D'après Politis du 14 décembre 2017 - Erwan Manac'h
Petite réflexion de fin d'année. On s'en doutait, mais maintenant on en est sûrs! Cinq chercheurs, réunis autour de Thomas Piketty, ont compilé les données mondiales sur les inégalités et livrent un constat qui dément la théorie du «premier de cordée », chère à Emmanuel Macron: Les politiques néolibérales ont fait exploser les inégalités.
C'est un travail colossal, qui a mobilisé une centaine de chercheurs à travers le monde, et combiné les données disponibles dans 180 pays. Le «rapport sur les inégalités mondiales 2018 », coordonné par cinq chercheurs réunis autour de Thomas Piketty et publié le 14 décembretente d’apporter une «information plus rigoureuse et transparente sur les revenus et les patrimoines »..
Premier constat, les inégalités de revenus ont augmenté dans presque toutes les régions du monde ces dernières décenniesmais à des rythmes différents. Elles ont ainsi explosé dans les anciens pays communistes ou « dirigistes » (Russie depuis 1990, puis Chine et Inde après 2000). Elles suivent une courbe plus douce en Europe, où les inégalités de revenu sont également les moins élevées : les 10 % des plus riches captent 37 % du revenu national, contre 61 % au Moyen-Orient, région la plus inégalitaire au monde.
Le rapport met à l’index les conséquences de quatre décennies de politiques néolibérales. Concernant les inégalités de patrimoine, la tendance à la baisse observable depuis un siècle s’est retournée au moment du tournant libéral impulsé depuis les États-Unis dans les années 1980. Cette inversion de la courbe est due, estime le groupe d’experts, à «l’accroissement des inégalités de revenu et les transferts considérables de patrimoine public au secteur privé ».
Capture du Rapport sur les inégalités mondiales 2018, laboratoire sur les inégalités mondiales, 2017
POUR UN IMPÔT PROGRESSIF
Preuve supplémentaire de l’impact des doctrines économiques, l’Europe de l’Ouest et les États-Unis, qui affichaient des niveaux d’inégalités de revenu comparables en 1980, se trouvent aujourd’hui « dans des situations radicalement différentes ». La courbe du revenu capté par les 1 % d’ultra-riches est édifiante. Elle s’envole aux États-Unis depuis trente-cinq ans (les 1% les plus riches possèdent un cinquième de la richesse nationale en 2015). Tandis qu’elle augmente faiblement en Europe, au dessus de 10 %.
Cela « s’explique en grande partie par une inégalité considérable en matière d’éducation, associée à une fiscalité de moins en moins progressive », analysent les chercheurs. Remèdes fiscaux néolibéraux, qui ont été appliqués en Europe, mais avec moins de force.
Cette réalité tend également à se durcir, car la croissance profite prioritairement aux plus riches. Le gâteau du revenu mondial a grossi depuis 1980, mais les 1 % des plus riches ont capté à eux seul 27 % des richesses nouvelles, quand les 50 % les plus pauvres se partageaient 12 % du pactole.
Pour empêcher cette fuite en avant, les chercheurs défendent un principe simple: l’impôt progressif. Il a le double mérite de rééquilibrer les richesses, d’une part, et de calmer les ardeurs des plus grosses fortunes : « La progressivité des taux […] décourage les hauts revenus de s’approprier une part toujours plus importante de la croissance en négociant des rémunérations excessives et en concentrant les patrimoines. »
Autrement dit, le parfait contre-pied des politiques conduites actuellement par Donald Trump et Emmanuel Macron, en faveur des plus riches. Les deux Présidents ont fortement baissé l’impôt sur les sociétés et allégé les taxes sur les plus riches (quasi suppression de l’impôt sur les successions aux États-Unis, suppression partielle de l’impôt sur la fortune en France), comme l’a récemment relevé Thomas Piketty sur son blog.
NB : L’étude se fonde sur une combinaison des données disponibles sur les revenus et patrimoines totaux estimés dans les comptabilités nationales ; les enquêtes déclaratives sur le revenu et le patrimoine des ménages ; les données fiscales issues de l’impôt sur le revenu ; données fiscales et administratives sur les successions et les patrimoines et classements des grandes fortunes. Données consultables sur wir2018.wid.world.
Cette parole du premier adjoint ne s'adressait pas à des conseillers brassant les papiers de leurs dossiers, mais à des conseillers dégustant un peu trop bruyamment des papillotes pur chocolat! C'est dire l'atmosphère conviviale qui régnait lors du Conseil municipal du 19 décembre...
On a beaucoup fait dans la continuité!
Questions scolaires: la participation au RASED local (réseau d'aide spécialisée aux enfants en difficulté) a été reconduite pour 380 euros, la contribution demandée pour les enfants scolarisés en dehors de leur commune d'origine a été fixée à 518 euros pour les petits de maternelle et à 259 euros pour le primaire.
Le bulletin municipal continuera d'être distribué par le Club Vermeil, moyennant une subvention de 300 euros par distribution. Le bulletin de janvier sera distribué en même temps que le guide pratique de la commune, cette distribution comptera donc double!
Les services administratifs de la commune continueront d'être aidés par le service juridique spécialisé du Centre de gestion du Rhône pour un coût annuel de 4650 euros.
La contribution au syndicat de rivière (SAGYRC) continuera d'être prélevée sur le budget communal pour 18 172 euros, en augmentation de 12%, due autant à la modification des statuts du syndicat qu'à l'augmentation de la population.
La commune continue de garantir les emprunts des bailleurs sociaux qui construisent des logements sociaux sur son territoire, en accord avec le réglement de la CCVL. Aujourd'hui ce sont 6 logements construits par l'OPAC rue du Docteur Aude qui sont concernés, garantis à hauteur de 25% des prêts, et en échange d'un droit de réservation réel. Union Pour l'Avenir note avec satisfaction que 2 logements "très sociaux" sont concernés.
On continue dans la continuité avec l'attribution de la gestion de la crèche La Pirouette à l'association des familles, après un marché à procédure adaptée qui a vu la victoire prévisible des prestataires historiques. L'association des familles a donc produit l'offre la mieux disante avec un taux d'occupation affiché de 77.5% pour un coût prévu de 106 330 euros HT, en baisse notable sur le coût des années précédentes. Il parait que le personnel est maintenant plus jeune et coûte moins cher... On note cependant avec satisfaction que la gestion de la crèche n'est plus aussi handicapante pour l'association des familles, qui peut à nouveau organiser des soirées conférences et des journées à thème.
Petite entorse à la continuité pour l'assurance employeur de la commune: on continue avec Groupama, mais le risque maladie ordinaire est ôté du package. Pour la maladie ordinaire la commune pratiquera l'auto-assurance.
Extension de la salle des fêtes: il faut bien ouvrir des crédits pour faire face aux premières dépenses de 2018. Et l'on se rend compte que les 1,5 millions d'euros prévus sont devenus 1,65 millions d'euros... le coût de la maîtrise d'oeuvre n'étant pas compris dans l'estimation des travaux. Aux observations d'Union Pour l'Avenir, l'adjoint aux travaux répond:"le maire voulait au départ 800 000 euros!", ce qui n'est pas pour nous rassurer... Nous faisons preuve de continuité nous-mêmes en nous abstenant sur ce programme.
Pour finir, quelques décisions qui ne s'inscrivent pas dans la continuité:
- achat de la parcelle de la famille Charretier, rue de la Maletière, pour permettre l'aménagement du croisement avec la rue du Pantin et la rue du Laval: le prix en est de 125 000 euros, conforme au marché, mais inférieur à ce qui est proposé par des promoteurs privés. Nous saluons le geste de cette famille qui va dans le sens de l'intérêt général.
- travaux sur le bâtiment de la Diligence place des Cadettes, afin qu'il puisse abriter la Ressourcerie Val'Trions. La porte sera agrandie et le toit modifié.
- le personnel du CCAS est intégré dans les effectifs du personnel communal et sera ensuite mis à disposition du CCAS. On nous assure que cela simplifie la gestion, et que la convention de mise à disposition et les fiches de poste garantiront tant les droits du CCAS que ceux du personnel.
- la compétence pour l'implantation des bornes de recharge pour les véhicules électriques est transférée à la CCVL. Cela permettra une meilleure répartition de ces équipements sur le territoire.
Et pour finir, mention spéciale aux écrivains du Conseil municipal:
- Aline Durand, auteure d'une monographie sur la tuilerie de Sainte Foy, et d'une autre sur l'école de production de la Giraudière (en vente aux Brossins)
et
- Gerbert Rambaud, qui analyse 15 siècles de relations entre la France et l'Islam:
d'après Nicole Gellot, l'Age de Faire, novembre 2017
Etes-vous agacé·e·s, blasé·e·s, ou passionné·e·s par le débat sur l’écriture inclusive ?
Que pensez-vous de ce petit « e » intercalé qui bat en brèche la sacro-sainte règle selon laquelle le masculin l’emporte sur le féminin ?
Comment vivez-vous la féminisation des mots qui permet de faire exister l’auteure, la jardinière, la maire et la scaphandrière ?
Y a-t-il pour vous un inconvénient à ce que les « droits humains » remplacent les « droits de l’homme » ?
Saviez-vous que la règle "le masculin l'emporte sur le féminin" a été mise en place définitivement au 18ème siècle, et que l'on vivait très bien jusque-là avec l'accord de proximité, y compris chez nos grands auteurs comme Racine et Corneille?
« Armez-vous d'un courage et d'une foi nouvelle » , Racine dans Athalie
« Sa bonté, son pouvoir, sa justice est immense », Corneille dans Polyeucte
Vous avez dû remarquer que nombre de publications ont commencé à pratiquer cette année, et sur la pointe des pieds, cette nouvelle façon d’écrire. Il est grand temps d'en parler.
En 2015 le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, a publié un guide incitant les pouvoirs publics à adopter une communication « sans stéréotype de sexe ». Le Manuel de l’écriture inclusive, édité par l'Agence Mots-Clés, la décrit comme un « ensemble d’attentions graphiques et syntaxiques permettant d’assurer une égalité des représentations entre les hommes et les femmes ».
Il est évident qu’il faut défendre ardemment l’égalité entre les femmes et les hommes, mais les habitudes en matière de langage ont la peau dure...
Il y a un peu plus d’un an, personne donc ne se sentait très concerné par l’écriture inclusive. On toisait de haut ce mode d’expression jugé pataud. Et tout le monde approuvait. Depuis, l’écriture inclusive s’est glissée en douceur dans notre quotidien, bien que cela ne fasse pas l’unanimité.
« Ça m’embête, ça a tendance à alourdir, mais on évolue et maintenant je l’utilise », dit un journaliste. "Parce que nous sommes convaincu·e·s, en majorité nous journalistes, que oui, un petit « e » peut faire la différence, sortir les femmes de l’invisibilité dans laquelle les ont maintenues les règles langagières édictées par des hommes. Le langage n’est pas innocent, pas détaché des mentalités et des comportements".
Il n'y a pas de véritables règles en place. On écrit en inclusif à l’instinct. Pas de position tranchée. Pas de généralité, pas d’hégémonie, mais du tact et de la finesse. Amusons-nous. Soyons joueurs et créatifs. La langue française n’est pas menacée d’un « péril mortel » comme le prédit l’Académie française. Son cœur bat au rythme du temps.
L'écriture inclusive n’est pas la solution miracle pour combattre les stéréotypes sexistes, mais elle y contribue et nous incite à reprendre la bagarre sur le terrain. En effet, vous l'avez particulièrement remarqué en cette période de Noël, les clichés genrés reviennent en force.
Ouvrez un catalogue de jouets: pour les filles, vous n’y verrez que du rose. Rendez-vous à la maison de la presse : de nombreux titres clivants, comme Les P’tites princesses ou Les P’tites sorcières, conditionnent dès leur plus jeune âge les p’tites filles. Hâtons-nous de réagir !
Et de relire l’ouvrage fondateur de la pédagogue féministe italienne, Elena Gianini Belotti, "Du côté des petites filles", sorti en France en 1974 aux Editions des Femmes. L’auteure met en évidence la puissance des stéréotypes enracinés en chacun de nous.
La plupart du temps, nous cherchons à les éviter. Nous tournons la tête, nous fermons les yeux ou nous changeons de trottoir. Nous aimerions ne pas les voir et nous nous heurtons sans cesse à leur présence, le plus souvent muette. Dans la rue, dans les transports en commun, ils semblent quadriller la ville et tendent la main, à moins qu’ils ne posent un gobelet de carton devant eux. Ils sont notre mauvaise conscience et un miroir affolant… Et si c’était moi demain ? Si j’en étais aussi réduit à mendier ?
Cette peur, si caractéristique de nos sentiments mêlés de compassion et de répulsion, suffit, à elle seule, à mesurer notre méconnaissance du sujet.
D’abord, nous avons tous tendance à surévaluer le nombre de pauvres en France, le nombre de sans domicile fixe et celui des mendiants. Environ 130 000 personnes sans-abri, bénéficiant aléatoirement d’hébergements précaires pour une nuit, c’est beaucoup trop, c’est indigne, mais cela ne représente pas des centaines de milliers, voire un million d’individus.
Ensuite, notre angoisse procède d’un fantasme qui nous fait craindre le pire alors que l’on devient rarement mendiant par hasard. Au contraire, c’est la plupart du temps à l’issue d’un long processus marqué par l’inexistence ou la rupture des liens familiaux et une absence de formation scolaire et professionnelle que l’on est contraint de faire la manche.
Ces préjugés nous aveuglent donc à deux titres:
- Le phénomène de la mendicité, par définition public, puisqu’il a pour théâtre la rue, fait croire à tort aux passants à une crise massive, exponentielle.
- Dans le même temps, il contribue à nous faire minorer les efforts de la société pour le résorber. Contrairement aux idées reçues, la France est l’un des pays européens dont le taux de pauvreté est le plus bas (1), d'après Nicolas Clément, bénévole du Secours catholique et président du collectif Les Morts de la rue: " La réalité, c’est qu’il y a 141 000 SDF selon l’INSEE, auxquels il faut ajouter les personnes qui vivent dans des bidonvilles. Cela fait 160 000 personnes. (...) La France est un pays bizarre. Plus de la moitié des Français pensent qu’ils pourraient un jour être à la rue. Cela fait peur. On se dit : demain, ce pourrait être mon tour, mais ce n’est pas vrai. Précisément, c’est parce que cela ne peut pas m’arriver que je dois m’occuper de ceux qui sont concernés."
photo Le Figaro
Les initiatives locales se multiplient depuis quelques années. À Nancy, l’hiver dernier, un jeune homme décide d’agir et de distribuer soupes, cafés et couvertures aux sans-abri. Une dynamique se crée autour de lui et donne naissance au collectif Solidaire 54. À Lyon, ce sont des parents qui depuis peu se mobilisent pour accueillir les enfants SDF(voir "les parents de l'école Michel Servet"). À Bordeaux, fin octobre, c’est une famille avec deux enfants en bas âge, prise en photo en train de dormir dans la rue, qui a suscité la mobilisation des internautes....
Mais à l’évidence, ces efforts, ces progrès en faveur des démunis ne suffisent pas.
La renaissance de mini-bidonvilles, que ce soit dans les friches industrielles ou dans les terrains vagues le long des autoroutes, vient nous surprendre alors qu’on les croyait définitivement disparus depuis les années 1970.
La présence de 15 000 à 20 000 Roms, démunis et délaissés, parfois échoués en famille sur des matelas à même la chaussée, nous renvoie à une misère que l’on pensait révolue. Sans compter les jeunes migrants, parfois mineurs, abandonnés à la rue. Dans ce domaine, l’action des associations est précieuse (2), le rôle des bénévoles souvent admirable.
Cette efficacité de la société civile ne doit pas être l’occasion d’une dérobade de la puissance publique. Trop de villes, de départements et l’État lui-même, au prétexte que beaucoup est déjà fait par ailleurs, restent inertes, indifférents devant ces nouvelles poches de misère. Les Restos du Cœur ont commencé leur campagne hivernale alors que la plupart de leurs contrats aidés ont été supprimés... cf "Les Restos du Coeur existent car l'Etat ne fait pas son travail de nourrir les gens"
(1) Avant redistribution, il y a à peu près 25 % de taux de pauvreté en France ; après, nous sommes entre 12 et 14 %. Les Anglais et les Allemands se situent entre 16 et 18 %.
(2) des associations telles que Vaugneray Accueil et Solidarité...
Dans les Alpes et les Pyrénées, les premières stations de ski ouvrent leurs pistes. Face à la hausse des températures et à la baisse de l’enneigement, les stations croient avoir trouvé la parade, avec la généralisation des canons à neige.
Problème : les quantités d’eau nécessaires pour produire la neige artificielle sont considérables, menaçant les réserves locales en eau potable. Ce qui n’empêche pas les régions alpines de consacrer des millions d’euros de subventions à ces équipements.
Alors que les glaciers fondent et que l’eau se raréfie, l’enneigement artificiel est-il vraiment une priorité collective ?
A méditer avant la prochaine saison de ski...
Si certains ont su tirer profit du changement climatique en montagne, ce sont bien eux : les canons à neige.
Les conséquences de nos émissions de gaz à effet de serre se font chaque année un peu plus sentir sur le manteau blanc qui recouvre les massifs. Les chiffres sont toujours plus inquiétants : dans les Alpes, le réchauffement des températures, estimé entre 1,6°C et 2,2°C depuis 1950, s’est accéléré depuis la fin des années 80, entraînant la fonte des glaciers et la diminution de l’enneigement au sol – 25 jours de moins par an, en moyenne.
Dans les stations, personne ne vous dira le contraire : au fil des saisons, l’hiver offre de moins en moins de neige. « Depuis 1990, la raréfaction de la neige est flagrante : nous n’en avons quasiment plus à Noël. Et l’an passé, on a dû aller chercher de la neige ailleurs pour assurer la saison », raconte Gérard Burnet, premier adjoint à la mairie de Vallorcine, petit village à 1200 mètres d’altitude niché du côté de Chamonix. Même son de cloche sur le plateau du Vercors, où l’on constate « l’augmentation de la fréquence des hivers sans neige », selon François Nougier, conseiller municipal de Lans-en-Vercors.
51% des domaines menacés par le réchauffement
À terme, ce sont toutes les stations de sports d’hiver de moyenne montagne, en-dessous de 1500 mètres d’altitude, qui sont fortement menacées. En 2009, la Direction départementale de l’équipement et de l’agriculture de Savoie estimait même que, dans le cas d’une hausse de la température de 2°C, seuls 49% des domaines existants en Haute-Savoie seraient encore considérés comme « fiables », du strict point de vue de l’enneigement naturel.
En attendant, de premières stations comme Val Drômeou Drouzet-le-Mont ont déjà dû abandonné leur activité d’hiver, mettant la clé sous les pistes.
Dans leur course à l’or blanc, les stations de ski ont trouvé la parade : la « neige de culture » – préférée au terme de neige artificielle – que fabriquent les « enneigeurs » – les canons à neige – au bord des pistes.
Apparues il y a moins de trente ans, ces infrastructures connaissent un développement très rapide : « Les premiers canons à neige sont arrivés après des hivers de très faible enneigement en 88, 89 et 92. Aujourd’hui, près de 7000 hectares sur les 20 000 hectares de pistes dans les Alpes en sont équipés», rapporte Pierre Spandre, ingénieur de recherche à l’Irstea et au Centre d’études de la neige de Grenoble.
Plus d’un tiers du domaine skiable alpin dépend donc de la neige artificielle. La quasi-totalité des stations possède au moins quelques canons à neige : « En 2014, sur 55 stations interrogées dans les Alpes, une seule n’était pas équipée », poursuit le chercheur.
Le canon à neige, alpha et oméga du développement des stations
Le processus est presque inexorable, à en croire Christian Reverbel, ancien directeur du service des pistes de l’Alpe d’Huez : « Aujourd’hui, la neige de culture est considérée comme un outil indispensable pour les stations de sport d’hiver. »
Ce qui ne devait être initialement qu’une solution d’appoint face aux variabilités d’enneigement est ainsi devenu l’alpha et l’oméga des politiques de développement des stations, la solution pour réduire la « vulnérabilité à l’aléa climatique » : « Les études les plus récentes et l’amélioration des techniques confirment régulièrement la pertinence des stratégies déployées par les professionnels sur la neige de culture (…), une aide efficace à l’exploitation et à la garantie des emplois », énoncent Domaines skiables de France et l’Association nationale des maires des stations de montagne, dans un rapport conjoint. « La dynamique en faveur de la neige de culture est très forte. On estime que le taux d’équipement atteindra 45% en 2020 », confirme Pierre Spandre.
Le développement de la neige artificielle a trouvé de nouveaux relais politiques à la tête des deux régions alpines : avec Laurent Wauquiez, président de la Région AURA (Auvergne-Rhône-Alpes), et Christian Estrosi, président de la Région PACA, avant d’en démissionner en mai dernier, les canons à neige ont pu compter sur des alliés de poids.
Laurent Wauquiez a annoncé une aide de 50 millions d’euros pour la neige artificielle sur les six prochaines années, tandis que le second évalue au double son plan « smart mountains », pour redessiner les stations du futur.
28 millions de m3 d’eau consommés chaque année...
« C’est une dépense d’argent public colossale que l’on pourrait utiliser, au contraire, pour diversifier l’offre de notre station : le ski ne fait pas tout en montagne », regrette François Nougier. Dans sa station de Lans-en-Vercors, le projet visant à enneiger 20 hectares sur les 48 que compte la station (contre 6 hectares actuellement) sera opérationnel dès cet hiver.
Coût de l’opération : 2,7 millions d’euros, pris en charge à 25% par la Région et 25% par le département de l’Isère, le reste étant financé par emprunt.
Même à Vallorcines, petite station jusqu’alors vierge de tout canon à neige, l’appel d’air financier fait cogiter : « C’est vrai qu’on étudie la possibilité d’investir », reconnaît Gérard Burnet. Le projet fait pour l’heure face à un enjeu de taille : « Cela nécessite de études sur l’eau, qui n’ont pas encore été réalisées. On ne peut pas faire n’importe quoi : les sources sont à un niveau très bas, nous n’avons pas de nappe phréatique et nous avons connu des années à fort stress hydrique, avec très peu de pluies l’été et une neige qui disparaît peu à peu du glacier. Dans ce contexte, on est encore loin d’avoir de la neige artificielle à Vallorcines. »
... Soit l’équivalent de la consommation en eau de 540 000 habitants
Les canons à neige se caractérisent par un coût financier conséquent – de 5 à 7 euros/m3 d’eau transformé en neige, « en tenant compte des coûts en eau et en électricité ainsi que de l’investissement général pour la construction du réseau d’eau, du système d’air comprimé, voire de la retenue collinaire si besoin, de la salle des machines... et de leur amortissement » précise Pierre Spandre. Ils impliquent également des prélèvements importants sur la ressource en eau.
Le chiffre est aujourd’hui connu et admis par tous les interlocuteurs : un hectare de piste en neige artificielle consomme 4 000 m3 d’eau par an, l’équivalent d’une piscine olympique, produits par trois canons à neige. Soit à peu près 28 millions de m3 d’eau consommée chaque année par les enneigeurs. Soit ce que consomment en eau potable un demi-million de Français.
Cette eau ne se retrouve pas mécaniquement, une fois la neige fondue, dans le cycle naturel : « On estime à 30% le taux de perdition d’eau par sublimation [passage à l’état gazeux] dès lors qu’on la transforme en neige artificielle », détaille Vincent Neirinck, co-directeur de Mountain Wilderness. Surtout, ce volume ne cesse d’augmenter : « La croissance observée est assez régulière, à raison d’1 million de m3 supplémentaires chaque année. Et encore, ce sont des chiffres établis avant le plan Wauquiez… », constate Thomas Guiblain, à la Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature (Frapna) en Isère.
À mesure que le réchauffement climatique va diminuer l’enneigement, mais aussi le volume des ressources en eau disponibles, les canons à neige peuvent-ils devenir un facteur aggravant de stress hydrique ?
« L’usage de l’eau en milieu alpin est multiple, rappelle Vincent Neyrinck. Il y a les usages domestiques, l’agriculture, l’hydroélectricité et la biodiversité, également : un étiage trop bas dans les rivières met en péril les milieux naturels. Il est indispensable de réfléchir à la préservation de cette ressource. »
« Des stations ont dû fermer à cause de la rareté de l’eau »
Le volume global de l’eau dans les Alpes, le « château d’eau de l’Europe », semble encore loin d’être menacé. « Les bassins hydroélectriques, qui mobilisent des volumes d’eau bien plus considérables, ont un impact beaucoup plus sensible sur les débits des cours d’eau en bassin versant, confirme Jacques Pulou, responsable du pôle eau à la Frapna régionale.
Le problème, c’est la répartition de l’eau : à certains endroits, les canons à neige peuvent créer de vrais conflits d’usage. »
Une approche qui est confirmée par Carmen de Jong, professeure en hydrologie à l’Université de Strasbourg : « On estime que les prélèvements de l’enneigement artificiel représentent 0,5% du cycle de l’eau total sur le bassin du Rhône. Mais c’est absurde de raisonner comme cela, car les problèmes se jouent essentiellement au niveau local, c’est à dire en altitude. »
Les conflits d’usage, notamment avec la distribution d’eau potable, ne seraient pas rares à en croire la chercheuse, qui a travaillé sur la question pendant près de dix ans à l’université de Savoie : « À l’hiver 2017, il y a eu des mesures de restriction d’eau dans les Alpes, et en Suisse, des stations ont dû fermer leurs pistes à cause de la rareté de l’eau. Il y a eu près de 60 jours sans précipitation, on aurait également dû interdire les canons à neige dans certaines stations françaises. »
Conflits d’usage avec l’eau potable
La question de l’usage de la ressource a même été l’objet d’un véritable pugilat politique dans la station des Gets, épisode que raconte Élodie Magnier, hydrologue, dans un intéressant article publié en 2016 : « En pleine saison 2006-2007, le maire refuse la mise en fonctionnement des canons pour protéger les réserves d’eau potable et éviter tout risque de pénurie. Le directeur de la société d’exploitation des remontées mécaniques, opposé à cette décision pour le bon fonctionnement du domaine skiable, démissionne au cours de l’hiver. (…) Il y a donc bien eu ici une situation de conflit entre deux usages, l’usage pour l’alimentation en eau potable de la station, et l’usage pour la production de neige. »
Plus récemment, c’est L’Alpe d’Huez, et son bon millier de canons à neige, qui a vu un projet immobilier ajourné pour cause de ressource en eau insuffisante : « La station est alimentée par le Lac Blanc ; il n’y a pas d’autre source. Or ce lac connaît des fuites naturelles. L’épuisement de ses ressources est rapide, et créé des situations très tendues autour des mois de février et de mars. Seuls 1000 lits supplémentaires ont été autorisés sur un projet qui en prévoyait 7000 au départ, le préfet estimant qu’il n’y avait pas assez d’eau », raconte Thomas Guiblain.
Avec la plus longue piste d’Europe, la piste Sarenne et ses 16 kilomètres, équipée en 2014 de plusieurs dizaines de canons à neige tout au long du tracé malgré son altitude de départ à 3300 mètres, pas sûr que les conflits autour de la disponibilité en eau ne se règlent facilement, au cours des prochaines années.
Des conséquences sanitaires et énergétiques
Outre la question de la quantité, les canons à neige pourraient bien perturber également la qualité de l’eau sur les massifs. « La valeur du PH est modifiée par la neige artificielle, et il y a un manque de CO2 par rapport à la neige naturelle, souligne Carmen De Jung. Elle favorise surtout la prolifération de différentes bactéries. » Il y a deux ans, la chercheuse avait dénoncé l’utilisation d’un additif, le Snomax, utilisé dans la neige artificielle, aux effets potentiellement dangereux pour la santé.
Pis, avec la moitié des enneigeurs alimentés par des retenues collinaires construites spécialement pour la production de neige, il existe un risque de perturbation globale du fonctionnement hydrologique : « On stocke de l’eau qui aurait coulé autrement, avec tous les impacts que cela peut avoir sur les étiages des cours d’eau dans le bassin versant. Car c’est évidemment au moment où on en a le plus besoin, que la ressource devient la plus limitée », décrypte Jacques Pulou.
Sans compter l’impact énergétique induit par le pompage destiné à recharger la retenue d’eau au cours de l’hiver – car on enneige évidemment plusieurs fois par saison : « Cela devrait représenter une consommation de 160 000 kWh, soit une augmentation de 40% de la consommation électrique de la station à Lans-en-Vercors, où la retenue en cours de construction doit pouvoir accueillir 26 000 m3, calcule François Nougier. Tout ça pour trois mois d’utilisation dans l’année, à un moment où l’on fait de grands discours pour ne pas gaspiller l’énergie. »
« L’enneigement artificiel devrait être l’un des derniers usages »
« Les canons à neige sont révélateurs de tous les dysfonctionnements de l’industrie du ski », estime Vincent Neyrinck. Notamment l’absence de loi de régulation et d’encadrement.
« Il n’y a aucune réglementation, donc aucun contrôle ni suivi sur l’utilisation de l’eau », témoigne Carmen de Jung. « Dans une logique de marché, les coûts de fabrication de la neige artificielle sont pris en compte par les usagers, soit les skieurs, analyse Ricardo Petrella, économiste italien spécialisé sur les problématiques d’eau. Mais un autre coût n’est pas pris en compte, c’est la raréfaction de l’eau. L’enneigement artificiel devrait être l’un des derniers usages, dans un contexte de raréfaction hydrique. »
Le chercheur en appelle à des régies collectives, participatives et les plus locales possible, pour gérer ce bien commun : « Cela doit impliquer tous les acteurs concernés et être coordonné par une structure publique : ce ne sont pas les acteurs privés qui sont les mieux placés pour protéger la ressource. »
Considérée comme un palliatif à court-terme, la neige artificielle interroge en profondeur le modèle de développement des stations de sport d’hiver : « Quand on parle ski, les stations entendent "assurance-vie". Or on sait qu’il va devenir de plus en plus difficile de maintenir des stations en dessous de 1500 mètres. Il faut donc sortir de cette lorgnette à cinq ou dix ans. Une retenue collinaire, c’est tout de même 25 ans d’amortissement ! Est-ce que cela a encore un sens d’un point de vue climatique et économique ? », interroge Aurélie Campoy, secrétaire générale de la Commission locale de l’eau en Isère.
Pour François Nougier, la réponse est toute trouvée : « Les canons à neige sont une rustine. On veut nous faire croire que le système actuel peut perdurer, alors qu’il faudrait repenser sa logique à long-terme. »
Les canons à neige, ou le paradoxe de cette voiture qui va de moins en moins vite tout en consommant de plus en plus...
En témoigne l’histoire récente de Saint-Pierre-de-Chartreuse : « La station était en déficit chronique et pour y faire face, elle a décidé d’investir dans des canons à neige : aujourd’hui, elle est sous tutelle de la préfecture. », raconte Pierre Mériaux, élu à la montagne à la ville de Grenoble.
Mais avec le réchauffement climatique, la possibilité de produire de la neige de culture est elle-même mise en cause : outre la baisse des volumes d’eau disponible, la diminution des vagues de froid pourrait rendre l’utilisation des canons de plus en plus incertaine. Et laisser plusieurs collectivités face à de véritables gouffres financiers.
Une autre allégorie, en somme : celle de l’arroseur arrosé.
Vous vous êtes déjà demandé pourquoi certains chiens peuvent avoir tendance à grogner, aboyer sur certaines personnes voire les menacer, comme par exemple des personnes de couleur ou avec des particularités physiques ?
Voici des éléments de réponse pour vous aider à mieux comprendre le chien et ses comportements.
Une mauvaise socialisation
Il faut savoir qu’un chien, à la naissance, est vierge d’apprentissage. Son développement à la naissance n’est pas terminé et ses premiers mois de vie sont donc très importants pour son futur. Plus précisément, un chien entre 3 semaines et 3 mois (environ) enregistre tout ce qu’il vit, bonnes et mauvaises expériences sont ainsi enregistrées. C’est pourquoi si votre chien ne côtoie pas suffisamment de personnes nouvelles et différentes, il pourra développer des comportements de crainte et donc éventuellement d'agressivité par la suite.
Pour vous donner un exemple concret, si vous souhaitez éduquer un chien afin qu’il devienne “chien visiteur” c’est à dire qu’il se rende dans des hôpitaux par exemple, pour rendre visite aux patients et les aider à mieux vivre leur hospitalisation, il faudra absolument que votre chien côtoie cet environnement le plus tôt possible, dès ses 2 mois dans l’idéal. Cette socialisation, pour être réussie, doit donc commencer jeune mais doit aussi être vécue positivement par votre chien.
Donc si votre chien adopte des comportements inadaptés avec certaines personnes,c’est peut-être parce qu’il n’a pas été assez socialisé ou qu’il va vécu de mauvaises expériences avec une ou des personnes du même type.
Une crispation du maître
Une autre raison, plus subtile, à ce type de comportement canin, vient du maître. En tant qu’éducateur canin comportementaliste, j’ai travaillé dernièrement avec une maîtresse qui venait me voir car sa chienne, un Berger Australien, aboyait sur les personnes portant des casquettes.
La première chose que j’ai fait a été de mettre une casquette afin d’observer le comportement du chien en direct. Sauf que la chienne en question n’a eu aucune réaction. En discutant avec la maîtresse, nous avons compris que le problème ne venait pas des personnes à casquette mais du stress de la maîtresse quand elle croisait, en sortant de chez elle, des bandes de jeunes qui pouvaient éventuellement porter des casquettes.
Ainsi donc, sans s’en rendre compte, elle tenait instinctivement la laisse plus courte et tendue et sa chienne, qui connaissait très bien sa maîtresse, sentait le stress provoqué par la situation et réagissait en conséquence.
En somme, si votre chien a une attitude inadaptée, vous devez déjà prendre conscience de votre influence sur le comportement de votre chien.
Des sensibilités différentes
Pour finir, certains chiens sont naturellement plus sensibles et donc potentiellement plus réactifs. Votre chien peut tout simplement ne pas se sentir à l’aise avec des personnes arrivant trop directement, ou encore ayant une démarche particulière, comme des personnes alcoolisées, parce que leur caractère ne fait pas d’eux des chiens sûrs d’eux.
En conclusion, pour l’ensemble de ces raisons une amélioration est possible, à condition de connaître la cause du comportement gênant et d’établir un plan de travail adapté et progressif. Dans tous les cas, si votre chien à une attitude inadaptée, n’hésitez pas à faire appel à un éducateur canin professionnel qui vous aidera à être dans une démarche d’évolution avec votre chien.
Chloé Fesch
Educateur canin Comportementaliste et Formatrice à ce métier
3D'après Le Courrier des Maires et des Elus locaux - Aurélien Hélias - 20/11/2017
A l'occasion du 100e Congrès des maires, l'Ifop a réalisé un sondage exclusif sur le regard des Français sur leur maire.
Si les taux de notoriété et de satisfaction restent convenables, une érosion certaine apparaît au regard des mandats précédents. Les Français évoquent les critères déterminants, programme des candidats et bilan de l'équipe sortante, qui guideront leur vote aux municipales 2020.
Et ils ne sont que 50% à souhaiter voir leur maire se succéder à lui-même...
Le printemps 2017 a été celui des grands rendez-vous électoraux : un nouveau chef de l’Etat et une nouvelle Assemblée nationale ont émergé, emportant sur leur passage les représentants des traditionnels partis de gouvernement par un tsunami dans les urnes que personne n’avait prédit.
Cinq mois plus tard, un autre scrutin, lui aussi national mais moins médiatisé car indirect, celui des sénatoriales, est venu rappeler à l’exécutif que la classe politique locale, de proximité, est bien en place depuis les municipales de mars 2014.
Les conseillers municipaux et les patrons de leurs exécutifs respectifs, les maires, se sont rappelés au bon souvenir de la nouvelle majorité…
Notoriété en berne sous le mandat 2014-2020
Or, au moment même où le pays changeait de gouvernants, les maires franchissaient l’étape de leur mi-mandat...
Premier enseignement de l'enquête IFOP : la figure du maire, si elle reste l’incontournable figure de proue du service de proximité, n’est pas toujours clairement identifiée. Ou du moins on ne connait pas son nom : seule la moitié des sondés (51%) peuvent spontanément citer le nom de leur édile, inconnu pour 39 % des autres tandis que 10 % se sont aventurés à citer… un autre élu !
Sans surprise toutefois, plus la commune est petite, plus le nom du maire est connu : 57 % dans les communes de moins de 10 000 habitants, 52% pour celles de 10 000 à 20 000 habitants, 50% entre 20 000 et 50 000 hab. ; 54% de 20 à 100 000 hab. ; et seulement 47% pour les plus de 100 000 hab.
L’effet proximité joue à plein.
Le statut de la commune joue aussi un rôle important : la commune située en milieu rural voit son maire connu de 61 % de ses habitants là où le maire d’une ville centre en métropole n’est connu que de 48%
D’autres critères favorisent la connaissance du maire : la lecture du journal municipal (57%), ou l’ancienneté d’habitation : près de 59 % pour les habitants installés depuis plus 10 ans contre 31 % seulement pour ceux installés depuis moins d’une décennie. Ou encore le niveau de vie : plus il est élevé, plus il en va de même pour la notoriété du maire : entre 50 à 51% à pour les catégories pauvres et modestes à 53 % pour les classes moyennes supérieures et 62 % chez les catégories aisées. L’inscription sur les listes électorales maximise les chances de voir l’administré connaitre son maire mais ne constitue pas un critère suffisant : 53 % des inscrits citent le nom seulement, taux qui chute à 21 % chez les non-inscrits. Vaugneray, 5 350 habitants. Le maire s'appelle Daniel JULLIEN.
Les électeurs d'extrême droite et les électeurs apolitiques s'intéressent peu à la vie politique locale
La proximité politique joue elle aussi un rôle non négligeable : les sympathisants Front national (FN) ne sont que 40% % à connaitre leur maire contre 57 % chez les sympathisants Les Républicains (LR) et même 62 % chez les sympathisants socialistes. Les sympathisants la République en Marche (LREM) se trouvent dans le haut de la fourchette (57%) tandis que ceux sans aucune inclinaison politique ne sont que 48 % à connaitre leur premier magistrat.
A noter enfin que ce sont les femmes les plus au fait de la vie politique locale (55% contre 47% des hommes) et, qu’avec l’âge, on connait de mieux en mieux son maire : 30 % chez les 18-30 ans, contre 59 % chez les plus de 35 ans, avec même une pointe à 65 % chez les plus de… 65 ans.
Satisfaction en berne à mi-mandat
Plus dure sera la chute ? C’est ce que semble indiquer le taux de satisfaction des Français quant à leur maire au regard des mandats précédents.
A la fin du mandat 2001-2008, les édiles faisaient en moyenne 72 % de satisfaits. Ils n’étaient plus que 63 % au crépuscule du mandat suivant (2008-2014), à la veille des municipales. Or à mi-chemin de ce mandat 2014-2020, ils ne sont déjà plus que 61 % à exprimer leur satisfaction… Si les très mécontents plafonnent toujours à 9 % d’un mandat à l’autre, les administrés plutôt mécontents ont quasiment doublé de volume (16 à 30%) alors que seule une moitié de mandat est passée…
Signe que l’impatience croissante des Français vis-à-vis de la classe politique nationale déteint désormais sur la classe politique locale ? Que le degré d’exigence, notamment sur la qualité des services publics locaux, est de plus en plus élevé comme en témoignent de nombreux élus? Du contexte social et économique encore morose ? Autant de critères potentiels auxquels il faut ajouter le temps de latence de réalisation des projets et programmes d’équipements locaux, qui bien souvent ne trouvent leur pleine concrétisation qu’en fin de mandat.
La situation individuelle socio-économique joue à plein
Difficile de cerner les raisons de l’insatisfaction précoce, dans ce mandat, de 40 % des Français… Certains critères font apparaître le portrait-robot du Français le plus à même d’avoir un avis négatif sur l’action de son maire : un administré entre 50 et 65 ans (46%), chômeur (58%), sans diplôme (54%), pauvre (44%), sans sympathie partisane (51%) ou proche du FN (43%) et électeur au premier tour de Jean-Luc Mélenchon (51%) ou Marine Le Pen (45%).
Géographiquement, ce sont les habitants des villes de plus de 100 000 habitants (47%), des communes rurales (46%) et des villes de banlieue au niveau de vie modeste (50%) qui ont le plus à redire sur l’action de leur maire.
Enfin, le taux d’insatisfaction monte en flèche à mesure que l’ancienneté de vie sur la commune augmente : 29 % chez les administrés habitant la commune depuis de moins de 10 ans, 47 % pour ceux entre 10 et 30 ans...
Le programme, un argument de poids pour 2020
Si le taux de satisfaction est un indicateur intéressant pour tout maire, un autre lui permettra de se projeter sur son éventuelle candidature à sa propre succession lors des municipales 2020 (ou 2021, si l’exécutif s’aventure à les reporter…).
A savoir les critères sur lesquels les électeurs disent aujourd’hui qu’ils fonderont leur choix au moment de glisser leur bulletin dans l’urne dans 30 mois. C’est toujours « leprogramme et les projets des listes en présence » qui auront un rôle déterminant pour 69% des sondés. A ce titre, les maires sortants seraient ainsi sur la même ligne de départ que leur adversaire.
Le bilan de l’équipe sortante aura toutefois lui aussi un poids déterminant pour 60 % des électeurs, juste devant la personnalité des candidats au poste de maire (57%). Un bon bilan ou perçu comme tel reste donc une des clés du succès mais, comme à l’échelle nationale, il apparaît de plus en plus qu’on ne gagne pas une élection sur le seul bilan. Preuve en est : la quasi-stagnation de ce critère par rapport à la veille des municipales 2014 (de 58% à 60%), alors que les critères « programme » (de 63 à 69%) et « personnalité » (de 46 à 57%) progressent tous les deux nettement.
Peu importe l’étiquette politique et les têtes connues…
Les électeurs sont en revanche moins d’un tiers à accorder une place de poids à trois autres critères : l’étiquette politique de la liste en présence (30%, en chute libre depuis les 38% de mars 2014) et leur opinion à l’égard de la politique de l’exécutif national (29%).
La présence d’une ou plusieurs personnes que l’électeur connaîtrait sur la liste n’aurait des chances d’emporter le vote que de moins d’un quart des Français (23%), un niveau stable par rapport à 2014.
C’est chez les plus de 35 ans que le bilan de l’équipe sortante jouera le plus (62% contre 52% pour les 18-35 ans) et, s’agissant du statut de l’interviewé, chez les chômeurs (69%) et les salariés du secteur public (66%).
Enfin, on note une claire scission entre les sympathisants du Front national, pour qui le programme et les projets en présence ne joueront un rôle déterminant que pour 53% des votants, et tout le reste du spectre politique : de 73% pour les sympathisants France Insoumise à 75 % pour ceux proches de Les Républicains, en passant par les 70 % des sympathisants LREM. Seulement 54 % des électeurs de Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle accorderont d’ailleurs un poids prépondérant au programme des candidats, soit à peine plus que le bilan et la personnalité du candidat (51% chacun). En 2014, Union Pour l'Avenir proposait un programme complet et structuré, toujours d'actualité. L'équipe du maire sortant ne présentait qu'un catalogue de projets sans armature ...
2020 : réélire ou non le maire en place ?
Reste la question qui intéressera tous les élus dont la réflexion sur un second mandat (ou plus) débute : à quel point les électeurs veulent-ils le voir rempiler ?
Il y a dix ans, à la veille des élections 2008 , ils étaient 58% à souhaiter que le maire soit réélu à l’issue du mandat en cours et « seulement » 34 % ne le souhaitaient pas.
A ce jour, seulement 50% des interrogés souhaitent la reconduction de leur édile lors du prochain mandat 2020-2026, soit autant que ceux se prononçant contre… Là encore, le signe d’une certaine impatience sur les premiers résultats de mandature, l’avancement des projets annoncés mais aussi une défiance plus large sur l’efficacité de l’action politique.
Autre point inquiétant pour les maires en place : seuls 72% de ceux ayant voté pour eux dès le 1er tour 2014 souhaitent leur reconduction.
C’est donc un double défi qui attend les maires aspirant à se succéder à eux-mêmes en 2020 : à la fois élargir leur base électorale, comme il est de coutume à chaque élection, mais avant même de penser à cela, reconquérir une partie de l’électorat perdu en cours de mandat…
Le maire actuel de Vaugneray, M.Daniel Jullien, a été élu Conseiller municipal pour la première fois en 1983 et a été adjoint à l'urbanisme de 1989 à 2000. Il est maire sans interruption depuis 2000. Il est également président du Syndicat des Eaux de l'Ouest lyonnais et Conseiller départemental...
L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1 013 personnes, représentatif de la population métropolitaine âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas au regard :
De critères sociodémographiques : sexe, âge de l’individu ;
De critères socioprofessionnels : profession de l’individu (PCS) ;
De critères géographiques : région administrative, taille d’unité urbaine ;
Les résultats ont fait l’objet d’un redressement sociodémographique (EE-INSEE 2014) et d’un redressement politique sur la base de la reconstitution du vote à l’élection présidentielle (1er tour - 2017). Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne et par téléphone du 6 au 8 novembre 2017.