dimanche 26 février 2017

L’accord avec le Canada au Parlement européen adopté

(d'après http://www.patrick-le-hyaric.eu/compte-rendu-reunion-parlement-13-16-fevrier-2017-a-strasbourg/)

Mercredi 15 février

L’accord avec la Canada a été adopté par 408 voix contre 254 et 33 abstentions. Les députés de droite qui ont soutenu ce texte avec l’aide des libéraux et de la moitié des socialistes européens viennent de valider un accord commercial qui s’en prend directement à nos droits et au fonctionnement de notre démocratie.
Ils n’ont aucunement écouté les appels toujours plus nombreux, des élus locaux, des associations, du monde syndical et des ONG -jusque sous les fenêtres du Parlement le jour du vote-, qui n’ont cessé de demander que le Parlement européen reconsidère cet accord.

Rien n’y a fait, ni l’opposition de la commission des affaires sociales du Parlement européen, ni l’appel du rapporteur pour avis de la commission environnement à rejeter l’accord.

Pire, ce sont justement ces oppositions, ces mobilisations, cette prise de conscience des dangers de l’accord avec le Canada qui ont poussé ses partisans à aller toujours plus vite. Ils ainsi systématiquement ignoré les contre-expertises, les doutes, les avertissements, et se sont placés au-dessus des parlements nationaux et locaux lorsque la Wallonie s’est courageusement rebellée.

Cet accord est applicable provisoirement dès le 1er avril sans le vote des Parlement nationaux, comme l’ont voulu ceux qui l’ont négocié : les José Manuel Barroso (l’ancien Président de la Commission) et Karel De Gucht (l’ancien Commissaire au commerce) désormais au service des puissances d’argent qui voulaient tant cet accord.

La droite a eu beau jeu de présenter cet accord avant tout comme un outil de puissance géopolitique, comme l’affermissement d’une alliance euro-canadienne face aux périls du monde. Justin Trudeau le Premier ministre du Canada en a rajouté une couche le lendemain lors d’une visite au Parlement européen en présentant l’accord comme une construction entre partenaires partageant les mêmes valeurs.

La réalité est bien plus crue et les manifestants devant le Parlement européen l’ont admirablement résumée. Ils avaient amené avec eux un Cheval de Troie gonflable, ce qui résume parfaitement ce qu’est l’accord avec le Canada : une ouverture subtile placée au cœur de notre système législatif pour en faire tomber les protections au moment voulu.

C’est d’abord les protections douanières qui vont s’effondrer pour mettre nos entreprises, notre agriculture, et les travailleurs européens et canadiens dans une concurrence impitoyable.

Ce seront ensuite nos droits sociaux et environnementaux qui vont être progressivement défaits par les mécanismes juridiques que créés cet accord : les tribunaux privés qui mettent les investisseurs au-dessus de nos lois, et la coopération réglementaire qui accorde aux lobbys canadien un droit de regard sur toutes les futures législations.

Une première bataille a été perdue au Parlement européen : la levée des barrières douanières est actée. Mais un nouveau champ d’affrontement s’ouvre car l’accord est divisé en deux parties selon les compétences. Les barrières douanières concernent les compétences de l’UE, dont acte. Par contre, la levée des barrières réglementaires relève de celles des États et doit donc encore être ratifiée par les Parlement nationaux.

La courageuse mobilisation contre cet accord doit donc être poursuivie et amplifiée pour que prime nos vies sur leurs profits.

mercredi 22 février 2017

Conseil municipal du 20 février: Parti pris contre respect des règles!

Débat d'orientation budgétaire 2017, convention à la MJC, remblais, tels sont les points principaux examinés au Conseil municipal du 20 février.

Le débat d'orientation budgétaire s'est axé sur le maintien de la capacité d'investissement de la commune, malgré la baisse des dotations et la morosité économique actuelle. Les principaux chantiers 2017 concerneront l'aménagement de la maison du parc Vialatoux (commerce, appartement, salle pour le Club Vermeil), les études pour l'extension de la salle des Fêtes, et la réfection de la place de la mairie.
Rendez-vous le 20 mars pour une analyse détaillée des programmes au moment du vote du budget 2017.

Mais  les véritables débats se sont déroulés sur une autre délibération, celle concernant "la convention avec la MJC pour la participation à un poste de direction". 

Encore récemment, le directeur de la MJC relevait de la Fédération des MJC, avec laquelle la commune avait une convention pour participer au financement du poste. La Région ayant coupé les vivres à nombre d'associations, y compris la Fédération des MJC, ladite Fédération a été mise en redressement puis en liquidation judiciaire.
Il fallait donc trouver un autre schéma pour financer le poste de directeur, sans le mettre sous la coupe de la commune.
Le préambule de la convention, conclue pour 3 ans, comportait la phrase: "L'accès à la culture est un droit fondamental de la formation du citoyen et constitue, avec la vie associative, un garant de démocratie." Un conseiller municipal a souhaité compléter la phrase par: "dans le respect du pluralisme démocratique". S'agissait-il de suggérer que le respect du pluralisme est en péril à la MJC? 
Après un débat animé mais "tout en retenue démocratique", le complément de phrase est devenu "favorisant le pluralisme d'idées"... Nous vous laissons apprécier la délicatesse de la nuance...
Les conseillers d'Union Pour l'Avenir ont ensuite mis en évidence le flou artistique de la convention quant au mode de calcul de la participation financière de la commune au poste de directeur. Il aurait suffit d'indiquer que cette participation venait en complément des autres financeurs éventuels (Département...), comme une subvention d'équilibre en quelque sorte. Cela aurait permis, en cas de défaillance d'un sponsor, de financer le poste en totalité jusqu'à la négociation d'une autre convention triennale. C'était une sécurité bienvenue pour la MJC. Mais non! 
L'explication avancée par le maire au refus de notre proposition est la suivante: "Il ne faut pas faire savoir aux autres financeurs qu'on prend l'engagement d'aider la MJC! Si on met ça dans la convention, la convention c'est un document public, ils (les autres financeurs) vont le savoir, et ils ne paieront plus leur part, et ça retombera sur la commune!" Quelle confiance peut-on avoir dans une convention, quelle qu'elle soit, si les termes en sont pesés de cette façon? Où est la transparence d'un document public, vis-à-vis du public justement? Ce n'est pas notre conception d'un accord public passé avec un partenaire, ni notre conception de l'engagement. Question de positionnement politique probablement... 

Sur les différents accords avec la CCVL votés pendant cette séance , rien à dire. Qu'on partage les marchés de fourniture de bureau et les frais d'instruction des autorisations d'urbanisme (des permis de construire principalement), c'est très bien.
Rien à dire non plus sur la participation aux frais de repas des enfants de l'école privée pour le premier trimestre 2016-2017. Le montant passe de 2,12€ à 2,15€ par repas pour 7 242 repas, soit 15 570,30€.
Rien à dire non plus sur une demande de subvention à l'Etat pour l'aménagement de la maison du parc Vialatoux: subvention au taux maximum de 40% sur un montant de travaux de 445 000€ HT.
Enfin, le Conseil municipal a donné un avis favorable au plan de gestion des boisements et des berges de l'Yzeron présenté par le SAGYRC, en demandant de porter une attention particulière aux coupes d'arbres, qui risquent de déstabiliser les berges et de mettre en péril les oiseaux qui y nichent. 

Et nous avons parlé des remblais sauvages et illégaux, de la Girardière et du Martin!
Pour le maire, tout est simple, les dépôts sont spectaculaires mais il n'y a pas de pollution. Si nous rétorquons que c'est illégal et que les dépôts continuent, le maire répond: "Le Préfet s'en occupe, tout le monde est dessus!" Notons que si le Préfet s'occupe du dossier, ce n'est en tout cas pas du fait du maire... La position du maire a malgré tout évolué, puisqu'il admet maintenant qu'il y a illégalité et mise en demeure. Néanmoins, à nos remarques, il oppose : "Attention au parti pris!" Ce à quoi nous répondons: "Attention au respect des règles!" Tout est dit.

Prochain Conseil municipal pour le vote du budget: lundi 20 mars à 20H30

samedi 18 février 2017

16 février: la CCVL acte le principe d'une vaste salle de spectacles intercommunale!

Pourquoi n'y a-t-il pas de public pour les séances plénières de la CCVL? Les débats y sont autant, sinon plus importants, que ceux des Conseils municipaux...
Exemple immédiat: la séance plénière du jeudi 16 février à 18H30 au cours de laquelle s'est tenu le débat d'orientation budgétaire pour 2017. A part les délégués des communes et les fonctionnaires d'astreinte, seul le correspondant de presse était présent!

Les finances de notre Communauté de communes sont saines: tous budgets confondus, c'est une masse annuelle de 12 millions et demi d'euros qui est gérée en fonctionnement contre environ 5 millions d'euros pour les investissements.

Les charges courantes de fonctionnement, y compris les dépenses de personnel, représentent 40% des dépenses de fonctionnement. Le reste (60%) est consacré aux intérêts des emprunts, aux charges du budget environnement (ordures ménagères et déchetterie), aux charges des parcs d'activités économiques (tels que Clapeloup, les Andrés), aux charges de l'Office de Tourisme, entre autres. 
Les recettes dans un contexte tendu, devraient être stables grâce au dynamisme de nos entreprises. Les taux d'imposition n'augmenteront pas en 2017 et le montant de la part d'ordures ménagères restera stable également. Bonnes nouvelles!

La programmation des investissements s'étend jusqu'en 2021. Pour 2017, parmi les investissements courants, la plus grande part est consacrée à la voirie et au développement économique (parcs d'activité en extension ou en création). 
Pour les investissements nouveaux:
  • on programme dès 2017 la création d'une salle de spectacles intercommunale qui devrait s'achever en 2018. Elle sera construite sur les terrains appartenant à la CCVL au-dessus du Centre de loisirs. Budget oblige, la structure de base se rapprochera d'un bâtiment industriel, ce qui peut correspondre à une certaine esthétique, et surtout elle répondra à un besoin manifeste  De grande capacité, elle devrait être occupée plus de trente semaines par an, y compris par des demandes hors CCVL. On approuve!
    A gauche du Centre de loisirs les terrains où devrait s'implanter
     la future salle de spectacles intercommunale
  • En 2017 on démarrera la construction de nouveaux locaux administratifs pour répondre aux besoins des syndicats intercommunaux déjà rattachés à la CCVL  (SOL, gendarmerie...) ou prochainement accueillis,tels que le SIAHVY (syndicat d'assainissement - s'il décide son rattachement).
  • On démarrera également la construction d'un bâtiment dédié au TYM (Centre de loisirs de Thurins), réclamé depuis longtemps.
  • A la une également en 2017, et à poursuivre les années suivantes: le programme d'équipement en bornes recharge pour les véhicules électriques, le programme de création de voies douces et de parcs à vélos, l'isolation des bâtiments intercommunaux, et les actions agricoles.
  • Prévu pour démarrer en 2019: l'agrandissement du Centre nautique. Ce programme très important se poursuivra sur le mandat suivant.

Un point important de l'ordre du jour concernait le point sur la mutualisation des services entre la CCVL et ses communes membres. 

En 2015-2016 a été créé le service commun ressources humaines. Il gère actuellement 250 agents communaux et intercommunaux, effectue 312 bulletins de paie mensuels, gère les carrières, les absences, la formation, les bilans sociaux, aide aux recrutements... Au sein de la CCVL, ce sont 3,6 ETP qui sont consacrés à ce service.
Le service commande publique est en train de monter en puissance. Il apporte aide et conseils aux communes pour la rédaction des cahiers des charges, permet des commandes groupées de fournitures ou de services, comme les commandes groupées de fournitures de bureau ou pour le balayage des voiries.
Le broyeur de déchets verts mis à disposition des communes
 dans le cadre de la mutualisation des moyens
En gestation, le service dématérialisation et place du numérique dans les relations entre usagers du service public et collectivités.

Qui pourrait dire après cela que les réunions plénières de la CCVL sont inintéressantes et n'impactent pas notre avenir? Au contraire, c'est là que tout se joue!

Vote du budget 2017 le jeudi 23 mars à 18H30
 au siège de la Communauté de communes
20 chemin du Michon (bâtiments administratifs jouxtant la piscine).
 Séance publique évidemment!



mardi 14 février 2017

Dangerosité des remblais sauvages, à court et moyen terme

Un habitant de Courzieu a adressé un courrier au maire de Vaugneray le 9 février dernier au sujet d'un certain remblai, et il nous en a informés.
Y aura-t-il une réponse du maire? Le maire n'est certes pas responsable de la signalisation sur une route départementale, mais il est néanmoins responsable des autorisations d'urbanisme concernant sa commune... et responsable aussi du défaut d'autorisation...et des conséquences qui peuvent en découler!
Voici le courrier en question:

"Monsieur Le Maire, 

Empruntant plusieurs fois par jour la route du Col de la Luère, je voudrais porter à votre connaissance la dangerosité causée par la nouvelle décharge de matériaux en amont du camping de Roche Coucou. 

Ces dernières semaines, avec le mauvais temps et le brouillard, de très gros camions et des tombereaux tirés par des tracteurs agricoles, s’engageaient sur la voirie sans aucune visibilité. En l’absence de signalisation, ceci constitue un grave danger pour les automobilistes, les deux roues et les marcheurs. 
D’autre part on a pu constater 5 à 10 cm d’épaisseur de terre sur la chaussée, dans les virages, lors des récentes pluies. On peut imaginer les risques de dérapage de voitures, et les chutes de cyclistes ( il y en a certainement eu ) et je vous rappelle le décès, il y a quelques années d’un cycliste, heurté par un véhicule qui s’était dévoyé, un peu plus bas, vers l’ancien couvent des Visitandines. 
En outre, il ne s’agit pas de déchargement de terre végétale de bonne qualité physico chimique, mais de déblais provenant de terrassements d’opérations immobilières, terres de couleur jaune, donc argileuses. Déposées en quantité importante, sans ouvrages de drainage et de soutènement, à moyen terme des glissements de terrain seront inévitables. Une partie des déblais marne limoneuse, peut-être polluée ?, va descendre du chemin sur la voirie. La nature des déblais glaiseux ne permettra pas de végétaliser à nouveau le site, les arbustes pouvant être utiles à la stabilisation de la colline.
Mais j’ose espérer que lors du permis d’aménager ou de la déclaration préalable, cet aspect a été traité par les services compétents... 
Je vous remercie pour l’attention que vous aurez porté au présent courrier, et, je vous prie de croire, 
Monsieur le Maire, en mes salutations respectueuses."

vendredi 10 février 2017

« La France est le pays d’une seule ville »

(d'après Nicolas Barriquand - Le Courrier des Maires - février 2017)


Alain Renaud enseigne la géostratégie et la géopolitique au sein de grandes écoles, dont HEC Paris ou l’EM Lyon. Dans son dernier ouvrage "La France, un destin", aux Editions L'Harmattan) il dresse, entre autres sujets, un réquisitoire contre le centralisme français, « un facteur clef de faiblesse ». Et déplore une régionalisation manquée.
Pour nous, habitants de la deuxième région française en PIB, ce constat résonne douloureusement...

Que signifie l’existence dans notre langue du mot « province » ?
Que la France est le pays d’une seule ville. C’est son grand problème. «Province » – un mot que je n’aime pas beaucoup – mixe dans un magma imprécis tout ce qui n’est pas Paris, qu’il s’agisse d’une très grande ville comme Lyon ou d’un tout petit village du fin fond des Cévennes.
Aujourd’hui, le mot « régions » tend à le remplacer…
Cela ne change rien ! C’est néanmoins plus sympathique, on évite de réduire tout ce qui n’est pas la capitale à une seule entité. Mais la question reste de savoir si l’Île-de-France est une région parmi les autres…
En quoi « l’hypercentralisation » affaiblit-elle la France ?
On oublie qu'elle a d’abord été un facteur de force pendant des siècles. Après la période gauloise, notre pays présente une particularité : l’Etat français, créé par les rois, précède la nation française. Quand il conquiert d’autres territoires, il s’oppose à des nations qui sont éclatées, comme l’Allemagne ou l’Italie. C’est ainsi qu’à la fin de l’empire de Charlemagne, la France a grignoté ce qu’on appelait la Lotharingie que l’Allemagne n’a pas pu défendre faute d’état fort.
Alors à partir de quand la centralisation devient-elle un handicap ?
Quand nos voisins ont également bâti des états forts. Aujourd’hui, nos voisins ont tous adopté une structure sinon fédérale, du moins régionalisée : Allemagne, Espagne, Italie, Belgique et la Suisse avec son propre système. En Europe il n'y a que deux exemples de pays semblables à la France : le Danemark et la Grèce. Le plus frappant, c’est que notre organisation s’apparente à celle des pays les moins développés de la planète. Sans parler des pays émergents qui sont pour la plupart dans des systèmes fédéraux, le Brésil, l’Inde, la Chine… Ils comptent tous plusieurs grandes métropoles qui se concurrencent entre elles dans l’intérêt du dynamisme de leur pays.
L’hypercentralisation ne serait donc pas adaptée à la mondialisation ?
Elle n’est plus de ce monde. La France perd contre un certain nombre de pays car les politiques pensent qu’avoir tout centré sur un seul lieu est une facilité. C’est vrai quand il suffit de traverser la ville pour régler une affaire. Mais ce système ne permet de développer qu’un seul territoire. La centralisation est non seulement politique, mais aussi économique et culturelle.
Quid de l’essor de métropoles comme Bordeaux, Nantes ou Lyon !
Effectivement ces villes se développent, parfois très rapidement, alors que Paris paraît ankylosé, figée dans son histoire. Toutefois les choses n’ont pas tellement changées depuis Jean-François Gravier [auteur en 1947 de "Paris et le désert français"]. Le désert n’existe plus mais l’essentiel du pouvoir reste à Paris. Dans la tête de beaucoup d’hommes politiques, la crainte de l’éclatement est toujours vivante.
En dehors de la Corse, les mouvements régionalistes sont pourtant moribonds…
Oui, mais c’est lié à l’Histoire. L’Etat français s’est créé parce Paris a gagné contre les autres féodalités. Aujourd’hui encore, nombre de dirigeants redoutent un retour de l’irrédentisme s’ils accordent trop de pouvoir aux régions. Les médias nationaux parlent encore sans états d'âme de « barons locaux »... Cette vision sous-entend que sans l’Etat français, tout ne serait qu’interminables querelles gauloises. 
 Paris perd chaque année 100 000 habitants. Cette dynamique démographique ne  rend-elle pas optimiste ?
Sur le long terme, les migrations interrégionales vont rééquilibrer le territoire en faveur du Sud et de l’Ouest. Mais attention, il n’y a pas que Paris au nord. Le Nord Pas-de-Calais, la Lorraine, l’Alsace souffrent du phénomène de l’héliotropisme. Quoi qu’il en soit, l’époque où tous les Provinciaux qui avaient du talent montaient à la capitale semble révolue. Aujourd’hui, « on part s’installer en région ». Seuls certains domaines ne s’y prêtent pas, comme les médias. A l’exception d’Euronews à Lyon, qui n’est pas français, et d’Arte à Strasbourg, une exception spécifique, aucun média national n’est installé dans une grande ville qui n’est pas Paris. Problématique…

D’autres domaines ?
La politique bien sûr. C’est en partie logique pour la ville capitale. Mais dans un système qui serait plus démocratique, les représentants des régions, présidents d’exécutif ou sénateurs, devraient avoir un poids plus important à Paris sans avoir à y passer tout leur temps. Dans l’économie enfin, à quelques exceptions près comme la famille Mulliez dans le Nord ou Michelin à Clermont-Ferrand, toutes les grandes entreprises françaises se sont installées à Paris. Les nouvelles technologies pourraient changer la donne. Elles permettent une mobilité qui échappe à la centralisation. De plus en plus de personnes vivent dans plusieurs endroits, ce que Jean Viard appelle « la société de l’archipel ». Ce phénomène ne favorise pas la régionalisation – qui nécessite une volonté politique – mais il freine l’hypercentralisation.
Et le passage de 22 à 13 régions ?
C'est un espoir déçu. Bien qu’on leur reconnaisse désormais un rôle économique, les régions sont à peine plus fortes, car elles n’ont pas de moyens. Auvergne Rhône-Alpes a un budget dix fois moins important que le Bade-Wurtemberg, en Allemagne. Bien sûr, les länder prennent en charge l’éducation, mais tout de même ! La régionalisation à 13 a certes corrigé des imperfections, comme la Normandie coupée en deux, mais elle a aussi créé des absurdités totales… La Bretagne n’a toujours pas Nantes et le Grand Est met les habitants d’Epernay avec ceux de Strasbourg. Cela n’a aucun sens ! 
Quelle régionalisation alors ?
L’Etat devrait supprimer tous les fonctionnaires d'Etat déconcentrés – y compris ceux des impôts – pour laisser les régions s'organiser. Dans certains pays, même la police est régionalisée, sans que cela fasse courir un risque de sécession…

lundi 6 février 2017

Le bâtisseur de cathédrales

D'après Alors voilà  blog d'un médecin généraliste, Baptiste Beaulieu

"L'autre jour un de mes lecteurs m'a écrit un bref résumé de sa vie.

Il a travaillé dans le BTP et il a ses deux ménisques pétés à force de poser des bordures de 120 kg.
Il m’écrit « j’ai un corps déglingué ».

Il raconte sa sciatique, aussi, et sa capsulite rétractile de l’épaule. 
Sa capsulite ? Le médecin de la sécu estime qu’elle n’est absolument pas liée à toutes ces heures passées à enfoncer 4 000 fiches de 35 cm dans de l’enrobé à coups de masse (3 kg, la masse…).
Il me dit que la seule chose qu’il a réussi à sauver, la seule partie de son corps à ne pas avoir été donnée à la pierre, ce sont ses mains. Il me dit « mes mains ne parlent pas, contrairement aux mains de mes collègues : les coups de marteau, les traces de goudrons… elles crient, leurs mains ».
Il écrit cette phrase exacte : « Ils ont les sacs de ciment qui leur transpirent par la peau ».
Il m’écrit « Moi, ma fierté c’est de pouvoir dire à mes enfants : Tu vois où tu marches sur cette place, j’ai posé le dallage.Tu vois ce bassin d’orage sur l’autoroute, c’est moi qui… »
Parfois, le soir, il leur dit :
« Tu vois la place de la cathédrale de Dax ? J’y ai cassé mon dos deux ans. »
Cet homme, (...) il gagne 12 € brut/h.
L'été, l'hiver. Sans chauffeur. Sans frais de bouche.
Cet homme, (...) il a 43 ans.

Alors (...) vous comprendrez pourquoi on est un certain nombre dans ce pays à être hors de nous, à enrager, et à vouloir préparer nos bulletins de vote avec des pavés."

jeudi 2 février 2017

"Ca donne envie (...) de les jeter au fond de l'Yzeron!"

Association SECOL – samedi 21 janvier 2017 – Vaugneray, théâtre du Griffon

Le film « l’intérêt général et moi », consacré aux grands projets inutiles (dont l'A45) vient d'être projeté, et  vient d'être suivi d’un débat animé.
Cocteau Mot Lotov (Lionel Lerch), slameur aux mots brûlants, slame en direct, en écho au film et aux échanges avec la salle. Il slame, dans la foulée, le texte ci-dessous:


Lutter n’est pas un projet inutile



"A l’inverse d’une autoroute, je ne ferai pas de concession !
Nous vivons au milieu d’une danse macabre
Une valse de voiture qui fait tomber les arbres
Une danse qui nous cause de déchéance
alors qu’on avance sur une autoroute à double non-sens
Non-sens économique, non-sens écologique
Destruction de terres agricoles
Sacrifier le rural pour développer la métropole
Aller de plus en plus vite
pour une vie de plus en plus vide, en hors-sol
« Mais c’est égoïste de vouloir couper les Ailes-G.V.
d’un train, d’un aéroport, d’un développement qui s’envole
L’intérêt général est défini par le politique
dans le cadre de la République
Alors chacun son rôle
Et s’il vous plaît, ne parlez pas de mafia, de dessous de table
pour projet non-rentable, soyez raisonnable… »
Ça me met les nerfs, alors j’use d’un langage mercenaire
Danse macabre, tout se délabre
Tu vis tranquille, au plein air
Un verre de mojito à la main
Tranquille dans ta bulle, jusqu’à ce qu’arrive le bulldozer
Tant pis pour toi !
Même si les chiffres sont faux, l’enquête publique fait force de loi
Tais-toi, arrête de hurler là
sinon tu deviens hors-la-loi
Ne joue pas au héros, sinon c’est canon à eau et lacrymo
Toi, t’es que citoyen de la République
Tu ne peux rien contre l’argent-roi
Et puis, le pays, faut l’équiper
Et n’oublie pas, c’est toi qui paie le PPP (1)
Et puis t’es qu’un péquenot débile
qui ne comprend rien aux besoins des élites mobiles
Des élites qui bougent, comme Barroso qui se barre
pas au zoo, mais chez Goldman
Ça donne envie de les mettre tous dans le même Sachs
et de les jeter au fond de l’Yzeron
Allez, viens, entre dans la danse
Le député te l’a dit
« C’est pour l’avenir de Vinci
Euh, pardon de la France »
C’est notre destin
Depuis Pompidou, Chalandon, Giscard d’Estaing
toute cette pensée du progrès sur notre esprit a profondément déteint
et on s’est soumis à la raison d’Etat
La démocratie est une espèce menacée
Des infrastructures il y en a assez
Il faut déjà les moderniser
avant de venir détruire l’habitat du triton crêté
Même si défendre cette petite bête paraît crétin
C’est en fait là que se joue notre destin
Ça n’est pas au détail
C’est vital, comme de dire : pas du béton, du bétail !
Alors un temps d’échanges
car les temps changent
et qu’on n’a pas trois planètes de rechange
Entre dans la danse de la résistance
La lutte n’est jamais un projet inutile
Il faut faire la différence entre l’essentiel et le futile
Il faut faire barrage face aux saccages
Le monde n’est pas encore Mor-Nant
Mais il faut du rassemblement contre l’A45 et autre projet dément
aux si lourds financements
Sinon un jour nous serons tous des poissons
enfermés dans un tunnel mal éclairé
avec même plus un carton de rouge pour se désaltérer
De la déclaration des droits de l’homme
à la déclaration d’utilité publique
Soyons des César qui défendons notre Rome
La ZAD est aujourd’hui le laboratoire d’un avenir démocratique
Ça n’est pas qu’une question de proximité géographique
Souvent on se bat quand le problème est proche de chez soi
Mais ces problèmes sont tous proches de toi
puisque c’est ton argent, tes impôts qu’on gaspille là
Il faut donc exercer ses droits
pour ne pas laisser ces lignes autoroutières, ferroviaires, aéroportuaires
continuer à grande vitesse de filer tout droit
Pour moi, c’est la conclusion du débat :
Il n’y a pas le choix
Il faut continuer le combat."

(1) PPP: partenariat public-privé