mercredi 16 mars 2016

Laurent Wauquiez assassine la Dombes, les parcs naturels et l’écologie!


 En avant-première pour les lecteurs du blog d'Union Pour l'Avenir, un article d'Yves Paccalet pour le "Plus de l'Obs".

Malheureux Auvergnats-Rhônalpins ! Vous avez voté en majorité pour Laurent Wauquiez aux dernières élections régionales : vous allez le supporter pendant six ans.

 Sachez-le : avec lui, vous êtes gouvernés par le Front national. Laurent Wauquiez mérite son surnom de « Gars de la Marine ». Il ne lui manque que la carte frappée du flambeau tricolore. Il flirte avec la Walkyrie aux cheveux jaunes. Tout pour la sécurité ! La première mesure de sa présidence régionale consiste à installer des portiques de sécurité à l’entrée des lycées, nonobstant l’opposition des proviseurs. Le matin, les élèves mettront une heure à pénétrer dans l’établissement, mais priorité à la détection des kalachnikov. Ou des limes à ongles !
Dans les médias, Laurent Wauquiez joue les prétentieux ridicules en clamant qu’il ne prendra jamais Barack Obama au téléphone un dimanche. Puis il tresse des louanges au populiste milliardaire Donald Trump, dont il déclare (dans un charabia ahurissant pour un ancien de Normale Sup’) : « Il est révélateur de quelque chose qu’aujourd’hui dans les démocraties les citoyens ne veulent plus avoir des gens qui leur disent ce qu’ils ont le droit de penser. »

En matière de protection de la nature, Laurent Wauquiez incarne le désastre que nous promettent la droite décomplexée et l’extrême droite qui siphonne les bulletins de vote. Il privilégie la bagnole en offrant 100 millions d’euros pour l’autoroute A 45, Lyon-Saint-Étienne (l’Assemblée régionale n’a encore rien voté, mais le chef s’en fiche). Le toujours maire du Puy-en-Velay (il ne démissionne de rien : il cumule) passe à la broyeuse le plan d’économie d’énergie élaboré par ses prédécesseurs pour lutter contre le réchauffement climatique. À ses yeux, la COP 21 est une ânerie nuisible. Wauquiez entend balayer les contraintes réglementaires et environnementales, toute cette paperasserie liberticide qui entrave l’initiative des entrepreneurs. Industriels, commerçants, camionneurs, paysans, vous pouvez y aller de bon cœur : saccagez, polluez, vous avez tous les droits, pourvu que vous agitiez la bannière de la « croissance » !

Laurent Wauquiez nomme des représentants du lobby des chasseurs à des postes où l’on aurait besoin de naturalistes, de médecins ou de scientifiques. Il jette à la poubelle les plus judicieuses délibérations des majorités antérieures. Il dit « non » à l’agriculture « bio » et « non » aux transports collectifs. Mais « oui » aux OGM, « oui » aux nanotechnologies, « oui » à l’exploitation des gaz de schiste, « oui » à la mise sous perfusion des centrales nucléaires, y compris des plus vieilles et des plus dangereuses, comme celle du Bugey dont la Suisse réclame la fermeture.
 À peine en place, Wauquiez lance une offensive sabre au clair contre les parcs naturels. Il veut les transformer en coquilles administratives vides, inoffensives et banales, sans autre pouvoir ni programme que de servir les intérêts des ravageurs de sites, des destructeurs de sols, des empoisonneurs d’eau propre et des pollueurs d’air pur. Il caresse dans le sens du poil sa clientèle électorale, à savoir les gros céréaliers, les bétonneurs, les bâtisseurs obsessionnels qui ne cessent d’invoquer l’efficacité économique, l’intérêt général et l’emploi pour mieux se remplir les poches…

Laurent Wauquiez ne s’est pas encore attaqué de façon frontale – mais cela ne tardera guère – aux parcs nationaux (Vanoise, Écrins) et aux parcs régionaux existants (Volcans d’Auvergne, Livradois-Forez, Haut Jura, Bauges, Chartreuse, Vercors, Pilat, Monts d’Ardèche). Il veut tordre ces structures dans le sens de son idéal utilitariste. Il désire les punir pour leur « défaut de rentabilité ». Il a l’intention de leur faire adopter des « projets concrets » pour l’avenir. Traduisez : toujours plus de dégradations, de salissures et de laideurs.

 Laurent Wauquiez se montre beaucoup plus impatient et brutal avec les trois parcs naturels régionaux que nous avions mis en chantier dans la précédente mandature (j’étais conseiller régional Rhône-Alpes). Celui des Baronnies (partagé entre la Drôme et les Hautes-Alpes) a été créé de façon officielle.
Il occupe environ 220 000 hectares de merveilles en Haute-Provence. Laurent Wauquiez et ses féaux tentent de l’étouffer dans son berceau en incitant les communes concernées à ne pas y adhérer, ou (si elles l’ont fait) à s’en détacher à la première occasion. 

 Deux autres parcs n’en sont qu’à la phase préliminaire, dite « de préfiguration ». Le processus semblait en bonne voie. Le parc naturel régional de Belledonne
constituerait une entité admirable, avec ses fières montagnes (le Grand Pic de Belledonne frise les 3 000 mètres), sa vue vertigineuse sur le Grésivaudan, de l’autre côté duquel se dresse le château fort géologique de la Chartreuse ; avec sa faune et sa flore alpines, ses villages préservés et ses stations d’hiver encore à taille humaine… Laurent Wauquiez veut briser dans l’œuf le processus de constitution de cette structure territoriale protégée. Coïncidence ? Par la voix de son maire, la station voisine de Chamrousse a déclaré sa volonté d’aménager (de bétonner et d’artificialiser pour le ski de piste) la sauvage et splendide montagne des Vans. Les défenseurs de la nature se mobilisent. Le dimanche 13 mars 2016, avec les associations Mountain Wilderness, FRAPNA, etc., nous avons grimpé en raquettes ou à skis à la cime de ce trésor géologique et biologique. Nous y avons formé un cœur qui dit notre ferme intention de garder sauvage ce pan de l’Alpe.
L’autre parc naturel régional en phase « de préfiguration » est celui de la Dombes.
Sur ce territoire, le travail a déjà bien avancé. La population en veut. La plupart des élus sont pour. Mais voilà que Laurent Wauquier arrive avec son gros tracteur et déclare qu’il a décidé de « tout remettre à plat ». Il cède « tout », en effet, aux riches céréaliers cultivateurs de maïs. Ceux-ci ont besoin de toujours davantage d’eau pour irriguer leurs cultures, et n’hésitent pas à ravager les étangs qui font la splendeur et la richesse historique et écologique de la contrée…

Qui l’emportera dans la Dombes ? Un Laurent Wauquiez et sa majorité, désireux de remplacer le parc naturel régional par un « programme sur mesure », « ponctuel et ciblé », qui autoriserait l’urbanisation accélérée, la disparition des étangs façonnés par les hommes depuis des siècles, l’empoisonnement des terres agricoles les plus fertiles, l’artificialisation des espaces naturels les plus variés, l’extinction de la biodiversité la plus étonnante ? Ou bien, au contraire, les vrais amis de cette contrée des « Mille Étangs », qu’enchantent les plans d’eau douce reliés les uns aux autres, enluminés de roseaux et de nénuphars, peuplés de canards de maintes espèces, de martins-pêcheurs, de fauvettes, de hérons, d’aigrettes, de busards, demain à nouveau de loutres et de castors ?

 D’un côté, le béton, les routes, les bagnoles, les bulldozers, le drainage, l’assèchement systématique des biotopes aquatiques, les engrais chimiques et les pesticides à gogo. De l’autre, la grâce des libellules et des papillons, des grenouilles et des carpes – avec le plaisir des enfants qui s’en émerveillent…
 
 Deux adresses Internet pour participer aux actions en cours, celle de Mountain Wilderness :

 …et celle de la pétition lancée pour soutenir la création du parc naturel régional de la Dombes :

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