samedi 27 octobre 2018

La chasse, vous en pensez quoi?

Savez-vous qu'il existe au sein des chasseurs, une caste de gens plus intéressés par le pouvoir que par la vie rurale et les territoires?


 d'après Reporterre 13 octobre 2018 Cael Collins, paysan en cours d’installation dans le sud de la France 
     
Qui sont les chasseurs ? Hérauts de la ruralité ? « Premiers écologistes de France » ? Une « caste » imposée d'en haut aux campagnes? et quelle est la qualité de la formation pour le permis?


Dans le contexte d’une vie rurale et agricole, le permis de chasse répond à deux préoccupations : gérer la pression de certaines espèces pouvant devenir nuisibles et, surtout pour nombre d'agriculteurs, se prémunir de la malveillance d’organisations de chasse qui ont aujourd’hui la mainmise sur les territoires ruraux.

Il faut avoir été mis face à la réalité de ce qu’est aujourd’hui la chasse sur un  territoire : « Tu ne fais pas de vagues sinon attends-toi à des ennuis. » Les ennuis pour les paysans aujourd’hui qui ne chassent pas, ça passe aussi bien par des clôtures coupées, des attaques malencontreuses de chiens de chasse sur les bêtes que par une ostracisation pure et simple d’une partie de la vie locale. Problématiques que subissent aussi plus ou moins fortement tous ceux qui osent questionner les pratiques d’une partie des chasseurs.

Autour de la chasse se rejoue dans l’imaginaire de certains ruraux, l’idée d’une lutte contre une gestion par les urbains, par une élite, par les dominants culturels de leurs territoires. Les diktats de ceux « qui n’y connaissent rien à la campagne et qui de toute façon ne vivent pas ici ». 
Il ne faut pas rejeter en bloc le mépris de classe qui a pu se glisser insidieusement dans la critique de la chasse qui est faite dans les milieux de gauche, et dont le sketch des Inconnus sur la chasse à la bécasse est une parfaite illustration. Le tableau est simple et vite brossé pour ceux qui veulent s’en tenir aux clichés : la chasse serait une activité de beaufs bourrins, avinés et ignares. 
Mais c'est plus compliqué que cela. 

La chasse requiert, ou du moins devrait requérir, de nombreux savoirs naturalistes et répondre pour quelques espèces à des besoins concrets de gestion écologique des milieux.

Mais, depuis des années, nous avons laissé la chasse aux mains d’une caste de gens peu compétents, polarisés vers la droite et ses valeurs réactionnaires et par ailleurs plus intéressés par le pouvoir que par la vie rurale et les territoires.

Aujourd’hui, la FNC(Fédération nationale des chasseurs) se targue dans sa belle campagne publicitaire d’être le bastion des premiers écologistes de France en nous présentant un sanglier sur l’affiche. 


On croirait une blague, à destination des seuls gens des villes dans ce cas. Car pas un rural n’ignore que c’est notamment la gestion cynégétique catastrophique des sangliers qui en fait aujourd’hui l’un des principaux nuisibles dans les campagnes. 
Les tensions entre les chasseurs et les agriculteurs dans certains territoires ne sont pas une légende. Comment interpréter le refus fréquent des chasseurs de tirer les gros sangliers sous prétexte que s'ils le font, "il n'y en aura plus l'année prochaine"! Vive alors la prolifération des sangliers et la destruction des cultures...
Un exemple parmi d’autres qui illustre le décalage entre la réalité de la majorité des territoires et la parole d’un lobby qui s’encombre peu des faits.

C'est pourquoi la pratique de la chasse sur le modèle actuel conduit à la disparition de nombreuses espèces [1], et à la prolifération de quelques autres en raison de leur introduction systématique et intempestive.
Pourtant, la France continue d’avoir une des législations les plus permissives d’Europe sur la chasse. L’organisation bien huilée du lobby de la FNC en fait un allié de choix pour n’importe quel politicien arriviste voulant redorer son image rurale. Ainsi, peu d’hommes ou de femmes politiques se sont risqués à réglementer cette activité.

La préparation du permis de chasse est un bon exemple en soi de l’accaparement de la chasse par les lobbys. 


La préparation du permis de chasse est uniquement dévolue à la FNC, bien que l’ONCFS [Office national de la chasse et de la faune sauvage, organisme public] prenne en charge le passage de l’examen. 
Les deux demi-journées de « formation FNC » visant à vous permettre de porter une arme à feu se résument peu ou prou à un conditionnement benêt. On vous invite d’abord, plus ou moins cordialement, à apprendre par cœur les séries de questions posées à l’examen. Voilà en deux heures chrono, vous êtes sensés avoir été « formé » à l’ensemble des savoirs théoriques concernant la sécurité du maniement d’une arme à feu, la législation en vigueur et, bien sûr, les connaissances naturalistes sur les 64 espèces chassables en France. Pas de temps pour les questions, désolé.
La formation pratique est presque risible. La pédagogie consiste principalement à demander aux stagiaires de reproduire par cœur un parcours disponible sur YouTube en amont de la formation, comprenant notamment le démontage d’un fusil semi-automatique. Pour les personnes n’ayant jamais manié une arme, l’exercice est plus qu’ardu...
Bref, 46 €, voilà ce qu’il en coûte pour devenir chasseur en France. L’objectif est clair pour la FNC : rajeunir une population adhérente vieillissante et grossir les chiffres du nombre de ses membres puisqu’on se doit d’adhérer au lobby pour pratiquer la chasse chaque année.

De nombreux chasseurs qui envahissent nos campagnes le temps d’un weekend, s’imposent par leur argent.

Sur la minorité que représentent les chasseurs au sein du monde rural [2], une bonne partie qui tient les rênes de la FNC utilise cette pratique pour mener un combat idéologique anti-environnementaliste. 
Ces personnes ne vivent pas toutes en milieu rural, elles ne pratiquent pas une chasse locale sur leur territoire mais envahissent nos campagnes le temps d’un weekend, s’imposant par leur argent avec lequel elles achètent les autorisations de chasse, et opposant diverses incivilités à tous ceux qui auraient le toupet de vouloir leur rappeler le cadre légal. La coupe de clôture semble ainsi être le sport de prédilection. Simple à réaliser, impossible à contrecarrer et causant des désagréments maximaux aux agriculteurs.


Ce sont ces chasseurs-là qui sont courtisés par le gouvernement et/ou que le gouvernement remercie aujourd’hui quand il modifie le prix de la validation du permis de chasse annuel sur le territoire national. 
En effet, seuls 8 % des chasseurs disposent aujourd’hui de ce permis très onéreux — 400 € par an auparavant et 200 € par an désormais —, 86 % se contentant de permis départementaux pour chasser autour de chez eux (moins de 50 euros selon le département). 
En divisant le prix par deux du permis national, le gouvernement entend donc faciliter le déracinement entre chasse et ruralité portant porté en étendard par la FNC. Hypocrisie encore et encore.

En attendant, chaquee weekend un « accident malheureux », diront certains, s’ajoute à la liste des « accidents malheureux » périodiques liés à la pratique de la chasse. 
Des accidents qui n’ont rien de surprenant quand on constate le peu d’exigences requises pour manier une arme de chasse en France. 
Il y aurait donc beaucoup à faire pour réformer, réglementer et contrôler cette pratique. Mais l’urgence, selon le gouvernement, est de rendre la chasse plus accessible…

Cerise sur le gâteau: depuis  le 2 janvier 2018, grâce au Conseil National de la Chasse et de la Faune Sauvage, les chasseurs français ont officiellement le droit d’équiper leurs armes de silencieux (également appelés réducteurs de son ou modérateurs de son) afin de chasser en battue ou à l’approche. Cette mesure met en danger les promeneurs, favorise le braconnage et la chasse des espèces protégées,  y compris sur le terrain d'autrui, permet de tirer à plusieurs reprises sans que l'animal ne prenne peur...


[1] Sur les 64 espèces d’oiseaux dont la chasse est autorisée, 20 sont placées sur la liste rouge de l’Union internationale de la protection de la nature.

[2] 1,1 million de chasseurs sur 13,4 millions de ruraux environ, soit un peu plus de 8 % des ruraux.


samedi 20 octobre 2018

Conseil municipal du 15 octobre: "Vous restez longtemps sous la douche?"

Le Conseil municipal d'octobre a pris connaissance des rapports annuels du service de l'eau (SIDESOL) et de l'assainissement (SIAHVY): 
10 000 kits pour économiser l'eau vont être distribués aux usagers, dont des réducteurs divers, et... un sablier limitant le temps des douches à 5 minutes! Il parait que les enfants aiment les douches longues, très longues, et que dans tout adulte, même quand il est est maire, il reste un peu de l'enfant qu'il a été. Voilà pourquoi le maire (et également président du syndicat des eaux) a déclaré: " Comme si lorsqu'on n'est plus enfant, on ne restait pas longtemps sous la douche!"
Pour les informations sérieuses à retenir de ces rapports, il faut noter:
- le départ de Marcy-l'Etoile et de son millier d'abonnés, pour rejoindre la métropole
- un changement de logiciel chez Suez qui a mis pendant un certain temps un "certain désordre" dans les factures
- la côte d'alerte atteinte pour la nappe du Garon. Il nous faut de la pluie!
- la nécessité de protéger les sources de Vaugneray situées dans les bois
- l'extension de l'assainissement collectif prévue à Planche Billet, place de St Laurent de Vaux, chemin du facteur...
- un budget excédentaire pour l'assainissement non collectif. Nous avons noté la déclaration spontanée suivante de la part du président du syndicat d'assainissement : "Certains élus n'étant pas raccordés, ils ont demandé à ce que les tarifs n'augmentent pas "...
Ces rapports sont consultables en détail en mairie, et sur internet pour le SIDESOL.

Quant aux délibérations:
Nous avons parlé police municipale, écoles, budget, logements sociaux...

Police municipale: 
Vous savez tous que nous partageons pour moitié un agent de police municipale avec la commune de Pollionnay, en application de conventions de mise à disposition pour 3 ans, dont la dernière remontait à ...juillet 2010! Depuis juillet 2013, cet agent officiait donc sans base conventionnelle dans nos deux communes! 
Outre le fait qu'un seul agent de police municipale, en outre à mi-temps, pour une commune de plus de 5000 habitants est une rareté nationale (voir les chiffres officiels (police municipale effectifs par commune ), le fait que son cadre de travail n'ait pas fait l'objet d'attention depuis 2010 est révélateur de l'importance qu'on lui accorde... 
Nous avons eu confirmation par le maire que ce choix d'un service minimum est bien un choix politique, et non budgétaire. Il a été dit en effet, que la police municipale est surtout utile pour fermer les cercueils, mais que les Pompes Funèbres peuvent maintenant le faire à sa place, que les autorisations d'urbanisme (remblais?) et les infractions routières (stationnement?) peuvent quasiment s'autogérer, et que la valeur ajoutée du policier réside surtout dans le contrôle des chiens dangereux...
Nous avons donc régularisé le partage à mi-temps d'un policier municipal avec Pollionnay pour 2013-2016 et 2016-2019...  

Ecoles:
Une classe de 10 élèves, et deux classes de 6 élèves de l'Institut Médico-Educatif Mathis Jeune, Le Chardonnet ...

IME de Vaugneray dessin http://envolsdenfances.hautetfort.com
... sont accueillies maintenant à l'école du centre, avec leurs enseignants. L'accueil de ces classes d'enfants handicapés mentaux modérés, y compris au restaurant scolaire, se passe particulièrement bien et est enrichissante pour tous, enfants et enseignants des deux établissements. Nous avons donc voté sans réserve les conventions qui permettent le fonctionnement de ce partenariat. Les enfants du Chardonnet bénéficieront également de l'intervention de l'association Lire et faire lire Rhône et Métropole de Lyon. Une belle initiative qui pourrait être étendue aux classes de l'école publique?

CAF:
Nous ne dirons rien d'une délibération de principe permettant un échange de données sécurisées entre la Caisse d'Allocations Familiales du Rhône et les services de la mairie. Devons-nous vraiment nous réunir à 31 conseillers municipaux pour approuver une convention purement technique? 

Budget:

- Décision modificative: Il manque des sous pour des travaux dans les bâtiments communaux (Diligence, salle polyvalente, gîtes et appartements communaux) et aussi pour verser une subvention au Service de Soins Infirmiers à Domicile (SSIAD). Chance, le toit du boulodrome peut attendre! 171 709  euros ont donc été heureusement trouvés grâce aux boulistes.
- Ligne de trésorerie: Il faut bien payer les travaux de la salle des fêtes! La Banque Postale nous ouvre une ligne interactive de 300 000 euros indexée sur EONIA + 0.26%. 
- Emprunt: La réhabilitation du logement social au 16 boulevard des Lavandières nécessite un emprunt de 60 000 euros, souscrit en juin auprès de la Caisse des Dépôts. Mais la proposition du banquier était erronée (!), il faut délibérer à nouveau... pour un emprunt sur 15 ans avec un taux indexé sur celui du livret A + 0.60%.
- Receveur municipal: les conseils du percepteur, dans ses fonction de receveur municipal, ont un prix.  L'indemnité de conseil est ainsi votée à 100% du barème légal, ce qui pour Vaugneray représente environ 800 euros.

Subvention au

La résidence Jean Villard a lancé une opération d'extension des locaux du Service de Soins Infirmiers à Domicile (SSIAD)
Il faut faire connaitre ce service, ouvert à tous les plus de 60 ans, qui assure une véritable coordination des soins, notamment pour les retours à domicile après une hospitalisation. Toutes les communes de la CCVL plus Courzieu bénéficient de ce service. 
Pour Vaugneray, la participation aux travaux s'élèvera à 16 109 euros, soit 5 369 euros en 2018, 5 370 euros en 2019 et 5 370 euros en 2020.

Logements sociaux: Une affaire intéressante pour certains!


Les grands bâtiments situé chemin de l'Aube Rose, qui ont abrité un temps une colonie de vacances de l'Association des Paralysés de France, ont été réaménagés pour en faire 12 logements dont 4 logements locatifs sociaux conformément au PLU (1 logement locatif social pour 3 créations de logements, c'est une obligation). Les logements sont occupés depuis le mois d’août.
La Société FR Immobilier, personne morale représentée par son gérant, M. Frédéric Ronzon, a présenté le projet en mars 2018 au Conseil municipal. Nous lui avons alors accordé la subvention de principe prévue par les accords commune/CCVL pour la création de tous logements sociaux, soit 2000 euros par logement. 
L'Agence Nationale de l'Habitat (ANAH) qui gère les dossiers de  subventions et de conventionnement de logements sociaux, a instruit le dossier comme émanant d'une personne morale, ce qui était bien le cas. 
Mais dans ses calculs de rentabilité, la Société FR Immobilier a oublié qu'elle ne pourrait pas bénéficier de la défiscalisation des loyers de ses quatre logements sociaux... 
En effet d'après la loi, les personnes morales soumises à l'impôt sur les sociétés, ne bénéficient pas des avantages fiscaux prévus pour le conventionnement de logements en logements sociaux. Les loyers que FR Immobilier aurait retiré de ses quatre logements sociaux seraient entrés dans son actif, et auraient été soumis au régime des bénéfices industriels et commerciaux (BIC). 
Mais les personnes physiques, elles, soumises aux revenus fonciers, bénéficient d'abattements fiscaux de 30, 60 ou 70% sur les loyers perçus de leurs locations de logements sociaux.
La Société FR Immobilier, s'apercevant de sa "maladresse", a donc annulé son dossier de conventionnement auprès de l'ANAH. 
L'ANAH a reçu quelques semaines plus tard le même dossier, au seul nom cette fois de M. Frédéric RONZON, personne physique, et propriétaire bailleur. Y a-t-il eu modification de la propriété des logements chez le notaire? Mystère! 
Il ne restait plus qu'à demander à la commune de délibérer à nouveau pour retirer la délibération de mars 2018 qui subventionnait FR Immobilier, et pour accorder cette même subvention de 2000 euros par logement social, à M. Frédéric Ronzon lui-même, de sa profession conseiller en gestion et management, et non plus à sa société, FR Immobilier... Et le tour est joué, approuvé par le Conseil municipal qui ne pouvait guère faire autrement...
C'est pour mettre en lumière une pratique certes légale mais guère morale, que deux conseillères d'Union Pour l'Avenir (Mmes Fromm et Chamarie) se sont abstenues de voter cette subvention, et qu'un conseiller d'UPA a voté contre (M.Moreau).

Et pour conclure, le 11 novembre approchant, voici un aperçu de événements prévus pour la commémoration du centenaire de la première guerre mondiale, tels que communiqués au Conseil municipal: 




Prochain Conseil municipal lundi 19 novembre !



samedi 13 octobre 2018

Femmes au chômage, la double peine:!

D'après NOLWENN WEILER, et RACHEL KNAEBELBastamag février 2018

Christine, 53 ans, est auxiliaire de vie pour personnes âgées depuis quinze ans. Payée en « chèque emploi-service universel » (Cesu), par les particuliers chez lesquelles elle travaille, elle trouve que son métier ressemble plus à celui d’une infirmière que d’une aide ménagère : « Je fais le ménage, mais aussi les toilettes des personnes âgées. Je les aide aussi à se lever... » Un jour, il y a cinq ans, un de ses employeurs décède. Puis, Christine se blesse au travail, et tombe malade. Reconnue inapte par la médecine du travail, ses employeurs ont dû la licencier.
Mais Pôle emploi refuse d’abord de l’indemniser. « Depuis quatre ans, c’est toujours la même chose : "On ne peut rien faire pour vous, il manque un papier"... » Son travail d’aide à la personne, avec des horaires fragmentés et plusieurs employeurs, assorti de contrats ultra-précaires comme les Cesu, est un emploi typiquement féminin. Christine, veuve, vit en région parisienne et élève seule un enfant de dix ans.

« C’est plus difficile pour les femmes, bien-sûr, estime Joëlle Moreau, porte-parole de l’association Agir ensemble contre le chômage (AC !). Tous les emplois dégradés sont pour elles : par exemple dans le nettoyage ou le secteur de l’aide à la personne, où l’on trouve principalement des CDD, des contrats précaires, des temps partiels. De plus les femmes mènent souvent plusieurs vies, comme lorsqu’elles sont mères célibataires. »

Le chômage des femmes est invisible

Si le taux de chômage des femmes est aujourd’hui légèrement inférieur à celui des hommes (9,9 % contre 10,2 % en 2016), ces chiffres cachent des inégalités dans l’accès à l’emploi. 
Sur la tranche d’âge des 30-39 ans, le taux de chômage des femmes est ainsi supérieur à celui des hommes (10,2 % pour les femmes âgées de 30 à 39 ans contre 9,2 % pour les hommes). Et elles sont sur-représentées dans les catégories B et C du chômage : celles des personnes recherchant un emploi mais qui ont travaillé un nombre réduit d’heures le mois précédent. Ces personnes ne sont pas comptabilisées dans le le taux de chômage officiel, annoncé chaque mois. Or, au sein de ces catégories B et C du chômage, on dénombre, en décembre 2017, 1,2 million de femmes et 959 000 hommes [1]. C’est dans la catégorie A (personnes sans aucune activité) que les femmes sont, légèrement, moins nombreuses : 1,6 million de femmes contre 1,7 million d’hommes.
Par ailleurs, les personnes qui cherchent un emploi mais ne sont pas immédiatement disponibles, et celles qui ne sont pas considérées comme recherchant un emploi activement, ne sont pas comptabilisées comme étant au chômage [2]
La définition institutionnelle du chômage, qui classe comme chômeurs les personnes souhaitant travailler et disponibles rapidement, rend ainsi invisible le chômage réel ou la précarité subie des femmes, bien plus nombreuses à devoir s’occuper seules d’enfants.

Les découragées, les indisponibles ou les sous-employées


« Pour celles qui ont des enfants, ce critère pose la question de la disponibilité du mode de garde et de son coût, précise l’économiste Séverine Lemière, maitresse de conférences à l’IUT Paris Descartes [3] La question du désir ou non de travailler est aussi à prendre avec beaucoup de pincettes, surtout pour les femmes, insiste-elle. Quand on ne dispose pas de moyen de garde pour ses enfants, ou que son coût dépasse les revenus du travail, la question du souhait de travailler ne se pose pas de la même manière. Le non emploi des femmes est aussi davantage accepté socialement que celui des hommes. » La société considère qu’elles auront toujours de quoi s’occuper à la maison. 
« Rendre le non-emploi plus visible par d’autres indicateurs que ceux du chômage, et prendre en compte les personnes qui ne sont pas immédiatement disponibles pour travailler, est très compliqué politiquement : cela ferait exploser les chiffres ! », avance l’économiste.

Les femmes sont aussi largement plus concernées que les hommes par le sous-emploi, qui réunit notamment les personnes en temps-partiel subis. En 2015, 1,7 million de personnes étaient en situation de sous-emploi, dont 1,2 million de femmes contre moitié moins d’hommes. Le taux global de chômage masque d’autres variables, relève la sociologue Margaret Maruani, auteure de Travail et emploi des femmes, publié par les éditions La Découverte en 2017. « Plus on s’éloigne du chômage officiel pour aller vers le chômage de l’ombre – les découragés, les indisponibles ou en sous-emploi – plus on trouve de femmes », résume-t-elle.

Salaires inférieurs aux hommes et temps partiel imposé

En 2016, près d’une femme sur trois travaillant étaient à temps partiel, contre seulement 8,2 % des hommes [4] Les femmes occupent le gros des emplois fragmentés, telle l’activité d’auxiliaire de vie de Christine, payés en Cesu. Et qui permettent rarement d’arriver à un temps plein. Ce sont encore elles qui supportent la plupart du travail domestique et de l’éducation des enfants. 26 % des femmes qui sont à temps partiel ont officiellement fait ce « choix » pour s’occuper de leurs enfants, contre 6 % des hommes.
Pénalisées par leur surcharge de travail domestique non rémunéré, les femmes le sont aussi par les inégalités de salaires qui persistent. Tous temps de travail confondus, les femmes touchent au total un salaire un quart inférieur – 25,7 % exactement – à celui des hommes. À temps complet, les femmes touchent 16,3 % de moins que les hommes. À poste et expérience équivalents, les femmes perçoivent toujours 12,8 % de moins que leurs collègues masculins.

À revenus et taux d’emploi inférieur, les indemnités de chômage sont, en toute logique, elles aussi inférieures : quand elles sont indemnisées par l’assurance chômage, les femmes touchent en moyenne 200 euros de moins que les hommes. Le montant moyen net d’indemnisation mensuelle est très significativement plus élevé pour les hommes (1074 euros) que pour les femmes (868 euros), notamment en raison d’un moindre recours au temps partiel et d’un salaire moyen plus élevé pour les hommes, relève l’Insee.

« Tout ferme : services publics, collèges, centres de soins hospitaliers »

« Elles ont par ailleurs plus difficultés à se reclasser, ajoute Joëlle Moreau, de l’association « AC ! ». Car dans les secteurs plus féminins, il y a de moins en moins d’emplois. Comme sur les caisses de supermarché, où vous avez désormais des caisses automatiques, avec une seule personne pour les surveiller. Il y a de moins en moins d’emplois où les femmes peuvent s’insérer et elles sont de plus en plus en concurrence avec les hommes. Pour les femmes qui arrivent à 45-50 ans, c’est encore plus difficile. »
Une autre Christine, 58 ans, a travaillé depuis l’âge de 16 ans, comme vendeuse, en boulangerie, en porte-à-porte, ainsi que dans dans le nettoyage. Elle s’est aussi occupé de ses enfants. Aujourd’hui en recherche d’emploi – non indemnisée – depuis des années dans l’est de la France, elle a effectué plusieurs stages avant d’intégrer sur concours une formation « responsable d’atelier de production horticole ». « Diplôme obtenu, je n’ai pas pu trouver d’emploi. Il n’en existe quasiment plus dans ma région. Tout ferme : services publics, collèges, centres de soins hospitaliers... À presque 59 ans, je ne me fais guère d’illusions. Je touche donc le RSA, sauf durant les périodes de formation, où je touche une rémunération. »

« Quand on a plus de 50 ans, c’est mort pour retrouver du travail »

« Quand on a plus de 50 ans, c’est mort pour retrouver du travail, tranche Nadine Hourmant, délégué syndicale FO chez Doux, le volailler qui avait licencié un millier de personnes en 2012. Physiquement, on ne tient plus la marée. Les cadences sont telles, dans tous les métiers, qu’on est pas assez productives. » La formation, tant vantée par l’actuel gouvernement, ne résout pas tout. « L’une des mes anciennes collègues a passé son permis poids lourd, dit Nadine Hourmant. Mais elle ne trouve pas de boulot. Pensez-vous, une femme au volant d’un camion. »

« Les agents de Pôle emploi ne peuvent pas inventer des emplois qui n’existent pas, juge Joëlle Moreau. Mais avant que Nicolas Sarkozy ne supprime la mesure, en décembre 2012, les chômeurs de plus de 55 ans étaient dispensés de recherche d’emploi. Nous demandons que cela soit mis à nouveau en place. » Autre suggestion : la prise en charge de la spécificité du chômage féminin par des politiques publiques spécifiques, à l’image de celles qui sont menées en faveur des jeunes.
Notes

[1Voir ici.
[2Voir la définition du chômage par l’Insee ici.
[3Séverine Lemière est également membre du réseau de recherche Mage (Marché du travail et Genre).
[4Source : Secrétariat d’État chargé de l’Égalité, chiffres 2017. Voir ici.

samedi 6 octobre 2018

Ecoute les arbres parler!

«Ecoute les arbres parler» : c'est l'automne,lâchez les tablettes, redécouvrez la forêt !

(d'après Reporterre, M. Bouquerel 29/9/2018, et Le Parisien, E.Torgemen 15/11/2017)

Il y a quelque temps est paru un livre génial pour les enfants ! Il s’appelle Écoute les arbres parler, de Peter Wohlleben.

Peut-être que vous, parents, connaissez déjà cet auteur, parce qu’il a aussi écrit La Vie secrète des arbres pour les adultes. Écoute les arbres parler, c’est la version pour enfants. C'est une invitation à se promener dans les bois avec les enfants.
Voici trois histoires d'arbres, développées dans le livre, avec lesquelles les parents vont faire un tabac.

Les arbres se parlent

Les arbres sont bien muets mais ils sont capables de communiquer, de se prévenir les uns les autres d'un danger en utilisant le langage des parfums. Dur à croire ? Ainsi, quand un conifère est grignoté par un coléoptère, l'arbre produit un mélange gluant et amer qui coince l'attaquant et sert de signal d'alarme. Cette odeur âcre se répand et les arbres alentour savent alors qu'ils doivent sécréter de la sève avant l'arrivée du coléoptère.

Jamais loin de maman

L'esprit de famille existe aussi chez les arbres. 
Pour les hêtres par exemple, les glands tombent tout près de leur mère. Les jeunes poussent sur place. A l'aide de ses racines, la mère-arbre cherche ses petits pour se connecter sous terre. Les jeunes commencent alors à «téter» de l'eau sucrée. Ils en ont bien besoin car, à l'ombre de la canopée, ils sont incapables d'assurer leur photosynthèse, c'est-à-dire de créer leur propre sucre à l'aide de leurs feuilles. 
Cette nurserie doit impérativement rester à l'ombre. Des «jeunes» isolés inondés de lumière se gaveraient sinon de sucreries avant de mourir prématurément... vers 200-300 ans. «La preuve que, pour les hêtres comme pour les enfants, trop de sucre c'est mauvais pour la santé», glisse Peter Wohlleben.

Bagarre dans les sous-bois

Sous la douce lumière d'automne des luttes terribles se jouent. Car hêtres et chênes se livrent une bataille sans merci. 
La tactique des hêtres ? D'un côté, ils laissent pousser leurs racines sous celles des chênes pour pomper leur eau et les assoiffer. De l'autre, ils se débrouillent pour les dépasser et leur voler la lumière. Avec leurs feuilles dans le noir, ces derniers ne peuvent plus fabriquer de sucre, ils risquent alors de s'affaiblir. Résultat, ils paniquent !
D''ailleurs en levant la tête, on peut reconnaître un chêne qui a peur, parce qu'il se met à faire pousser des feuillages sur son tronc. Mais à cette hauteur il y a encore moins de lumière, c'est un très mauvais réflexe qu'on observe, le chêne est en fait en train d'accélérer sa perte.

Le traducteur d'arbre



S'il existait un traducteur d'arbre, une machine à brancher dans le sol pour traduire en mots les informations qui passent par les racines, les enfants, petits reporters, pourraient poser leurs questions aux arbres comme dans la vidéo ci-dessous:
La forêt où les arbres discutent!


Avant d’écrire des livres, Peter Wohlleben a été forestier. Son métier lui a permis d’apprendre des choses fascinantes sur les arbres. Bien sûr, les arbres sont vivants, comme nous. Ils naissent, grandissent, se reproduisent, vieillissent et meurent. Mais Peter Wohlleben va plus loin : il explique que les arbres savent très bien ce qu’il se passe autour d’eux, ils se parlent et ils prennent même soin les uns des autres. C’est fou, non ?  Et il propose aux enfants et aux parents de  nombreuses expériences dans ce livre magique, comme de repérer l'internet des arbres!

Une expérience à faire : trouver l'Internet des arbres

Bien évidemment, les arbres ne savent pas ce que sont les ordinateurs ni les téléphones. Mais d'après Peter Wohlleben, les grands végétaux éloignés les uns des autres peuvent s'envoyer des messages à l'aide des champignons qui vivent dans les sous-bois, exactement comme les humains utilisent Internet.

Parodiant le World Wide Web, Peter Wohlleben parle de « Wood Wide Web » (« le réseau du bois »). 
Quand un arbre a un message à transmettre, il envoie en fait du liquide à travers ses racines et les champignons font circuler l'info. En suivant les conseils de l'auteur, nous avons donc voulu tenter l'expérience qui le prouve : il faut dénicher des petits filaments blanchâtres qui se croisent à l'arrière des feuilles mortes (photo ci-dessous), « dès que l'on voit de la terre humide et quelques feuilles pourries », parce qu'ils forment le câble central grâce auquel les arbres peuvent communiquer. 
C'est le début de l'automne, il faut chercher des zones où les vieux tas datent de l'année dernière et où les feuilles ont eu le temps de moisir, c'est là que se forment les champignons. 

Les petits filaments blanchâtres qui se croisent à l'arrière des feuilles mortes 
(LP/Lucas Barioulet).