D'après Le Parisien, 29 janvier 2019
Avec la loi Alimentation, les prix de certains articles vont bondir en supermarché depuis le 1er février. Concernant par exemple 24 produits phare, le ticket de caisse flambe de 6,3%... Pourquoi cette hausse?
Un pot de Nutella dont le prix bondit de 8,4% (tant mieux, on mangera moins de Nutella et moins d'huile de palme!), des yaourts Danone plus chers de 6%, du lait Guiguoz affichant + 8,1%… Voici quelques exemples d’envolées de prix à partir du 1er février. Dans tous les hypermarchés et supermarchés de France, de nombreux produits de grande consommation verront leur prix gonfler en raison d’une nouvelle réglementation.
Combien de produits concernés ? Globalement, dans un hypermarché, sur un catalogue de 25 000 références, quelque 1 000 produits verraient leurs tarifs augmenter. Dans un supermarché, sur 13 000 références, 500 à 600 produits seraient impactés, avec une hausse moyenne de 5 à 6%.
Les produits concernés sont l’épicerie sucrée et salée, les boissons alcoolisées et non alcoolisées, le « frais en libre-service » (pizza, fromage, etc.) et les aliments pour animaux.
Mais comment de telles hausses de tarifs sont-elles possibles ? Tout vient des Etats généraux de l’alimentation de 2017, qui se sont soldés par la loi Alimentation votée en octobre 2018, et qui entre pleinement en application ce 1er février 2019. Lors de ces Etats généraux, décision a été prise de mieux rémunérer les agriculteurs, en tenant davantage compte de leurs coûts de production. Pour les produits agricoles (viande, poisson, lait, fruits et légumes essentiellement) vendus en grande surface, les distributeurs sont donc priés de réduire leurs marges, afin de garantir un meilleur revenu aux agriculteurs. Pour le consommateur, les prix de vente, eux, sont quasi stables.
Mais il fallait une contre-partie pour les distributeurs! C'est ce qu'ils ont obtenu dans la loi Alimentation, votée à grand renfort de lobbying...
En effet, en échange de l'effort des distributeurs sur les produits agricoles, la loi Alimentation relève le « seuil de revente à perte » (SRP) de 10% sur les produits alimentaires ou la nourriture pour animaux. Derrière ce vocable technique de SRP se cache une réalité simple : tout produit acheté 100 euros par un distributeur doit être revendu au moins 110 euros au consommateur. Autrement dit, la grande distribution a désormais l’obligation (!) de faire 10 % de marge sur une flopée d’articles.
Des hausses surtout sur les produits aux marges faibles
Quels seront précisément les produits concernés ? Les plus les plus touchés seront les produits sur lesquels les marges étaient jusqu’à présent très faibles, voire au plancher.... du fait de la rude bataille commerciale entre les enseignes.
Sans surprise, on retrouve dans cet inventaire à la Prévert les produits « listes de courses », qui se retrouvent très souvent dans le chariot des ménages, des produits dont les consommateurs connaissent souvent le prix exact, car ils en achètent régulièrement, voire à chaque fois qu’ils font leurs courses. Sur 24 produits star (voir illustration), la hausse moyenne est de 6,3 %.
Certes, le pot de Nutella ou le pastis Ricard ne sont pas des produits très diététiques et on peut/on doit en réduire la consommation. Le souci de la santé du consommateur n'est cependant pas l'objectif premier de la loi Alimentation...
Ce sera également la fin des superpromos, car la loi interdit aussi les promotions supérieures à 34% sur un produit. En clair : les opérations « 1 produit acheté = 1 produit offert », équivalant de facto à une remise de 50%, ne seront plus autorisées. De plus, seuls 25% des volumes de produits peuvent faire l’objet d’une promotion. Certes, nous ne verrons plus les émeutes provoquées l'année dernière par une promo monstre sur le Nutella, et ce n'est pas un mal. Mais les promos représentent en moyenne 17 % de la dépense des Français (données Nielsen). Chaque année, ce sont 141 euros qui sont ainsi économisés et jusqu’à 253 euros pour les « chasseurs de promotions », ces consommateurs qui scrutent à la loupe les catalogues.
Pour limiter la casse, les distributeurs étudient des solutions dans deux directions: baisser les prix de leurs marques propres ou augmenter les avantages des cartes fidélité par exemple. Nous verrons à l'usage...
En septembre dernier, Michel-Édouard Leclerc, patron des hypermarchés Leclerc, avait évoqué « une ponction d’un milliard d’euros sur le pouvoir d’achat ». Au ministère de l’Agriculture, on tempère : « Cette hausse des prix ne représentera que 7 % du panier de la ménagère. » Une broutille, on vous dit!
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