Le Comité de suivi "amiante" vient de rendre son rapport au Sénat. Créé en février 2013 au sein de la commission des affaires sociales du Sénat, il a d'abord travaillé sur l'indemnisation des victimes, et à partir de janvier 2014, il s'est penché sur le problème du désamiantage. Le rapport est accablant!
Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé dès 1977 toutes les variétés d’amiante comme substances cancérogènes avérées pour l’homme. L’amiante a été interdite en 1997.
Il reste 200 000 tonnes d’amiante en place.
L’amiante provoque 3 000 décès par an.
Selon la Direction générale de la santé, on dénombrera d'ici 2050, 18 000 à 25 000 décès par mésothéliome et 50 000 à 75 000 décès causés par cancer broncho-pulmonaire en lien avec une exposition à l'amiante.
Selon les chiffres officiels, l’amiante aura fait 100 000 morts en 2050.
Si des mesures rapides ne sont pas prises par les pouvoirs publics, le désamiantage sera fait dans des conditions catastrophiques et c’est une seconde épidémie qui pourrait se développer.
Elle touchera notamment les salariés du bâtiment (ils sont un million) dont les petits artisans, les salariés des entreprises de désamiantage, mais aussi les riverains.
Tous les bâtiments publics et privés construits avant 1997 (date de l’interdiction en France de l’amiante) contiennent potentiellement de l’amiante (l’ANDEVA estime à 20 millions de tonnes les matériaux contenant de l’amiante encore en place).
Le comité de suivi a fait 4 séries de propositions:
Il faut absolument mettre en place un pilotage national interministériel afin d’élaborer une stratégie nationale avec un calendrier et des priorités (sans doute sur plusieurs décennies). Il faut créer une structure de coordination interministérielle rattachée au Premier ministre. Il faut également instituer une mission d’appui pour les maîtres d’ouvrage publics, flécher des crédits vers la recherche et le développement et créer une plateforme internet unique sur le risque amiante à destination à la fois du grand public et des professionnels.
Le repérage de l’amiante est aujourd’hui assez défaillant. C’est un maillon faible. Des mesures sont proposées, par exemple pour former de façon rigoureuse les diagnostiqueurs, et pour informer l’ensemble des professions du bâtiment des risques. Il faut également créer une base de donnée internet avec tous les DTA (diagnostics techniques amiante) et renforcer plus généralement la coordination et la cartographie
Pour renforcer la sécurité des travailleurs exposés à l’amiante, il est proposé par exemple de demander aux organisations professionnelles de sensibiliser leurs adhérents à ce risque, de renforcer le rôle des CHSCT et de l’inspection du travail et d’élargir la possibilité de « l’arrêt de chantier amiante »
Pour mieux protéger la population en général enfin, plusieurs propositions: abaisser le seuil d’amiante dans l’air déclenchant les travaux de désamiantage, mieux informer les particuliers sur la gestion des déchets, aider les employeurs publics à contacter les agents susceptibles d’avoir été exposés à l’amiante et renforcer les effectifs de l’InvS (Institut national de veille sanitaire).
En conclusion, l’amiante n’est malheureusement pas un problème du passé: bientôt 20 après son interdiction officielle – bien tardive -, il est urgent d’alerter sur ce défi du désamiantage.
http://www.senat.fr/notice-rapport/2013/r13-668-notice.html
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