mardi 29 mars 2016

CCVL: motion contre l'A45, budget, impôts locaux, déchets verts...

Le premier point à l'ordre du jour de la réunion plénière de la CCVL ce jeudi 24 mars était l'adoption d'une motion contre le projet à nouveau d'actualité d'une deuxième autoroute Lyon-St Etienne: l'A45! 

Les élus à l'unanimité ont réaffirmé l'absurdité de ce projet hors de prix, qui consomme des terres agricoles, ne résout en rien les difficultés d'accès à l'agglomération lyonnaise, et ne tient pas compte de la possibilité de réhabiliter l'actuel A47 ni de développer les transports collectifs par rail. Des études complémentaires étaient prévues dans la COP21, elles doivent être menées, les finances publiques doivent être utilisées à bon escient!
La CCVL s'associe donc aux élus départementaux et nationaux qui réclament à la Région et au département de la Loire de reconsidérer leur position...

Réunion budgétaire par excellence, cette séance de mars a vu l'adoption des comptes 2015 pour le budget principal et pour les sept budgets annexes (Parcs d'activités économiques des Andrés, de Clapeloud, de Maison Blanche, des Lats II, budget Environnement, budget Logement Social, budget Au Malval). 
Avec un résultat de clôture de 834 400 euros pour le budget principal, la CCVL n'a pas besoin d'augmenter la fiscalité locale. Les taux d'imposition resteront donc identiques en 2016, le dynamisme du territoire assurant à lui seul l'augmentation des recettes.
Par rapport à sa strate de population, notre communauté de communes est bien positionnée: le potentiel fiscal par habitant est de 298 euros (278 euros pour les communautés de communes comparables), les dépenses de fonctionnement sont de 262 euros par habitant (contre 391 pour les communautés de communes comparables), les dépenses d'investissement sont de 139 euros par habitant (contre 91 pour les communautés de communes comparables. Enfin, les dépenses de personnel ne représentent que 25% des dépenses réelles de fonctionnement contre 34% dans les communautés de communes comparables.

Compte tenu de ces bons résultats, les budgets 2016, que vous retrouverez sur le site internet de la CCVL, ont pu inclure tous les investissements débattus lors de la séance de février: agrandissement des locaux administratifs, études pour valoriser les parcs d'activités économiques, rénovation de la maison du blanchisseur, importants travaux de voirie, transformation des tennis en salle de spectacles à la demande...

Les élus ont pu voter les premières demandes de subvention pour les associations ayant présenté des conventions d'objectifs: 
- Solidarité Paysans Rhône pour une pièce de théâtre "Nourrir l'humanité, c'est un métier" qui sera jouée en novembre au Griffon (3 000 euros)
- Les Paniers des Vallons pour une étude relative à la restauration collective  comme débouché pour garantir des débouchés à l'agriculture locale (3 000 euros)
- le Groupement d'Employeurs des Vallons du Lyonnais pour renforcer la communication envers les employeurs potentiels du territoire (2 000 euros)
- l'USOL pour l'action "Battle hip hop" du 2 avril à 14H au gymnase de Brindas (500 euros).

Voirie: l'entreprise Eiffage et l'entreprise Colas remportent les marchés à bon de commandes pour le point à temps 2016 et les rénovations de chaussée.

Broyage des déchets verts par les particuliers: innovation! Afin de soulager la déchetterie, submergée par les apports de déchets verts qui représentent 40% du trafic, il a été décidé une aide à l'achat ou la location de broyeurs individuels par les particuliers: l'aide à la location sera de 70 euros par jour ou weekend de location (limitée à 2 locations par foyer et par an), l'aide à l'achat sera de 50% du prix d'achat avec un plafond de 700 euros, limitée à un achat par foyer.

Les circuits VTT du territoire vont être labellisés "Site VTT-FCC" pour s'inscrire dans un réseau national et gagner en impact.

Le tableau des emplois saisonniers a été adopté.

Tout est prêt à la CCVL pour accueillir la saison d'été! 


samedi 26 mars 2016

FNSEA, une organisation patronale ultra-libérale

d'après Jean-Luc Becquaert
http://jean-luc-becquaert.eu/2016/01/


Au même titre que le MEDEF pour les dirigeants d’entreprises industrielles ou commerciales, la FNSEA a pour vocation de regrouper les dirigeants des entreprises agricoles. Majoritaire avec ses 57 % des voix obtenues aux élections professionnelles, elle contrôle la quasi totalité des chambres d’agriculture. Et par le jeu des représentations elle est aussi prédominante dans les conseils des caisses du Crédit Agricole, à la Mutualité Agricole et dans les SAFER qui contrôlent le regroupement et la transmission des terres agricoles.
La FNSEA est donc incontournable et on peut aisément imaginer qu’il est difficile à un exploitant agricole d’échapper à son emprise.
Elu président de la FNSEA en 2010, Xavier Beulin prône le passage à une agriculture industrielle qui contrôle l’ensemble de la filière, de la production à la commercialisation. Lui-même est bien exploitant, avec son frère et ses cousins, de 500 hectares de céréales
Mais c’est surtout comme président du groupe Avril (anciennement SOFIPROTEOL) qu’il règne sur l’agriculture. Cette holding emploie 6500 salariés dans le monde et réalise un chiffre d’affaires de 7 milliards d’euros. Elle est présente dans le domaine des semences, de l’alimentation animale (sa filiale Gion Sanders est leader en France), de la production de viande et dans l’agro-alimentaire notamment avec les huiles Lesieur. Elle contrôle aussi la quasi totalité du marché français du diester, carburant obtenu à partir d’huiles végétales, et bénéficie ainsi d’importantes réductions fiscales sur les bio-carburants.
Face à Xavier Beulin, Pierre Gattaz, le président du MEDEF, ferait presque figure d’artisan avec ses 2500 salariés et ses 203 millions d’euros de chiffre d’affaires au sein de Radiall, le seul groupe qu’il contrôle. Et Xavier Beulin ne se contente pas de la SOFIPROTEOL. Il est administrateur national du Crédit Agricole depuis 2011 (sur nomination des ministres de l’agriculture et de l’économie), il est président du port industriel de La Rochelle et du Conseil économique et social de la région Centre.
On se demande comment il trouve encore le temps de faire pousser son blé…
Pour que l’industrie remplace l’agriculture
Son bilan à la tête de la FNSEA est remarquable : le nombre d’exploitations agricoles qui disparaissent n’a jamais été aussi important (1261 en 2013, soit un nombre en augmentation de 12 % par rapport à l’année précédente). Et c’est logique pour celui qui raille les petites exploitations familiales, de les faire disparaître pour favoriser le regroupement de leurs terres au sein de grandes fermes à vocation industrielle dont , pour certaines il est directement ou indirectement actionnaire, et pour toutes sont clientes des nombreuses filiales du groupe Avril.
Il faut croire que la majorité des exploitants agricoles ne voient pas que celui qui règne sur leur profession est en train de la détruire. Il a pourtant été candidat à la reprise du groupe Doux (production de viande de volailles), alors qu’une des filiales d’Avril est un des principaux importateurs de volailles du Brésil. Avec lui, l’agriculteur qui nourrit la France est mort, celui qui remplit nos réservoirs de carburant est né. Contradictions ? Non, diversification.
Ainsi le président de l’organisation qui lâche des ragondins lors des manifestations et qui projette du lisier sur les bâtiments publics, est avant tout un homme d’affaires redoutable qui n’hésite pas à appeler la gouvernement à la rescousse contre les manifestations anti OGM, ou récemment contre les zadistes qui occupaient le site du barrage de Sivens. Il est vrai qu’il a l’oreille des ministres et même du président Hollande qui avait présidé aux trente ans de la création de la SOFIPROTEOL...
L

mercredi 23 mars 2016

Conseil municipal du 21 mars 2016, ou pourquoi nous n'avons pas voté le budget!

Traditionnellement, la réunion de mars du Conseil municipal est une réunion budgétaire. Vous trouverez les chiffres complets sur le site de la commune vaugneray.com, il n'est pas dans notre propos de les reprendre ici.


Il s'agit d'abord d'approuver les comptes de l'année écoulée, ce qui ne pose guère de problèmes: la gestion technique des finances publiques est bonne à Vaugneray, et nous avons approuvé sans difficultés les comptes administratifs 2015:
-  celui du budget principal (résultat de clôture positif de 470 838 €, en  diminution constante ce qui n'est pas surprenant dans la conjoncture actuelle)
- celui du budget annexe Bâtiment rue de Malval (résultat de clôture négatif de 1 716 161 € car l'emprunt correspondant est affecté comptablement au budget annexe PLH)
- celui du budget annexe PLH (Programme Local de l'Habitat - résultat de clôture positif de 1341 716 €)
L'affectation des résultats antérieurs au budget de l'année ne pose pas de problèmes non plus: il est plus judicieux de laisser le maximum en section de fonctionnement (528  720 €), avec la possibilité éventuelle en cours d'année d'en basculer une partie en investissement, l'opération contraire n'étant pas possible.
Pour tout cela nous avons voté pour!

La discussion devient plus difficile lorsqu'on aborde le budget 2016. 
Il est vrai que les moyens financiers de toutes les communes françaises sont tendus: il a fallu absorber la réforme des rythmes scolaires (augmentation de la masse salariale) et la réforme des permis de construire. L'obligation liée à la construction de logements sociaux pèse lourdement sur des communes comme Vaugneray. Dans le même temps les dotations de l'Etat diminuent! Heureusement les communes nouvelles, comme la nôtre après la fusion avec St Laurent-de-Vaux, connaissent un régime de faveur, pour elles les dotations de l'Etat demeurent "à peu près" stables.
Dans ces conditions, et si l'on ne veut pas augmenter les impôts, il ne reste plus qu'à compter sur l'augmentation possible de la population, sur la revalorisation éventuelle des bases d'imposition, ou sur l'augmentation de taxes annexes: la taxe d'aménagement liée aux constructions n'est pas à son taux maximum à Vaugneray, c'est une piste à explorer au cours de l'année 2016. 
La stabilité des taux d'imposition a donc été votée à l'unanimité, on reste aux taux 2015 de l'ancienne commune de Vaugneray. Les habitants de St Laurent de Vaux s'en félicitent particulièrement car leurs taux d'imposition avant la fusion de communes étaient beaucoup plus élevés. Nous avons donc pour 2016 un taux de 
- 10.30% pour la taxe d'habitation
- 14.89% pour le foncier bâti
- 41.26% pour le foncier non bâti

Les recettes étant connues, reste maintenant à définir les dépenses. C'est là que le bât blesse.

Concernant les dépenses de fonctionnement (4 230 546 €), quelques remarques: il n'a pas été tenu compte de l'augmentation du point d'indice des fonctionnaires dans le calcul de la masse salariale, mais "cela devrait passer quand même"... Pour économiser les dépenses de carburant et faire un geste pour la protection de l'environnement, nous avons demandé si l'achat d'un véhicule électrique était envisageable: éventuellement... à voir dans le cas d'un remplacement... et quand on saura  comment cela se passe à la CCVL dans l'opération Territoire à Energie Positive. A l'évidence, cette question était surprenante! 
Concernant les transports: visiblement, le coût de la navette n'est pas un problème, et les personnes qui pourraient se faire rembourser les abonnements de car/bus ne le font pas toutes, car la somme prévue est en diminution... Le versement transport sur la masse salariale de la commune est toujours provisionné au taux départemental de 0.5%, ce qui exclut toute démarche en faveur du SYTRAL. Au moins c'est clair!

Les dépenses d'investissement (2 682 245 €) nous ont été présentées sous la forme d'un magnifique tableau excel en couleur dont c'était la deuxième version, avec encore une erreur d'addition dans le total des opérations... Une fois les chiffres remis en place (grâce à UPA!), nous avons approuvé les divers aménagements et équipements dans les bâtiments sportifs, l'accessibilité de la place de la mairie, la démolition de la maison du juge Daix, les travaux aux écoles et dans les salles municipales, les travaux de voirie... Notons cependant que la réalisation du rond-point rue des Droits de l'Homme risque fort d'être différée, le département n'ayant plus d'argent pour contribuer...

Mais les conseillers municipaux d'UPA se sont opposés aux programmes concernant

  •  la rénovation de la salle des fêtes (100 000 € rien que pour les études )
C'est sûr, la salle des fêtes n'est plus adaptée. Rénovation, agrandissement, déplacement? Ce sera l'agrandissement, en plein centre du village!
  •  l'aménagement de la maison du parc Vialatoux (350 000 €)
Commerces, logements, salles associatives? Tout cela à la fois! mais rien pour la mairie qui étouffe dans ses locaux et pour un CCAS qui aurait besoin de plus de discrétion...
  • et l'installation d'une salle d'exposition au Clos des Visitandines (190 000 €)
Les visiteurs de cet improbable lieu d'exposition devront d'abord le trouver...
Nous nous sommes opposés à ces projets non pas pour des questions de coût ou d'opportunité, quoique... mais parce que la façon dont le maire agit est contraire à notre vision de la politique communale, qui devrait associer le plus grand nombre dans le processus de décision, et au minimum tous les conseillers municipaux.
Or ces inscriptions se sont faites sans concertation des conseillers municipaux, au gré des diverses commissions qui bien souvent ne font pas de compte-rendu, et donc sans que des solutions alternatives soient débattues ou sans qu'un consensus ait pu se former sur l'opportunité des projets. 
C'est cette méthode de gestion fondée sur l'absence de discussion qui a entraîné notre refus de voter le budget 2016.
NB: A la suite de notre intervention, le maire a promis que des commissions générales fréquentes permettraient de suivre l'évolution du dossier salle des fêtes...

Le Conseil municipal s'est ensuite déroulé "paisiblement": 
- vote de la subvention annuelle au Griffon (les réfractaires à cet équipement ne sont pas dans  notre équipe...), 
- complément au Contrat Enfance Jeunesse pour inclure dans les prestations les familles concernées par la MSA,
- demande de subvention au fonds de soutien à l'investissement public local pour la mise en oeuvre de l'agenda d'accessibilité et pour des travaux d'économie d'énergie,
- reprise des volets roulants installés par un ancien locataire communal,
- confirmation des indemnités de fonction du maire,
- création d'un poste à 7H hebdomadaires pour le Kiosque Information Jeunesse,
- renouvellement de la convention liant l'USOL à la commune,
- participation de la commune au fichier commun des demandeurs de logements sociaux dans le Rhône, pour un coût de 1592 € en 2016 (s'inscrire au CCAS pour une demande de logement social, qui sera accessible à tous les bailleurs sociaux du Rhône).

Prochain Conseil municipal lundi 18 avril! Si vous n'êtes pas en vacances, venez assister à la réunion, soirée passionnante assurée ;-) 


samedi 19 mars 2016

Monsanto: "Nos pesticides ne provoquent que des maladies conformes aux normes européennes!"

Connaissez-vous Le Gorafi, site d'information parodique interactif? L'humour décalé du site a le mérite de frapper juste la plupart du temps. Nous ne résistons pas à vous communiquer l'un des derniers articles sur Monsanto... 
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"Alors que beaucoup reprochent à Monsanto son monopole, qui interdit la variété des exploitations, ainsi que la haute toxicité de ses produits, la société a tenu à se défendre en mettant en avant son respect des règles.
"Ne pas en faire une maladie
"Si de nombreuses études font le lien entre l’exposition aux pesticides et le cancer de la prostate, le cancer hématopoïétique et la maladie de Parkinson, Monsanto tient à rassurer tout le monde :« Ces cancers ne diffèrent en rien des cancers traditionnels, leur taux est certes légèrement plus élevé que la moyenne dans les zones agricoles qui utilisent nos produits mais le développement des métastases est rigoureusement identique. ». 
"Quant à savoir si l’utilisation de produits comme les herbicides, les OGM ou l’agent orange sont à l’origine de ces maladies, le responsable de communication de Monsanto apporte une réponse sans équivoque :«  Je sais les procès qu’on nous fait mais je tiens à dire qu’aucun employé de Monsanto n’est atteint par ces maladies. D’ailleurs, tous les produits servis dans nos cantines sont bio. »
"Une chance pour l’avenir
"Mais loin de faire amende honorable, la société Monsanto contre-attaque :« Nos produits ne sont pas sans conséquences pour les générations futures. Mais il faut appeler un chat un chat : avec la crise, l’augmentation des actes de terrorisme et les prochains albums de Black M, c’est sans doute une chance pour ces enfants de mourir jeunes. »
"La Rédaction du Gorafi"
Pour réagir: http://www.legorafi.fr/2015/03/04/monsanto-nos-pesticides-ne-provoquent-que-des-maladies-conformes-aux-normes-europeennes/

mercredi 16 mars 2016

Laurent Wauquiez assassine la Dombes, les parcs naturels et l’écologie!


 En avant-première pour les lecteurs du blog d'Union Pour l'Avenir, un article d'Yves Paccalet pour le "Plus de l'Obs".

Malheureux Auvergnats-Rhônalpins ! Vous avez voté en majorité pour Laurent Wauquiez aux dernières élections régionales : vous allez le supporter pendant six ans.

 Sachez-le : avec lui, vous êtes gouvernés par le Front national. Laurent Wauquiez mérite son surnom de « Gars de la Marine ». Il ne lui manque que la carte frappée du flambeau tricolore. Il flirte avec la Walkyrie aux cheveux jaunes. Tout pour la sécurité ! La première mesure de sa présidence régionale consiste à installer des portiques de sécurité à l’entrée des lycées, nonobstant l’opposition des proviseurs. Le matin, les élèves mettront une heure à pénétrer dans l’établissement, mais priorité à la détection des kalachnikov. Ou des limes à ongles !
Dans les médias, Laurent Wauquiez joue les prétentieux ridicules en clamant qu’il ne prendra jamais Barack Obama au téléphone un dimanche. Puis il tresse des louanges au populiste milliardaire Donald Trump, dont il déclare (dans un charabia ahurissant pour un ancien de Normale Sup’) : « Il est révélateur de quelque chose qu’aujourd’hui dans les démocraties les citoyens ne veulent plus avoir des gens qui leur disent ce qu’ils ont le droit de penser. »

En matière de protection de la nature, Laurent Wauquiez incarne le désastre que nous promettent la droite décomplexée et l’extrême droite qui siphonne les bulletins de vote. Il privilégie la bagnole en offrant 100 millions d’euros pour l’autoroute A 45, Lyon-Saint-Étienne (l’Assemblée régionale n’a encore rien voté, mais le chef s’en fiche). Le toujours maire du Puy-en-Velay (il ne démissionne de rien : il cumule) passe à la broyeuse le plan d’économie d’énergie élaboré par ses prédécesseurs pour lutter contre le réchauffement climatique. À ses yeux, la COP 21 est une ânerie nuisible. Wauquiez entend balayer les contraintes réglementaires et environnementales, toute cette paperasserie liberticide qui entrave l’initiative des entrepreneurs. Industriels, commerçants, camionneurs, paysans, vous pouvez y aller de bon cœur : saccagez, polluez, vous avez tous les droits, pourvu que vous agitiez la bannière de la « croissance » !

Laurent Wauquiez nomme des représentants du lobby des chasseurs à des postes où l’on aurait besoin de naturalistes, de médecins ou de scientifiques. Il jette à la poubelle les plus judicieuses délibérations des majorités antérieures. Il dit « non » à l’agriculture « bio » et « non » aux transports collectifs. Mais « oui » aux OGM, « oui » aux nanotechnologies, « oui » à l’exploitation des gaz de schiste, « oui » à la mise sous perfusion des centrales nucléaires, y compris des plus vieilles et des plus dangereuses, comme celle du Bugey dont la Suisse réclame la fermeture.
 À peine en place, Wauquiez lance une offensive sabre au clair contre les parcs naturels. Il veut les transformer en coquilles administratives vides, inoffensives et banales, sans autre pouvoir ni programme que de servir les intérêts des ravageurs de sites, des destructeurs de sols, des empoisonneurs d’eau propre et des pollueurs d’air pur. Il caresse dans le sens du poil sa clientèle électorale, à savoir les gros céréaliers, les bétonneurs, les bâtisseurs obsessionnels qui ne cessent d’invoquer l’efficacité économique, l’intérêt général et l’emploi pour mieux se remplir les poches…

Laurent Wauquiez ne s’est pas encore attaqué de façon frontale – mais cela ne tardera guère – aux parcs nationaux (Vanoise, Écrins) et aux parcs régionaux existants (Volcans d’Auvergne, Livradois-Forez, Haut Jura, Bauges, Chartreuse, Vercors, Pilat, Monts d’Ardèche). Il veut tordre ces structures dans le sens de son idéal utilitariste. Il désire les punir pour leur « défaut de rentabilité ». Il a l’intention de leur faire adopter des « projets concrets » pour l’avenir. Traduisez : toujours plus de dégradations, de salissures et de laideurs.

 Laurent Wauquiez se montre beaucoup plus impatient et brutal avec les trois parcs naturels régionaux que nous avions mis en chantier dans la précédente mandature (j’étais conseiller régional Rhône-Alpes). Celui des Baronnies (partagé entre la Drôme et les Hautes-Alpes) a été créé de façon officielle.
Il occupe environ 220 000 hectares de merveilles en Haute-Provence. Laurent Wauquiez et ses féaux tentent de l’étouffer dans son berceau en incitant les communes concernées à ne pas y adhérer, ou (si elles l’ont fait) à s’en détacher à la première occasion. 

 Deux autres parcs n’en sont qu’à la phase préliminaire, dite « de préfiguration ». Le processus semblait en bonne voie. Le parc naturel régional de Belledonne
constituerait une entité admirable, avec ses fières montagnes (le Grand Pic de Belledonne frise les 3 000 mètres), sa vue vertigineuse sur le Grésivaudan, de l’autre côté duquel se dresse le château fort géologique de la Chartreuse ; avec sa faune et sa flore alpines, ses villages préservés et ses stations d’hiver encore à taille humaine… Laurent Wauquiez veut briser dans l’œuf le processus de constitution de cette structure territoriale protégée. Coïncidence ? Par la voix de son maire, la station voisine de Chamrousse a déclaré sa volonté d’aménager (de bétonner et d’artificialiser pour le ski de piste) la sauvage et splendide montagne des Vans. Les défenseurs de la nature se mobilisent. Le dimanche 13 mars 2016, avec les associations Mountain Wilderness, FRAPNA, etc., nous avons grimpé en raquettes ou à skis à la cime de ce trésor géologique et biologique. Nous y avons formé un cœur qui dit notre ferme intention de garder sauvage ce pan de l’Alpe.
L’autre parc naturel régional en phase « de préfiguration » est celui de la Dombes.
Sur ce territoire, le travail a déjà bien avancé. La population en veut. La plupart des élus sont pour. Mais voilà que Laurent Wauquier arrive avec son gros tracteur et déclare qu’il a décidé de « tout remettre à plat ». Il cède « tout », en effet, aux riches céréaliers cultivateurs de maïs. Ceux-ci ont besoin de toujours davantage d’eau pour irriguer leurs cultures, et n’hésitent pas à ravager les étangs qui font la splendeur et la richesse historique et écologique de la contrée…

Qui l’emportera dans la Dombes ? Un Laurent Wauquiez et sa majorité, désireux de remplacer le parc naturel régional par un « programme sur mesure », « ponctuel et ciblé », qui autoriserait l’urbanisation accélérée, la disparition des étangs façonnés par les hommes depuis des siècles, l’empoisonnement des terres agricoles les plus fertiles, l’artificialisation des espaces naturels les plus variés, l’extinction de la biodiversité la plus étonnante ? Ou bien, au contraire, les vrais amis de cette contrée des « Mille Étangs », qu’enchantent les plans d’eau douce reliés les uns aux autres, enluminés de roseaux et de nénuphars, peuplés de canards de maintes espèces, de martins-pêcheurs, de fauvettes, de hérons, d’aigrettes, de busards, demain à nouveau de loutres et de castors ?

 D’un côté, le béton, les routes, les bagnoles, les bulldozers, le drainage, l’assèchement systématique des biotopes aquatiques, les engrais chimiques et les pesticides à gogo. De l’autre, la grâce des libellules et des papillons, des grenouilles et des carpes – avec le plaisir des enfants qui s’en émerveillent…
 
 Deux adresses Internet pour participer aux actions en cours, celle de Mountain Wilderness :

 …et celle de la pétition lancée pour soutenir la création du parc naturel régional de la Dombes :

dimanche 13 mars 2016

Les droits humains ne sont pas inutiles

d'après https://revescitoyens.wordpress.com/2016/01/
À chaque crise, qu’elle soit politique, sociale ou économique, la plupart de nos élus proposent, pour y mettre un terme, de limiter les libertés ainsi que les droits. Sous entendu par là que ce ne sont que des « gadgets »certes très jolis lorsque tout va bien, mais qui deviennent rapidement des handicaps lorsque tout va mal.
Et si, au contraire, les droits humains n’étaient pas un poids mort, mais une des solutions à nos problèmes ?
Vaugneray - rue des Droits de l'Homme 
Commençons peut-être par une petite définition. Lorsqu’on parle des droits humains, on entend par là l’ensemble des droits politiques, économiques, sociaux et culturels d’une personne. Le texte de référence en la matière est la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ( DUDH) de 1948, mais de nombreux autres textes juridiques viennent élargir et protéger ces droits.
Le but des droits humains est d’assurer la dignité humaine de tous. En d’autres termes, s’assurer que chaque citoyen, n’importe où dans le monde, puisse exister et vivre dans la dignité, aller à l’école, se soigner, manger, se loger et travailler dans de bonnes conditions, sans subir de discriminations. Difficile d’être contre à première vue.
Pourtant, de nombreux Etats, des mouvements de rébellion, ou encore des entreprises peu scrupuleuses violent régulièrement ces droits. Pollution sauvage commise par des compagnies pétrolières, usage d’enfants pour faire la guerre ou pour travailler dans les mines, conditions de travail inhumaines, discriminations des minorités,… La liste est longue de tous ce qui peut être commis pour « avoir de la main d’oeuvre », « réduire les coûts de production » ou, encore mieux,  « protéger les citoyens et le pays ». La France n’est d’ailleurs pas épargnée par ce risque, quand on voit les lois sur le renseignement, l’état d’urgence ou encore le traitement réservé aux roms.
C’est à ce moment précis que la plupart des personnes interrogées sur le sujet répondront: « Mais nous, on veux que le monde aille mieux, mais on ne peut pas prendre sur nous toute la misère du monde. Occupons nous déjà de nos affaires et ensuite nous pourrons aider ailleurs ». Cela tiendrait du bon sens le plus élementaire….si ce n’etait pas une très grave erreur.
Sans entrer dans un débat philosophique, on devine facilement que l’on a tout intérêt a protéger partout les droits humains. S’il n’y a pas d’injustices, de discriminations et moins d’inégalités, la société a par conséquent toutes les raisons de bien se porter. La France, de ce point de vue, ne pourrait qu’aller mieux et, ne se concentrerait plus que sur la recherche de solutions crédibles plutôt qu’à chercher des boucs émissaires.
Mais pour de nombreux pays parfois très fragiles, ce serait aussi un moyen inestimable d’éviter crises, guerres civiles et autres coups d’Etat. S’il ne vivent pas dans la peur ou l’injustice, les citoyens des pays plus pauvres pourront alors se focaliser sereinement sur leur développement, gagner plus et, logiquement, chercher à rattraper le niveau de richesse des pays les plus avancés. Ce qui signifie contrats commerciaux ainsi que des emplois pour tous. En d’autres termes, protéger les droits et les intérêts des autres revient à protéger les siens.
Mieux, l’exemple de certains pays nordiques, comme la Norvège ou l’Islande, nous montre qu’associer un respect élevé des droits humains à une participation forte des citoyens à la politique de leur pays permet d’avoir une plus faible corruption, ainsi qu’un niveau de richesse et de developpement parmi les plus élevés au monde.
C’est probablement là qu’est la principale faiblesse des droits humains. Comme la démocratie, ils ne pourront exister et se renforcer que si les citoyens se battent pour eux. À la seconde où ils arrêtent le combat, on sombre dans l’indifférence, l’Etat de droit recule et le pire peut arriver.
C’est là que nous, citoyens, avons un rôle très important à jouer. Que ce soit en rejoignant un parti politique, une association ou une ONG spécialisée comme Amnesty International par exemple,vous pouvez agir pour que le droit soit respecté ou les injustices combattues.

Pour ceux qui n’ont pas la possibilité ou le temps, s’informer et discuter autour de soi des droits humains est tout aussi vital que de voter, de signer ou de faire partager des pétitions. Vous pouvez même créer votre propre association ou parti si vous le souhaitez ! Votre seule limite, que ce soit pour agir en politique comme pour les droits humains, est votre imagination.


À eux seuls, les droits humains ne peuvent évidemment pas résoudre le chômage, empêcher le terrorisme d’exister ou d’éradiquer le choléra; mais si ces droits sont chaque jour un peu plus respectés, cela offrira des conditions telles que la vie tant économique, sociale que culturelle ne pourra que s’améliorer. Pour le bénéfice de tous.
Le combat continue.
Sébastien KEREBEL

jeudi 10 mars 2016

Startiflette ou AURA, quel nouveau nom pour notre région ?

Depuis le 1er janvier 2016, Auvergne et Rhône-Alpes sont réunies au sein d'une même collectivité, Auvergne-Rhône-Alpes. Auvergne-Rhône-Alpes c'est un nom provisoire. L’assemblée régionale doit choisir le nom de la nouvelle région avant le 1er juillet 2016. Celui-ci sera ensuite validé par décret en Conseil d’Etat avant le 1er octobre 2016.

4 500 lycéens ont adressé leurs propositions pour rebaptiser la nouvelle grande Région Auvergne Rhône-Alpes. Il faut croire que le sujet les a peu inspiré car les très classiques    « Auvergne Rhône-Alpes » et « Rhône-Alpes Auvergne » reviennent le plus souvent.

C'est maintenant au tour de l'ensemble des habitants de proposer un nom. Pour cela, il suffit d'aller sur internet avec le lien ci-dessous et de remplir un formulaire .
http://www.auvergnerhonealpes.eu/78-votez-pour-le-nom.htm

Vous avez jusqu'au 25 mars 2016 pour proposer un nouveau nom pour votre Région.

Voilà une bien belle initiative ! C'est bien agréable de donner son avis. On aimerait pouvoir le faire plus souvent et sur des sujets plus importants comme les projets d'autoroute ou encore les lycées et l'enseignement supérieur.

En attendant, on note la sympathique proposition de  "Startiflette" mais qui manque peut-être un peu d'ambitions ....



lundi 7 mars 2016

Etat de la démocratie française expliqué à ma fille de 4 ans

27 FÉVR. 2016  PAR ANNA BLANK
LE BLOG DE ANNA BLANK

(Fable improvisée sur un coin de table un dimanche matin) 
Maman, à quoi tu penses ?
-       A des histoires de grands.
-       Tu peux me les raconter ?
-       Euh… D’accord, je vais essayer. Choisis trois animaux.
-       Un lapin, une poule et un chat.
-       Alors il était une fois un lapin, une poule et un chat qui partageaient le même jardin. Le jardin était beau, plein de belles plantes, d’arbres et de fleurs ; il y avait dedans un grand potager où poussaient de délicieux légumes, et une rivière regorgeant de poissons. Comme tous les jardins, celui-ci devait être entretenu, c’est-à-dire qu’il fallait qu’on s’en occupe. Pour cela, le lapin, la poule et le chat se dirent qu’ils allaient se retrouver un jour pour déjeuner ensemble et qu’ils se mettraient d’accord sur ce qu’il fallait faire, qui ferait quoi et dans quel ordre. Chacun devait apporter quelque chose à manger à ce déjeuner. Le jour du déjeuner arriva et chacun se mit en route. A ton avis, qu’avaient-ils apporté ?
-       La poule avait pris des graines, le lapin des carottes et le chat des croquettes.
-       Non, le chat avait apporté un poisson. OK ?
-       OK.
-       Bon, les voici donc partis, chacun de son côté, pour aller au déjeuner. Mais voilà que le renard, qui n’avait pas été invité et qui était de particulièrement mauvais poil ce jour-là, décida de venir mettre son grain de sel dans cette histoire. Il se mit en travers du chemin de la poule et l’interpella. « Oh la! Poule, où vas-tu comme ça ? ». « Je vais déjeuner avec le chat et le lapin, j’ai apporté des graines. » « Ah, mais sais-tu que j’ai croisé le lapin et qu’il m’a dit qu’il avait l’intention de vous faire manger des carottes à tous les trois ? Tu ferais mieux de te méfier, car je crois qu’il a dans l’idée de faire de toi et du chat des lapins, afin qu’il n’y ait plus que des carottes qui poussent dans le jardin. » « Quoi ?! dit la poule, Moi, manger des carottes ? Il ne manquerait plus que ça, il va voir de quel bois je me chauffe, ce lapin ! » Et elle reprit sa route, bien décidée à ne pas se laisser imposer le contenu de son assiette. Le renard quant à lui attendit de voir passer le lapin, puis le chat, et il leur raconta à tous deux des histoires du même genre, si bien que quand le lapin et le chat se mirent à table avec la poule, ils étaient eux aussi persuadés qu’on allait les empêcher de manger ce qu’ils avait prévu, ce qu’ils aimaient manger. Il raconta même au lapin que le chat et la poule avaient prévu de lui faire manger plein de graines pour qu’il devienne très gros et qu’ils puissent ensuite le manger. Le lapin aurait dû trouver ça bizarre mais quand on a peur, on est prêt à croire pas mal de salades, et c’est ce qui se passa. Donc une fois que les trois amis furent attablés, lorsque la poule s’adressa à eux en disant, « Amis, j’ai apporté des graines, voulez-vous en goûter quelques unes ? » que crois-tu que dirent le chat et le lapin?
-       « Non ! »
-       Voilà, exactement, ils crièrent « Non » avec autant de détermination que toi, et pire encore, ils se mirent à se chamailler et à se lancer leurs assiettes à la figure. Au milieu des cris, on entendait le lapin hurler : « C’est des carottes qu’il faut manger, tout le monde sait bien que ça rend aimable et que ça donne les fesses roses ! ». « Moi, manger des carottes ! hurlait le chat, et puis quoi encore, tu as bien regardé mes oreilles ? C’est plutôt toi qui devrait manger du poisson, tu serait moins idiot ! ». Et la poule hurlait aussi d’une voix perçante « Taisez-vous ! Tout le monde sait que les graines sont la base d’une alimentation saine et équilibrée ! » C’était une terrible cacophonie, pour utiliser un mot que tu aimes beaucoup.
-       Maman, elle est pas bien cette histoire.
-       Oui, oui, mais attend, ce n’est pas fini. Tu te souviens de la petite fille qui avait crié que l’empereur était tout nu alors que les habitants de la ville faisaient semblant d’admirer ses habits neufs ?
-       C’était un petit garçon.
-       Tu es sûre ? On vérifiera. Bon, dans cette histoire, c’est une petite fille qui passait près de là et qui, intriguée par ces cris, s’approcha des trois compères et leur demanda pourquoi ils se chamaillaient ainsi. Elle réussit tant bien que mal à les faire se calmer pour pouvoir entendre ce que chacun avait à dire. Quand ils eurent fini, elle prit la parole. « Ecoutez, pour commencer, réfléchissez à ça : vous vous êtes tellement chamaillés au sujet de ce qu’il ne fallait pas mettre dans vos assiettes que vous n’avez même pas mangé : j’entends le ventre du lapin gargouiller. Or, quand on a faim, on est de mauvaise humeur, pas vrai ? »
-       Vrai. Je peux avoir du chocolat ?
-       Quand l’histoire sera finie, il n’y en a plus pour très longtemps. Donc la petite fille leur conseilla de se remettre à table et de manger leur plat. Quand ils furent rassasiés et un peu calmés, elle reprit la parole. « Bon, pourquoi est-ce que vous vous êtes retrouvés pour déjeuner ? » Le lapin, la poule et le chat se regardèrent un peu penauds. « On avait prévu de discuter de l’entretien du jardin. » « Alors, dit la petite fille, vous voyez bien que pendant que vous vous chamaillez, le jardin n’est pas arrosé, les légumes ne sont pas cueillis, les buissons ne sont pas taillés…Il est clair que vous avez tous les trois des idées bien différentes sur ce qu’il faut mettre dans son assiette pour faire un bon repas. Mais n’avez vous pas plus important à faire aujourd’hui que de vous préoccuper de ce que mange votre voisin ? ». Et c’est ainsi que le lapin, la poule et le chat se réconcilièrent. Ou plutôt, ils continuèrent à se disputer, car ils n’étaient pas toujours d’accord sur la façon de s’occuper du jardin : mais au moins, ils se disputèrent sans se lancer leurs assiettes à la figure.
-       Oui mais, maman…
-       Quoi ?
-       Le renard, il ne va pas manger la poule ?

vendredi 4 mars 2016

Une maison de retraite coopérative et écologique pour que « les vieux » ne deviennent pas « des marchandises »

Ils ne voulaient pas terminer en traditionnelle maison de retraite mais être acteurs de leurs vies. Sept ans après leurs premières discussions sur le bien-vieillir, un groupe de retraités entame les travaux de la première coopérative d’habitants pour personnes vieillissantes. La non-spéculation, la démocratie et l’écologie sont au fondement du projet « Chamarel - Les Barges », situé dans un quartier de Vaulx-en-Velin à l’est de Lyon. Un projet tellement inspirant que la banque a même accordé à ces sexagénaires un prêt sur cinquante ans ! 
Insertion paysagère du projet Chamarel-Les Barges (Arketype Studio)

Rencontre: (PAR 
Le rendez-vous est donné au quinzième étage d’une des tours de Vaulx-en-Velin, dans la banlieue est de Lyon. C’est là que se trouve le siège de l’association Chamarel, créée en 2010, à l’initiative de la première coopérative d’habitants pour personnes vieillissantes. Patrick, Janine, Hélène, Luc et Jean achèvent leur rendez-vous avec un couple de retraités intéressés par leur projet d’habitat coopératif. À dix minutes à pied se trouve le terrain où les travaux ont commencé début décembre 2015. Les seize logements et espaces mutualisés devraient être achevés à la mi-2017. Ce sera l’une des premières coopératives de retraités.

Tout est parti, sept ans plus tôt, d’une discussion entre deux amies sur les difficultés de proches n’ayant pas anticipé leurs vieux jours. « Rapidement, nous avons été plusieurs à nous réunir en se disant qu’il faudrait peut-être en parler pour ne pas emmerder nos enfants », se remémore Patrick, instituteur à la retraite.

« Les vieux deviennent des marchandises »

Autour de la table, tous pointent l’absence de financement pour les foyers-logements et les longues listes d’attente des maisons de retraite. « Ne restent que les “senioriales” (des résidences pour les seniors), inabordables pour la plupart des gens », dénonce Luc. « Les vieux deviennent des marchandises et certains s’en mettent plein les poches », appuie Jean, désireux de trouver une solution pour enrayer le phénomène. « Tous les soins échappent à la décision de la famille, on devient assistés, complète Hélène. Alors que, nous, on veut être acteurs de nos vies. » Ensemble, ils ont entamé une réflexion sur le bien-vieillir. Le groupe s’est progressivement agrandi autour de valeurs communes, afin de vivre au mieux leur vieillesse, avant de se lancer dans la création d’un lieu de vie commun.

Premier défi : trouver le bon statut pour leur projet d’habitat. Une rencontre avec la Fédération française des coopératives d’habitants les convainc de choisir la coopérative d’habitants, une troisième voie entre propriété privée et location. Le principe : regrouper des personnes voulant gérer et améliorer ensemble les logements qu’elles occupent dans un même immeuble. « Nous leur avons présenté les valeurs piliers de la coopérative d’habitants, que sont la propriété collective, la non-spéculation immobilière et la gouvernance démocratique », explique Valérie Morel de la Fédération Auvergne-Rhône-Alpes. « C’était les valeurs que nous défendions, et nous avions là le statut pour les mettre en pratique », se réjouissent les coopérateurs.

Illustration sur la non-spéculation: « Quand vous tapez EHPAD [établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, Ndlr] sur Internet, on vous invite à investir et on vous promet la rentabilité et des défiscalisations », note Patrick, agacé par cette surenchère. « Dans notre projet, la valeur des parts sociales est indépendante de la valeur immobilière. » Les coopérateurs sont propriétaires collectifs de l’immeuble : chacun amène des parts sociales. Mais si l’un d’entre eux quitte le logement, il part avec la valeur de la part sociale détenue au départ, quelle que soit la plus-value prise par l’immeuble. « Notre slogan est plutôt : investissez en parts sociales avec la certitude de ne pas faire de bénéfices ! », plaisante Patrick.

« Une personne égale une voix »

Le projet associatif des Babayagas à Montreuil, une maison de retraite autogérée, citoyenne et écolo, les fait réfléchir sur le mode de fonctionnement à adopter. Ils font le choix de l’autogestion et privilégient les valeurs démocratiques. Accompagnés et conseillés par Habicoop, les adhérents de Chamarel créent en décembre 2012 la société par actions simplifiées (SAS) « Chamarel-Les Barges », du nom du quartier dans lequel se trouve le terrain proposé par la ville de Vaulx-en-Velin.

La SAS – statut également adopté par les résidents du Village Vertical à Villeurbanne – permet de gérer le bâtiment dans l’attente de la légalisation du statut des coopératives d’habitants en France. Par exemple, le vote n’est pas proportionnel au nombre de parts sociales détenues, mais basé sur le principe « une personne égale une voix ». « En général, la décision est plutôt prise au consensus, et ça marche bien, observe Luc. Le consensus, ce n’est pas le plus petit dénominateur commun, mais souvent une troisième solution qui apparaît. »
Photo de membres de l’association Chamarel lors d’un repas coopératif en janvier 2016.
« On a fait une sorte de pari, poursuit Patrick. Quand il y a un chef, les décisions peuvent se prendre plus rapidement. Nous, on prend un peu de temps pour arriver au consensus, mais avec la volonté que le résultat soit plus solide dans la durée. »« Quand on m’a dit qu’il n’y avait pas de chef, ça m’a tout de suite plu ! » sourit Janine, qui rappelle que toutes les décisions sont prises lors des assemblées générales (AG) mensuelles de l’association. Entre chaque AG, les membres s’investissent dans des commissions – « bâti », « communication », « recherche de subventions », « éducation populaire », etc. « Normalement, je n’aime pas les réunions car c’est toujours les mêmes qui parlent, relève Hélène. Mais là, il y a des demandes de prise de parole, une écoute, ça donne confiance et on peut trouver sa place. »

Des murs en paille plus résistants au feu que du béton

En ce début d’année 2016, les réunions se multiplient. « C’est la course avec le chantier et les rencontres avec les artisans pour les devis », confirme Janine. Plutôt que de confier leur projet à un promoteur immobilier, les coopérateurs ont décidé d’être eux-mêmes les maîtres d’ouvrage. Ils ont choisi leur bureau d’études et les architectes, en fonction de leurs capacités d’écoute et de leur sensibilisation à l’écologie. Pour pouvoir peser sur les décisions techniques, les adhérents de Chamarel se sont formés à l’éco-construction, aux côtés de l’association Oïkos.« Nous avons compris que la base d’un bâtiment écologique était l’enveloppe (l’isolation) du bâti, son orientation et le réel savoir-faire des professionnels »,résument-ils. L’abonnement à des revues spécialisées comme La Maison écologique et des visites de chantier – parmi lesquels Le Toit vosgien, un bâtiment de sept étages en isolation paille – ont complété leurs connaissances.

« Ils sont motivés et motivants ! », confirme l’architecte Stéphane Peignier, de la société Arketype. Aux côtés de son collègue Clément Bel, doté de plusieurs expériences en habitat participatif, ils se lancent, avec Chamarel-Les Barges, dans le plus haut bâtiment isolé en paille en région Rhône-Alpes. Plusieurs obstacles ont déjà été surmontés. Un bureau de contrôle a par exemple refusé de valider comme coupe-feu des enduits terre sur paille, faute d’homologation française. Au terme de nombreuses heures de réunion, un nouveau bureau de contrôle a finalement accepté une homologation anglaise. « Les tests ont révélé une tenue au feu de 130 minutes, plus que n’importe quel mur en béton ! » pointe l’architecte Stéphane Peignier. Une ténacité récompensée.

Une construction écologique adaptée aux personnes vieillissantes

Outre l’isolation paille dans la majorité du bâti, les futurs résidents ont choisi des appartements traversants, de la lumière naturelle dans toutes les pièces et dans l’escalier pour inciter à l’emprunter, et une façade principale au sud. Le résultat transparaît sur les plans affichés à l’entrée de l’association. L’immeuble de quatre étages comprendra quatorze T2 de 45 mètres carrés, deux T3 de 63 mètres carrés ainsi que des espaces collectifs au rez-de-chaussée, dont deux chambres d’amis, une salle commune avec cuisine, un atelier bricolage, une buanderie, un bureau pour l’association Chamarel. « On a même prévu un local à vélos que l’on appelle entre nous “garage à déambulateurs” », lance, amusé, Patrick. Les coopérateurs ont également décidé que tous les appartements seraient identiques (double orientation, équipement cuisine similaire, etc.) dans un souci d’équité.

« Les coopérateurs se sont tout de suite posé la question de l’adaptabilité du logement aux problématiques du vieillissement et du handicap », ajoute Valérie Morel d’Habicoop. Ils ont notamment prévu des portes larges et coulissantes, et des facilités d’adaptation dans le temps... « On veut faire quelque chose qui puisse être fonctionnel pour les personnes vieillissantes », confirme Janine. L’emplacement du bâti garantit également une facilité d’accès aux transports en commun, commerces et services. En revanche, les contraintes budgétaires les ont amenés à différer la mise en œuvre de certains choix qui leur tenaient à cœur, comme la récupération de l’eau de pluie ou l’installation de panneaux photovoltaïques pour l’électricité.

Quand une banque accorde un emprunt sur 50 ans à des personnes âgées...

De la ténacité, il en aura aussi fallu pour le montage financier du projet, d’un coût total de 2,46 millions d’euros. Chaque futur résident doit apporter entre 25 000 et 30 000 euros. À ces apports personnels s’ajoutent quelques subventions, notamment de la région, et trois emprunts d’un montant total de 1,7 million d’euros. « C’est fabuleux comme montage, s’enthousiasme Luc. Des personnes âgées ont réussi à emprunter 75 % du coût total sur 50 ans ! Les bailleurs ont fini par accepter car ce projet leur fait de la pub. » « Je me souviens de la première fois où j’ai parlé du projet à mon banquier, renchérit Patrick, la soixantaine. Je lui ai dit qu’on avait un super projet, mais qu’il fallait emprunter 2,5 millions d’euros sur 50 ans... Le mec a toussé ! »

Les sociétaires anticipent également l’avenir. La redevance mensuelle (environ 800 euros pour un T3 et 600 euros pour un T2), sert à rembourser les prêts contractés par la société coopérative. Une partie de cette redevance (environ 30 %) est récupérable à terme, c’est en quelque sorte une épargne obligatoire qui permet à la coopérative d’équilibrer l’opération dans le temps, en intégrant des réserves de trésorerie permettant de maintenir le bâtiment en bon état, de faire face à d’éventuels non-paiement de loyer, à la vacance prolongée d’un logement par exemple. « Cette redevance assure une sécurité pour les bas revenus, sans mauvaise surprise dans les vingt ans qui viennent », précisent les coopérateurs.

Un lieu ouvert, empreint d’éducation populaire

À mesure que les travaux avancent, les coopérateurs envisagent de faire de leur bâtiment une vitrine. « Nous voulons proposer des visites à nos futurs voisins, à des écoliers, des lycéens, des étudiants, des enseignants, des élus », confient-ils. Leurs yeux brillent lorsqu’ils évoquent leur rencontre avec les étudiants d’architecture de Vaulx-en-Velin, ainsi qu’avec les enfants d’une école primaire avec lesquels ils ont échangé. Ces derniers mois, ils ont multiplié leur participation à des ciné-débats et des conférences. « On a vraiment envie que notre expérience puisse servir d’appui à d’autres, que ce lieu fasse réfléchir. » Ils sont également à l’initiative des deuxièmes « rencontres nationales du vieillir ensemble, mieux et autrement », qui se sont tenues en mars 2015.

Pour l’heure, huit coopérateurs se sont engagés à devenir de futurs habitants. Une vingtaine d’autres sont sociétaires et soutiennent le projet, comme Hélène, qui a encore besoin de mûrir sa décision. « Pour habiter ici, il faut être adhérent de l’association pendant au moins six mois, et que chaque partie se connaisse », tient à préciser Patrick. Personne ne doute de l’intérêt que suscitera leur projet.

En Suisse, en Norvège et au Québec, les coopératives d’habitants sont légales, et les listes d’attente s’allongent. « Plus on avance et plus ça devient concret, plus les gens nous disent qu’ils en ont marre d’être des anonymes dans un bâtiment »,observe Jean. Alors que quatorze des seize logements seront en prêt locatif social(PLS), une discussion s’amorce autour de la mixité sociale de leur futur lieu de vie.« Notre problème à Vaulx-en-Velin, ville la plus pauvre du département du Rhône, c’est de faire venir des riches. D’ailleurs, vous en avez déjà rencontré, vous, des coopératives de riches ? »

Si vous êtes intéressé(e) par le projet, vous pouvez envoyer un email à patrickchretien@hotmail.com ou téléphoner au 04 72 04 32 31, et l’association Chamarel vous proposera une date de rendez-vous (voir leur site).