hirondelle des fenêtres
En quelques années, les effectifs d'hirondelles ont chuté de façon alarmante. L'oiseau emblématique de nos beaux jours n'a plus la cote, semble-t-il. La faute à qui ou à quoi ?
À chaque printemps, tout le monde se réjouit de voir les petits oiseaux noirs sillonner le ciel à toute allure. L'hirondelle provoque toujours le même commentaire : «Quand elle arrive, c'est que c'est le printemps». La joie donc. La joie pour qui ? Pour tout le monde sans doute, mais pas pour notre hirondelle précisément.
En quelques années, les effectifs d'hirondelles ont chuté de façon dramatique : entre 40 et 50 %, 48 % selon certains experts. Toutes les hirondelles ne sont pas logées à la même enseigne : il y a plusieurs types d'hirondelles : fenêtre, rustique, rupestre, maritime, rousseline.
Chez nous, présentes, outre l'hirondelle des rochers (rupestre), les hirondelles de fenêtre et les hirondelles rustiques sont en première ligne.
Les «fenêtre» sont les plus touchées par la diminution d'effectifs. La «fenêtre» est, ou du moins était, la plus commune : petite, un ventre et un croupion blancs, elle peuplait les granges, les avant-toits de maisons, avec des nids semi-ronds maçonnés. Les ballets d'hirondelles devant les maisons semblent être révolus. A chaque printemps, les couples d'hirondelles bâtissaient ou retapaient un nid. Un nid fait de boulettes de boue, patiemment modelées et empilées pour former une demi-couronne sous les avant-toits ou les poutres de granges. Pour trouver de la boue, il fallait des chemins creux et pour construire, des endroits accueillants. Qui ne craignent pas les salissures de surcroît.
Ce n'est plus le cas : «L'hirondelle, comme beaucoup d'espèces d'ailleurs, pâtit de notre intolérance à tout», analyse le docteur Claude Guiraud, président du GEEFS (Groupement européen d'étude d'éco-pathologie de la faune sauvage). «Les gens, qui sont contents de leur maison bien proprette, ne tolèrent pas les crottes sur façade, les va-et-vient, les petits cris des oisillons sous les avant-toits : du coup, on détruit les nids, la maison est propre et on est content. Les hirondelles, beaucoup moins. Ne pouvant plus nicher, les effectifs chutent.» Ceci vaut pour les «fenêtre».
hirondelle rustique |
Quant aux «rustique», ce n'est pas mieux : «Les étables ont complètement changé, poursuit le vétérinaire expert, les bâtiments ne sont plus les mêmes, sont beaucoup moins adaptés, sont trop fermés ou trop ouverts, ne se prêtent plus à la nidification. Les hirondelles ne peuvent plus nicher et donc se reproduire. On détruit beaucoup de nids dans les granges au prétexte de propagation de maladie, ce qui est entièrement faux. Quant à la boue pour construire les nids, elle n'est plus aussi accessible qu'auparavant, pour cause de goudronnage des chemins, et ça aggrave le problème».
Pour le docteur Guiraud et pour tous les experts, la chute des effectifs d'hirondelles n'est pas due au hasard : «Il s'agit d'une volonté humaine. Avant, l'hirondelle était l'oiseau du printemps, l'oiseau du bonheur. Maintenant, c'est un oiseau salissant et gênant, c'est tout».
Détruire les nids et les couvées d'hirondelles (ou de martinets) est strictement interdit. La loi du 10 juillet 1976, confirmée par celle du 29 octobre 2009, prévoit, en cas de destruction de nids, une peine de 6 mois d'emprisonnement et 9.000 € d'amende. «Quel tribunal ira prononcer une peine pareille ?, s'interroge le docteur Guiraud. Aucun. Avec les textes, nous avons les moyens d'endiguer le phénomène, mais nous n'en avons pas la volonté.» Tout est dit.
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