ehpad).
Pour beaucoup, ces institutions sont des lieux de solitude et de souffrance, malgré l’engagement des professionnels trop souvent débordés. « Trois quarts des personnes résidentes interrogées auraient souhaité ne pas vivre la fin de leur existence en Ehpad » (2), selon une étude citée dans le rapport du Comité d’éthique, qui ajoute que « 9 résidents sur 10 souffrent d’affections neuropsychiatriques, souvent réactionnelles à leurs conditions de vie ». 40% des résidents présentent un syndrome dépressif et 11% ont des idées de suicide, selon le psychiatre Pierre Vandel, auditionné par le comité.

Nos sociétés « ont confiné des personnes en raison de leur âge et de ses contingences, dans des « lieux de vie » souvent violents et parfois même maltraitants. Cette tendance à l’institutionnalisation et à la sur-médicalisation a exclu ces questions du champ de la responsabilité sociale et individuelle », poursuit le rapport.

Il est donc impératif de changer notre regard sur la vieillesse, et de promouvoir une solidarité qui ne doit pas être que familiale, pour faire face « au défi démographique du vieillissement ».

Quelques pistes:
- Le Comité d’éthique propose la dé-ghettoïsation : à l’image des quotas de logements sociaux, les nouveaux immeubles intégreraient un ou deux étages pour un Ehpad. 
- Pour permettre le maintien à domicile, il propose aussi de « penser un plan pour le répit et le soutien aux aidants », ces proches qui aident le parent âgé. Des lieux intermédiaires seraient créés en milieu ordinaire et non hospitalier : des maisons et séjours de répit, ainsi que le baluchonnage", qui permet à un professionnel de suppléer le proche aidant à son domicile, pendant plusieurs jours.
- Le rapport recommande également la création d’un 5ème risque de la sécurité sociale (au côté de la maladie, des accidents du travail, du handicap et de la vieillesse), qui ne porterait pas seulement sur les cotisations des salariés, mais serait aussi calculé selon la richesse des personnes imposées. Ce cinquième risque contribuerait notamment au financement du maintien à domicile, aujourd’hui supporté difficilement par les collectivités territoriales. Il permettrait de s’engager résolument vers de « nouvelles formes de solidarités et de fraternité » envers nos vieux...

D'après Nicole Gellot L'Age de faire 5 juin 2018


1 – Auditionné par le Comité consultatif national d’éthique.
2 – Drees (Études et résultats 2014).

vendredi 8 juin 2018

21ème siècle: La griffe du matou!

D'après JN Cuenod 04.04.18 Blog Médiapart: "Un plouc chez les bobos"

Une réflexion intéressante sur l'intérêt que nous portons aux animaux en fonction du contexte économique et sociologique du moment...


La patte du chien a marqué de son empreinte le XXe siècle. 
«Rintintin» et «Belle» furent les grandes vedettes du petit écran. Impensable de penser à Tintin sans aussitôt songer à «Milou». Les deux guerres mondiales avaient apporté leur lot de héros à quatre pattes, tel Stubby, médaillé à treize reprises et élevé au grade de sergent par l’armée américaine, lors du premier conflit planétaire.
Le chien devint le totem de ce 20ème siècle dédié à l’effort collectif : glorification des masses dans les propagandes politiques, engagement de gros bataillons de prolétaires par le capitalisme industriel, dévouement au service de la cause ou de la patrie, effacement de l’individu au profit du groupe. 

Le brave clebs élevé au rang de symbole condensait toutes les vertus inhérentes à ce contexte. D’autant plus que, contrairement à l’homme, son dévouement était dépourvu de toute arrière-pensée. Il n’en attendait ni argent, ni gloire, ni espoir de voir son nom gravé dans les mémoires. C’était moins sa pitance quotidienne qui l’animait que le pur amour pour son maître. Un amour nu, sans filtre, sans frein.

A l’orée du XXIe siècle, le capitalisme financier a pris le relai de l’industriel. Changement complet de paradigme. 
Les bataillons prolétaires sont parcellisés, réduits jusqu’au niveau de l’individu. Celui-ci n’est plus attaché à sa profession. Il en changera mille fois au cours de sa vie professionnelle. Il est devenu l’individu consommateur. 
Consommateur de biens multipliés par les nouvelles technologies. 
Consommateur de travail (pour ceux qui n’en sont pas exclus) dans le sens où seul compte le plan de carrière personnel et non le destin d’une entreprise. Le micro-entrepreneur est l’exemple-type de cette nouvelle organisation du travail dominée par de vastes ensembles hors-sol mondialisés qui, aux salariés, préfèrent ces fournisseurs de service non-syndiqués, peu ou mal protégés par les lois.

Symbole de ce bouleversement, le chat a détrôné le chien de son rôle de totem. 
Le XXIe siècle porte désormais la griffe du matou, fascinant animal qui retombe toujours sur ses pattes, se sort des situations les plus complexes, n’attend rien du groupe et tout de lui-même. Le chien se faisait un devoir d’aimer son maître. Le chat s’en fait un plaisir.
D’ailleurs, le mot «maître» lui est étranger. L’humain du XXIe siècle n’a plus de patron clairement identifié. Le matou n’a donc pas de maître, mais une compagne ou un compagnon.

Le chat dispose d’une dimension supplémentaire par rapport au chien : le mystère. Sa prédisposition à se métamorphoser – rappelez-vous cet énorme greffier qui devient limande pour passer sous une barrière à ras du sol –, son aspect physique à la fois fluide et robuste, ses yeux envoûtants en font un être à part, entre terre et ciel. 
Dans «Les Fleurs du Mal», Baudelaire évoque ce charme particulier:


"Viens, mon beau chat, sur mon cœur amoureux
Retiens les griffes de ta patte
Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux
Mêlés de métal et d’agate. "

Il émane du chat des ondes puissantes, bienfaisantes et son ronronnement apaise les hypertendus. Le chat est donc une peluche, un clown, un thérapeute, un vecteur de poésie. Et même plus. C’est le Grand Consolateur d’un monde tellement centré sur l’individu qu’il en a perdu son humanité.

Ce Dieu qu’ignore la société sécularisée du XXIe siècle, le voilà qui revient sous la fourrure féline!