samedi 26 janvier 2019

Conseil municipal du 21 janvier: "Vous avez entendu parler du grand débat national? "

C'était à la fin du Conseil municipal de janvier:

Le maire a lancé : "Vous avez entendu parler du grand débat national?" pour annoncer que notre grand débat valnégrien aurait lieu le jeudi 21 février à 20H30 à la salle des fêtes, en présence du député LREM Thomas Gassiloud ("qui se contentera d'être présent et n'animera pas..." a précisé le maire) 
Plus important, le maire a confirmé que n'importe qui peut organiser un débat, et que dans ce but, la commune mettra à disposition gratuitement une salle municipale jusqu'à 23 h à qui en fera la demande, à condition que l'inscription du débat ait été faite sur le site national granddebat.fr/
Nous avons appris à cette occasion que le cahier de doléances ouvert depuis début décembre en mairie a recueilli à ce jour ...17 propositions. 
A propos, Vaugneray compte officiellement 5900 habitants en janvier 2018!

Puisque l'on parle de consultations, où en sommes-nous dans le dossier de l'extinction de l'éclairage public? Au sondage lancé par la commune, 170 personnes ont répondu (dont bien entendu 31 conseillers municipaux...), sur une population de 5900 habitants répétons-le. 

Seules 11% des réponses sont contre l'extinction totale ou partielle, 28% pour une extinction totale, et 66% pour une extinction partielle ou modulée ( de 0 à 5h, de 23h à 6h, de 1h à 5h, avec ou sans éclairage des grands axes, des passages piétons, des parkings, du centre bourg...).
La réunion publique qui a eu lieu le 14 janvier pour analyser ces réponses a réuni 36 personnes... sur une population de 5900 habitants répétons-le. 
Une deuxième réunion aura lieu prochainement pour se prononcer sur les scénarios possibles - enfin, pas si prochainement quand même! le maire a parlé de plusieurs semaines - ...
Une troisième réunion - plus tard - devrait avoir lieu lorsqu'on connaîtra les besoins de remplacement du matériel. Faut-il prévoir encore une autre réunion -encore plus tard- lorsqu'on connaîtra les possibilités de remplacement du matériel cette fois-ci, et encore une autre réunion -toujours plus tard- lorsqu'il faudra enfin faire le choix du matériel de remplacement? D'ici là, nous serons trop proches des municipales de 2020, et le maire jugera sans doute que le moment est mal choisi pour un tel bouleversement des habitudes...

Si le maire de Vaugneray avait été aussi respectueux de recueillir l'avis de sa population en 2013 lorsqu'il s'est agit d'adhérer ou non au SYTRAL,  et aussi soucieux de ne pas aller contre l'avis de ladite population, nous aurions encore le C24 et nous serions parking relais TCL!!! 
Tirez-en vos propres conclusions...

Et puisque l'on parle services publics, qu'en est-il de La Poste de Vaugneray en ce moment? 
Planifiez bien vos visites, les créneaux d'ouverture sont étroits et les files d'attente à l'ouverture sont impressionnantes. La Poste est fermée le lundi toute la journée et tous les matins (sauf le samedi), elle n'est plus ouverte que quatre après-midi par semaine (mardi, mercredi, jeudi et vendredi) de 14H45 à 17H avec forte menace sur l'ouverture du samedi matin. 
S'achemine-t-on vers une fermeture progressive avec report éventuel sur une antenne en mairie? Une rencontre du maire avec les responsables locaux de la Poste est prévue. 


Souvenez-vous de ce problème lors des débats du grand débat national! Les services publics meurent lorsque la population ne réagit pas.

C'était au début du Conseil municipal de janvier:

Photo Thomas Brugnot Le Progrès
Ils s'appellent Emilien, Audrey et Mathieu. Ils ont 21 ans, 17 ans et 13 ans. Ils habitent dans des quartiers différents de la commune. Ces trois jeunes Valnégriens sont venus présenter un projet issu des P'tits Dej'Jeunesse: implanter sur la commune un espace multi-sports qui serait en même temps un lieu de rencontre informel, en accès libre, sans besoin d'adhérer à un club, un espace éco-responsable, avec des règles d'utilisation acceptées par tous. 
Ils ont pensé au terrain qui jouxte le Skate Park chemin du Stade. Hélas, ce terrain sera utilisé pour la future salle de spectacles construite par la CCVL! Le problème principal est donc de trouver un lieu pour installer cet équipement...
Au-delà de cette question d'implantation, peut-on voir là, dans la démarche de ces trois jeunes Valnégriens, issue des rencontres des Ptits Deja'Jeunesse, les prémisses d'un futur Conseil municipal de jeunes, dont nous souhaitons la création depuis si longtemps? Quoiqu'il en soit, bravo à eux!

Entre le début et la fin, les délibérations! 
Les plus importantes ont porté sur:

- des garanties d'emprunt accordées par la commune aux Émeraudes, pour permettre la réhabilitation et l'extension de notre EHPAD.
Les Émeraudes prévoient des travaux pour 6 416 456€, financés par l'emprunt à hauteur de 5 166 000€, le reste du financement provenant de subventions de Caisses de retraites et du département du Rhône. Seuls 213 756€ sont assurés par des fonds propres de l'établissement.
15 logements adaptés seront créés, dont 5 logements sociaux qui augmenteront le contingent communal de logements sociaux.
Les emprunts sont souscrits auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations pour 2 413 000€, aux taux de 1.35 et 1.85%  sur 30 ans, et auprès de la Caisse d'Epargne pour 2 753 000€ au taux de 2.20% sur 20 ans.

La commune garantit 40% des annuités et le département du Rhône 60%. A noter que, dans le cadre de sa compétence en matière d'aide aux personnes âgées, le département garantissait ce type d'opération à 85% en 2018 au lieu de 60% maintenant. Mais, soit pour des contraintes budgétaires, soit "pour mieux impliquer les acteurs locaux" (!), la garantie d'emprunts du département est passée à 60% pour 2019...
Pour la commune le risque potentiel est élevé, mais le risque réel est très faible, les emprunts étant pris en compte dans le calcul du prix de journée, et l'Agence Régionale de Santé surveillant de près la gestion de l'établissement.
Le vote du Conseil municipal a donc été "pour" à l'unanimité.

- une ouverture de crédits pour permettre l'achat d'un 4X4 Nissan 2 portes neuf pour les services techniques. Le budget n'étant pas encore voté -il le sera en mars-, une délibération spécifique est  nécessaire, pour un montant maximum de 25 128€. A noter que ce genre de véhicule existe en hybride, mais c'est trop cher pour la commune, dit le maire. Ce sera donc un Diesel! Comme ce véhicule ne fera pas plus de 5000 km par an, ça ne devrait pas être trop grave pour l'environnement... aux dires du maire.


- une convention de servitude avec Enedis pour le raccordement souterrain électrique de la future nouvelle cantine et cuisine du collège Saint-Sébastien. Etant donné l'impact que les travaux auront sur les parkings et la circulation, on espère qu'ils auront lieu en période de vacances scolaires... 

- un accord de principe pour l'achat d'un bâtiment 14 rue du Rozard, au prix de 230 000€ (avant estimation des Domaines). Il s'agit d'une maison de village avec des travaux importants à faire. L'emprise au sol est de 90m² par niveau (sur 2 niveaux) sur un terrain de 390 m². Il serait possible d'y réaliser 3 ou peut-être 4 logements sociaux.



- la commission d'urbanisme et le maire ont décidé d'une préemption sur l'ex-propriété Guilloteau à la Maletière, d'une surface de 2 816 m² avec une maison d'habitation de 247 m² sur deux niveaux, pour 670 000€. L'objet de la préemption est la réalisation de logements sociaux.


Prochain Conseil municipal le 18 février, 
avec le débat d'orientation budgétaire pour 2019!

samedi 19 janvier 2019

Faut pas pousser Mémé dans la téléassistance!

Censé permettre d’appeler à l’aide en cas de chute, le médaillon autour du cou des vieux est joli, rassurant… et parfaitement inutile. Patatras.

D'après "Les jours" 30 novembre 2018 - Nicolas Cori

Quand on perd l’équilibre, on tombe. Ça arrive souvent aux enfants qui apprennent à marcher, mais ce n’est pas grave : à cet âge-là, on pleure, on demande un bisou à papa ou à maman, et on repart. À 12 mois, on n’a pas encore de bons réflexes, mais un corps élastique qui permet d’encaisser les bobos. 
Quelques bonnes dizaines d’années plus tard, ce n’est plus le cas. Les vieux choient souvent et se font très mal. Il y a la fameuse fracture du col du fémur, mais aussi des statistiques importantes de mortalité. Les chutes sont la première cause de décès accidentel chez les plus de 65 ans. Du coup, les personnes âgées – et leurs enfants – ont peur de voir survenir un tel événement, souvent synonyme de déclin physique et psychologique et, à terme, d’entrée dans un Ehpad.
La crainte est d’autant plus importante que de nombreux vieux vivent seuls à leur domicile et ne peuvent donc compter sur personne. Pour les rassurer, eux et les aidants, un marché s’est développé : celui de la téléassistance. Mais pour une utilité si faible que l’on peut vraiment parler d’arnaque. Démonstration.

Le principe de la téléassistance ou de la téléalarme est a priori simple. La personne âgée porte sur elle un objet relié à une borne installée à son domicile, et avec une portée limitée à quelques mètres. Dans le scénario théorique présenté par tous les téléopérateurs, elle trébuche ou fait un malaise chez elle, perd l’équilibre, tombe et ne peut se relever seule. Elle appuie alors sur un bouton qui lui permet de prendre contact avec un téléopérateur. Si la situation n’est pas grave, ce dernier prévient un voisin ou la famille ; s’il faut une intervention médicale, il appelle les secours. 
Dans la vie de tous les jours, l’objet est censé être discret pour pouvoir être porté en permanence. Tenant dans la main et très léger (30 grammes maximum), il est conçu pour prendre la forme d’un objet du quotidien. Exemple, l’entreprise Assystel commercialise ainsi le bijou « Framboise », un gros pendentif de couleur rouge – également disponible en rose « pour les femmes coquettes ». Framboise peut aussi être porté sous forme de bracelet ou à la ceinture, ce qui est « parfait pour les hommes », dit la publicité (dans ce cas, le bijou est bleu, car c’est bien connu, les hommes portent du bleu, pas du rose).

Framboise, d'Assystel, le bijou de téléassistance
Le service est facturé de 20 à 30 euros par mois et, de l’avis de 60 millions de consommateurs qui a testé huit marques en 2015, vous en aurez pour votre argent si vous vous abonnez. 
C’est-à-dire que, si vous appuyez sur le bouton d’appel, il y a bien quelqu’un à l’autre bout du fil 24 heures sur 24, même s’il faut attendre quelques minutes. « La plateforme Vitaris a été extrêmement rapide à décrocher lors de nos appels, écrit le mensuel. L’accueil a été apprécié par nos testeurs. » Conclusion : « Les services de téléassistance offrent une sécurité précieuse pour les personnes âgées vivant seules à domicile. (…) Ce service, essentiel pour faciliter le maintien à domicile des personnes âgées et/ou handicapées, est appelé à se développer. »

Les pouvoirs publics poussent depuis très longtemps ce marché. Dès la fin des années 1970, quand de nombreux Français n’avaient pas de téléphone fixe, on parlait de créer un « service public de téléalarme » à destination des personnes âgées. 
Puis, dans les années 1980, avec la décentralisation, ce sont les départements qui ont lancé des numéros spéciaux avec, à l’autre bout du fil, des centres d’appels spécialisés. Des acteurs mutualistes et des associations ont d’abord occupé le terrain, avant de voir arriver des sociétés privées. 
Les services ont évolué : les gros boîtiers de téléalarme lourds à porter ont été remplacés par des médaillons plus discrets. Le soutien des pouvoirs publics, lui, est resté constant. Depuis la loi Borloo de 2005 sur les services à la personne, souscrire à un contrat de téléassistance donne même droit à des crédits d’impôt et la dépense peut être prise en charge pour les plus pauvres dans le cadre de l’allocation personnalisée d’autonomie, l’APA.

Les soldes aussi en téléalarme!
Résultat, plus de 550 000 personnes disposent aujourd’hui d’un tel dispositif, selon l’Association française de téléassistance (Afrata), le lobby de la profession. 
Le marché est éclaté entre de nombreux acteurs : groupes privés spécialisés (Assystel, Vitaris), acteurs financiers qui s’adressent à leur clientèle vieillissante (Crédit mutuel Arkéa, Axa ou Groupama) et associations (Présence verte). À côté des dispositifs nationaux, les départements proposent aussi des contrats à des tarifs souvent avantageux (le service étant ensuite assuré par des opérateurs privés).

Oui, mais tout cela sert-il vraiment à quelque chose ? Les vieux ont-ils vraiment besoin d’un service différent du reste de la population pour appeler leurs proches ou les urgences ? 
Quand l’idée de la téléassistance a été émise, dans les années 1970 et 1980, alors qu’une partie de la population n’avait pas de téléphone ou ne disposait que d’un appareil fixe à cadran, on pouvait comprendre la nécessité d’un dispositif simple et portatif. Mais à l’heure du portable généralisé, pourquoi payer un tel service ? Les opérateurs de téléassistance sont d’ailleurs très discrets sur l’efficacité de leurs produits par rapport à un appel au 15 ou au 18. Exemple, sur sa plaquette commerciale, Assystel communique sur les « 5 000 chutes » qu’elle « traite » par an (pour 30 000 clients), mais sans détailler l’utilité de ses services...

Dans leurs messages commerciaux, les entreprises préfèrent mettre en avant la « sécurisation » de la personne âgée, la « tranquillité d’esprit » que cela assure à son entourage et le coût du service, beaucoup moins élevé qu’un placement en maison de retraite. Mais, si on creuse un peu, on se rend compte que les numéros d’appel ne servent pas qu’à faire face aux situations d’urgence. Au contraire, même. 
Les professionnels reconnaissent ainsi que, dans la plupart des cas, les clients qui appuient sur le bouton n’ont pas chuté et n’ont pas de problème physique. «75 % à 85 % des appels sont des appels de confort ou de soutien psychologique qui permettent de rompre l’isolement, de calmer une angoisse ou un coup de déprime. Il faut savoir lire entre les lignes, car souvent l’abonné nous dit qu’il n’a pas appelé et qu’il s’agit d’une erreur. (…) Ces personnes ont besoin de parler et ne veulent pas déranger leur famille », expliquait ainsi Philippe Godiard, directeur général de HomVeil-Téléassistance, au mensuel Le Particulier pratique.


Mieux vaut effectivement que les vieux appellent des téléopérateurs plutôt que d’encombrer les urgences (ce qu’ils font aussi, mais tout comme d’autres personnes, plus jeunes). Seulement, facturer 30 euros par mois pour bénéficier d’un service comme SOS Amitié (gratuit, on le rappelle) n’est pas un argument marketing qui fait mouche, surtout auprès des familles, souvent à l’origine de l’achat du produit. Alors, on fait peur. 
Mais pas n’importe comment. On ne parle pas des chutes traumatiques qui se traduisent par des pertes de connaissance. À quoi servirait un pendentif sur lequel il faut appuyer dans ce cas ? Non, on développe à foison les risques à rester longtemps couché par terre après une chute qui, en elle-même, n’est pas grave. 
L’assureur Axa (qui vend le produit Tranquileo à destination des vieux) décrit ainsi les « conséquences physiques et psychologiques importantes », en particulier après 80 ans, d’une situation prolongée au sol : la « phlébite » qui peut « se compliquer en embolie pulmonaire », la « mauvaise oxygénation de la peau » qui va provoquer des escarres, l’« écrasement des muscles » qui « peut entraîner la mort des fibres musculaires » (ça s’appelle la rhabdomyolyse), la déshydratation, l’hypothermie… Une étude est souvent citée par les promoteurs de la téléassistance : les individus ayant passé plus d’une heure au sol après une chute ont un risque de mortalité multiplié par deux à six mois, même en l’absence de traumatisme. Conclusion : chaque minute compte, alors, comme le proclame Assystel dans ses publicités pour Framboise, dépêchez-vous de vous équiper avec « le bijou qui sauve des vies » !

Là, on peut être partagés. Si Framboise sauve des vies, peu importe son coût, allez-vous dire. Et tant pis si les vieux l’utilisent comme remède à la solitude. Il suffit d’une fois pour que le bijou soit vraiment utile… Autant d’arguments qui semblent a priori raisonnables, mais s’écroulent quand on regarde comment les personnes âgées se servent vraiment de la téléassistance après être tombées : dans bien des cas, les personnes âgées n’appuient pas sur le bouton d’appel. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elles ne le portent pas à ce moment-là : Elles ont oublié de le mettre, ou sont en fait opposées au pendentif acheté par leur fils ou leur fille parce qu’elles le trouvent stigmatisant… Il peut aussi arriver que les vieux portent leur médaillon mais ne le peuvent pas le déclencher car ils se retrouvent coincés dans une position qui ne leur permet pas d’appuyer dessus. Ou bien ils sont trop désorientées et n’y pensent pas, etc.

En 2008, une étude a été menée par une épidémiologiste et une infirmière de recherche clinique, publiée dans le British Medical Journal, sur le comportement de personnes de plus de 90 ans ayant chuté et n’arrivant pas à se relever seules. 
Elle établissait que, parmi les possesseurs de système de téléalarme, 80 % n’avaient pas appuyé sur le bouton déclencheur. Raisons avancées par les personnes elles-mêmes : « J’ai essayé d’appeler, mais le médaillon ne marchait pas car il était déchargé », « Je l’avais enlevé avant d’aller au lit et placé sur la table de nuit où je n’ai pas pu l’atteindre », « J’ai un médaillon mais je n’ai pas l’habitude de le porter. Je l’accroche ici, au dos de cette chaise », « Je ne voulais pas appuyer sur l’alarme, même si je portais le bouton déclencheur, par peur d’être emmenée à l’hôpital »… 
Conclusion des deux auteures : « Du travail d’information est nécessaire pour que les systèmes de télé alarme soient effectivement utilisés. Les services prestataires doivent mieux comprendre les attentes des personnes âgées afin de leur fournir de meilleurs services. » 

Dix ans plus tard, cela ne semble toujours pas être le cas. Une nouvelle étude, menée en 2017 en France par des médecins, constatait que « les sujets qui avaient acheté un système de téléalarme ne présentaient pas de différences significatives en termes de temps passé au sol ou de conséquences médicales avec ceux n’en ayant pas acheté ».

Vu comme ça, effectivement, la téléassistance ressemble bel et bien à une arnaque. 
Et il semble étonnant que tous les acteurs officiels (pouvoirs publics, associations de personnes âgées, journaux de défense des consommateurs…) en fassent la publicité sans voir que la protection qu’elle offre est bien souvent illusoire.
 
Proposons une hypothèse : ces abonnements sont le signe qu’on se sent coupables de laisser « nos » vieux seuls chez eux, et on ne va pas chercher plus loin l’efficacité de ces dispositifs. Une mauvaise conscience qui nous coûte à tous, puisque ces appareils sont en partie financés par nos impôts.

Mais cela ne veut pas dire que la téléassistance est vouée ad vitam æternam à l’inefficacité. Dans la conclusion de l’étude réalisée par les médecins français citée ci-dessus, il y a une recommandation qui mérite d’être examinée avec attention : « Les personnes n’ayant pas déclenché leur bouton d’alerte devraient bénéficier de la nouvelle génération de produits ne nécessitant pas d’être contrôlés par ces derniers », est-il écrit. De quoi parle-t-on ? De systèmes qui se déclenchent tout seuls, grâce à des capteurs détectant un comportement physique anormal ou inhabituel chez la personne âgée. Par exemple, le bracelet antichute, souvent proposé comme un outil complémentaire par les sociétés de téléassistance (et donc facturé 5 à 10 euros plus cher). Ce qui prouve, au passage, que les entreprises sont bien conscientes des limites de leur offre traditionnelle (mais ne le disent pas très fort).

Pour l’instant, aucune étude scientifique indépendante n’existe sur ces nouveaux produits, qui semblent d’ailleurs peu connus du grand public. Difficile donc de juger de leur efficacité réelle. Mais l’offre de solutions technologiques se développe : SeniorAdom ou Telegrafik proposent ainsi d’installer dans les foyers des bornes afin d’analyser, grâce à des algorithmes, le mouvement des personnes y résidant et de donner automatiquement l’alerte en cas de chute. Pour le coup, on est là devant des solutions franchement intrusives. 


Et même si, sur le papier, cela semble plus efficace que les simples pendentifs, on peut se demander si l’espionnage généralisé des moindres faits et gestes des vieux est bien éthique!

samedi 12 janvier 2019

Le lundi, on remplace le bœuf par un œuf!

Avez-vous entendu parler de l’opération « lundi sans viande »? L’initiative a été lancée par des personnalités et des ONG, et elle séduit de prime abord. 
Mais les éleveurs y voient une nouvelle stigmatisation de leur activité, alors que certaines pratiques agricoles ont des effets positifs sur l’environnement. 
On essaie de faire le point, le problème est complexe...

Le problème est complexe.
A vos réponses dans les commentaires!
d'après reporterre.net .07.01.2019 Lorène Lavocat

Le lundi, on remplace le bœuf par un œuf!
Le lundi 7 janvier, un groupe de chercheurs du CNRS et de l'INRA a lancé l’opération Lundi vert. Le principe est simple : tous les lundis, les participants, inscrits le site lundi vert seront invités à remplacer la viande et le poisson. Autrement dit, à s’essayer au végétarisme. 
Tout au long de l’année, ils devront indiquer chaque semaine s’ils poursuivent leur engagement, et recevront un accompagnement individualisé. 
Les scientifiques espèrent ainsi pouvoir étudier à grande échelle — ils visent 500.000 inscrits — notre capacité au changement alimentaire.

« Il s’agit à la fois de comprendre ce qui pousse les gens à modifier leur alimentation, leurs motivations et leurs blocages, mais aussi ce qui les fait tenir dans la durée. Nous allons ainsi envoyer des messages au fil des mois, pour encourager et motiver les participants. » Après "Stop Tabac", nous aurons ainsi "Stop la Viande le Lundi!"

L'initiative a été couplée, à grand renfort médiatique, à un appel à « diminuer collectivement notre consommation de chair animale », signé par 500 personnalités, principalement des scientifiques, mais également quelques têtes d’affiche, comme les actrices Isabelle Adjani, Juliette Binoche et Cécile de France, les animateurs Stéphane Bern et Frédéric Lopez, ou le photographe Yann Arthus-Bertrand.
Le but de cet appel relayé sur le site lundi vert: « La sauvegarde de la planète, la santé des personnes, le respect de la vie animale » 

« C’est une opération de communication et de sensibilisation, résume Greenpeace France, l’une des ONG signataires de l’appel. L’idée est de rappeler qu’un changement dans les comportements alimentaires est possible et indispensable. Et de combattre les nombreuses idées reçues sur le végétarisme à coup de pédagogie. »

D'après Greenpeace, le frein principal à la transition alimentaire provient d’une « méconnaissance de l’enjeu ». « La plupart des gens ne savent pas que lorsqu’ils consomment de manière excessive de la viande, ils participent indirectement à la déforestation », explique-t-on, en soulignant également un problème culturel: « Notre surconsommation de produits carnés est assez récente. Il y a une cinquantaine d’années, nous mangions un tiers de protéines animales et deux tiers de végétales. Depuis, le ratio s’est inversé, la viande est devenue un produit de consommation du quotidien, un signe d’abondance, de progrès ». Résultat, l’un des obstacles pour passer au végétarisme, c’est qu’on ne sait plus cuisiner sans viande…

Pour tenter d’inverser à nouveau la balance protéique, l’appel détaille donc, dans un texte élaboré par des associatifs et des scientifiques, trois « raisons impératives » de réduire notre consommation de viande : « La sauvegarde de la planète, la santé des personnes, le respect de la vie animale. »

Sauvegarde de la planète

Les auteurs de l'appel rappellent que « pour produire une seule calorie de viande il faut 4 à 11 calories végétales » et près de vingt fois plus d’eau, et que « 85 % des surfaces déboisées de la forêt d’Amérique du Sud ont été dédiées à l’élevage ». L’élevage contribuerait ainsi à 14,5 % des émissions totales des gaz à effets de serre. « Si on veut rester sous les 2 °C de réchauffement, il s’agit de réduire la consommation de protéines animales de 50% d’ici 2050 au niveau mondial. Mais en Europe, où nous sommes de gros consommateurs, il nous faudra manger cinq fois moins de viande qu’aujourd’hui." 


Déforestation illégale dans le Mato Grosso (Amazonie)
 pour faire place à l'élevage bovin - source Greenpeace
Cependant, toutes les agricultures ne se valent pas : les élevages traditionnels ont un effet moindre sur l’environnement et le climat que les élevages intensifs hors-sol. De plus les prairies peuvent être d’importants puits de carbone. Et les bêtes vont bien souvent se nourrir dans des endroits inaccessibles, où il serait impossible de cultiver des végétaux.

Effet sur la santé

Non seulement « la viande n’est absolument pas indispensable à l’équilibre alimentaire », pouvant être remplacée par des protéines végétales, mais elle serait facteur — à haute dose — de cancer, maladies cardiovasculaires, de diabète, d’obésité. « Les Français consommant près de 100 g de viande chaque jour augmentent de 30 % leur probabilité de développer un cancer en comparaison à ceux qui se limitent à 40 g en moyenne »,décrit ainsi le texte de l’appel.

Respect de la vie animale

« En France, 99 % des lapins, 95 % des cochons, 90 % des veaux et 82 % des poulets de chair sont élevés hors-sol de manière intensive, c’est-à-dire qu’ils sont confinés dans des cages ou des bâtiments fermés afin de les engraisser et les maintenir en vie jusqu’à leur abattage précoce », peut-on lire sur le site Lundi vert. 
Et dans le cas de la pêche au chalut, « d’immenses filets en forme d’entonnoir capturent tous les animaux qui s’y amassent, mêlés à divers débris. Déversés sur de la glace, ils y agonisent asphyxiés, écrasés par les autres poissons ou meurent par éclatement de leurs organes internes à cause de la décompression».

On est bien d'accord sur ces arguments, mais ils oublient une vérité de taille: «Jamais cet appel ne pointe du doigt la responsabilité des industriels et des distributeurs » 

Colère de la Confédération Paysanne:

« Cet appel est une preuve supplémentaire de l’insupportable stigmatisation vécue par les éleveurs et les éleveuses qui produisent chaque jour pour vivre de leur travail, écrit la Confédération Paysanne dans un communiqué. Jamais cet appel ne pointe du doigt la responsabilité des industriels et des distributeurs qui, dans leur course aux prix bas, empêchent la généralisation des pratiques d’élevage les plus vertueuses. Jamais cet appel ne souligne les bienfaits de l’élevage paysan pour l’environnement, le respect des animaux et le dynamisme des territoires. Jamais cet appel n’évoque que de nombreuses terres agricoles (estives, alpages, prairies permanentes) ne peuvent être valorisées que par l’élevage extensif. »

L
Au CNRS et à l'INRA, on se défend de « toute attaque » contre les éleveurs. «Même s’il ne l’indique pas clairement, l’appel promeut l’idée qu’on peut consommer moins de viande, mais de meilleure qualité en matières environnementale et de bien-être animal, argumente-t-on. Il y a plusieurs manières de consommer et de produire de la viande, et les modes industriels sont clairement ceux à réduire prioritairement. »

Nulle part sur le site lundi vert nous n'avons trouvé d'incitation en ce sens! Dommage, bien dommage!

Les chèvres, comme ici en Ardèche,
aident à maintenir ouverts des espaces non cultivables.
Quant à elle, l’Association végétarienne de France (AVF), se dit plus réservée sur les conséquences d’une telle démarche : « Un jour végétarien par semaine, ce n’est pas suffisant, estime-t-elle. C’est un pas dans la bonne direction, mais il s’agit de diviser par cinq voire par dix notre consommation collective de viande, donc cela passera par des politiques publiques. Il nous faut des objectifs nationaux de réduction de la consommation de viande, comme on en a pour les émissions de CO2. »
Mais c’est justement de ce côté-là que ça coince, car « les lobbys de la viande et du lait sont très puissants auprès des parlementaires et du gouvernement ».

Un repas végétarien par semaine dans les cantines, le lundi?

À l’occasion de la loi sur l’agriculture et l’alimentation, votée le 2 octobre 2018, les associations sont tout de même parvenues à faire adopter une expérimentation pendant deux ans d’un repas végétarien par semaine dans les cantines.
« C’est une grande victoire, estime l'AVF. Car les volumes concernés — toutes les cantines scolaires de France — sont énormes, et rien ne se fera sans un changement des mentalités qui passe par l’éducation des plus jeunes. » 
Autre levier à activer : la politique agricole commune (PAC), au niveau européen. « La prochaine PAC, qui est actuellement en négociation, doit subventionner davantage les élevages écologiques et la production de protéines végétales », soutient Greenpeace.

En attendant, un lundi de nourriture allégée après les agapes familiales du dimanche ne peut faire de mal à personne. On commence tout de suite? 
Mais attention, si vous remplacez la viande ou le poisson par des œufs, prenez des œufs bio, pondus par des poules ayant couru en liberté!

On attend vos commentaires pour la réponse!

samedi 5 janvier 2019

Résolutions de Nouvel An!

Janvier! C'est décidé, je change de vie! J'arrête de fumer, je fais du sport, je change de boulot, je change de ... (à compléter selon les besoins)... ou si tout simplement, je regardais autour de moi ?


 d'après Robert Solé, écrivain et journaliste

Larguer les amarres n’a plus le côté aventureux et improvisé des années 1970. 


Aujourd’hui, avant de quitter la haute finance pour élever des chèvres, on tâte le terrain, on étudie le monde caprin, en ménageant ses arrières. Changer, oui, mais avec une assurance tous risques. 

D’innombrables spécialistes vous conseillent, vous guident, vous accompagnent, dans des magazines, des livres ou des blogs. 



Le coach William Roy propose à ses clients de transformer leur existence en 60 jours
Plus rapide, Anna Austry publie chez Larousse 30 jours pour changer de vie. Les éditions Marabout font encore mieux avec le livre de Paul McKenna : Changer de vie en 7 jours
Cependant, l’offre la plus alléchante est un article de Cosmopolitan intitulé « Une minute suffit pour changer de vie ».


Soixante secondes ? C’est encore supportable pour les gens pressés que nous sommes devenus. 

Mais l’article dit exactement le contraire du titre ! Aux lectrices qui veulent changer, il est conseillé de prendre leur temps, d’avancer à petits pas
Une sédentaire en surpoids, désireuse de s’offrir un corps de sportive, est incitée à ne pas se précipiter dans un club de cardio-musculation, mais à monter un escalier par jour, puis deux, puis trois… 

Ne méprisons pas ces minuscules révolutions. 
C’est une manière de vivre pleinement chaque instant et de modifier le regard que l’on porte sur soi. 
Finalement, en parlant d’une minute, le titre de Cosmopolitan était peut-être trop timide. Ne suffit-il pas parfois d’une seconde – ou d’un simple sourire – pour qu’une vie bascule ?