Depuis le 29 avril, un pas de plus est fait dans cette voie...
(d'après Médiapart 09 MAI 2015 LOUISE FESSARD)
À la suite des attentats de Paris, le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve a promis fin janvier 2015 de mettre à disposition des communes 4 000 anciens revolvers de la police nationale, des Manurhin 357 Magnum, pour armer leurs agents, alors qu'ils n'avaient droit jusqu'alors qu'à des calibres inférieurs.
Pour régler cette difficulté juridique, un décret du 29 avril 2015 autorise les policiers municipaux à « porter un revolver chambré pour le calibre 357 Magnum ». Ce « à titre expérimental » durant cinq ans et uniquement avec des « munitions de calibre 38 spécial ». Mais il y a fort à parier qu'on ne reviendra pas en arrière...
Cela va permettre aux communes d’armer à moindres frais et surtout très rapidement 4 000 de leurs agents. Les préfets vont recevoir « de façon imminente » une circulaire d’application. Dommage pour la commune de Béziers et son maire d'extrême droite Robert Ménard qui a armé ses agents à ses frais en février dernier...
Le gouvernement a également annoncé verser deux millions d’euros au Fonds interministériel de prévention de la délinquance, pour subventionner l’achat de gilets pare-balles et de postes radio. Et promis un « meilleur accès des polices municipales aux fichiers de la police et de la gendarmerie nationale ».
Cette décision marque un glissement supplémentaire des missions des policiers municipaux, de la tranquillité publique vers la lutte contre la délinquance.
Après la suppression de plus de 12 000 postes de policiers et gendarmes depuis 2007, le gouvernement est de plus en plus tenté de se reposer sur les collectivités locales et le privé en matière de sécurité.
Plusieurs municipalités ont déjà « manifesté leur intérêt » pour les anciens revolvers de la police nationale. C’est le cas de la Ville de Marseille, dont le maire longtemps réticent, a début février demandé 400 armes pour l’ensemble de ses policiers municipaux
La formation au maniement des armes dispensée au sein du Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) est assurée par des moniteurs eux-mêmes formés par la police nationale ou la gendarmerie. Selon le site du CNFPT, cette formation comprend une partie juridique de 12 heures et 45 heures d’entraînement au stand de tir. À l’issue de ces stages, les communes devront encore obtenir l’autorisation nominative des préfets pour chaque fonctionnaire. La nature des missions et les circonstances locales pourront donc amener le préfet, dans certains cas motivés, à ne pas satisfaire la demande présentée.
Près de 8 000 des 20 000 policiers municipaux sont déjà dotés d’armes à feu. Leurs syndicats réclament depuis longtemps un armement généralisé et obligatoire.
Mais faut-il rappeler que police nationale et police municipale ont des statuts différents? Il ne doit pas y avoir de mimétisme entre les deux, qui ont des fonctions complémentaires et que le législateur a voulu différentes. Les policiers municipaux ont pour mission d'assurer la tranquillité publique, courent-ils les mêmes risques que la police nationale qui lutte contre la délinquance?
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