samedi 28 juillet 2018

Alerte! C'est la surchauffe!



(d'après https://www.notre-planete.info/ 26/07/2018)


Alors que la France est affectée par une chaleur et une sécheresse persistante depuis plus d'un mois, plusieurs régions du monde connaissent également des épisodes de chaleur extrême, notamment l'hémisphère Nord et même les régions polaires.
"Ces vagues de chaleur sont comme souvent liées à des « dômes d'air chaud » peu mobiles, pouvant parfois stagner sur une même zone pendant quelques semaines, voire des mois. Le plus exceptionnel d'entre eux est probablement celui qui touche la Scandinavie" explique Météo-France dans son actualité.

Europe : la Scandinavie bat de nombreux records de chaleur

A cause d'un blocage anticyclonique persistant depuis plusieurs semaines sur l'Europe du Nord, la Scandinavie et plus précisément la Fennoscandie (Finlande, la péninsule Scandinave, la Carélie et la péninsule de Kola) connaît des températures record. La température a même dépassé les 30 °C au-delà du cercle polaire !
Ainsi, en Norvège, une température record de 33,5 °C a été relevée à Badufoss le 17 juillet, et dans la région finlandaise de Kevo, le mercure a atteint 33,4 °C, précise l'Organisation Météorologique Mondiale.
Toujours en Norvège, "la température est montée jusqu'à 33,7°C à la fois le 16 juillet à Frosta et le 18 juillet à Drag (record de juillet pour le comté de Nordland). Plusieurs stations ont observé un nouveau record absolu tous mois confondus (32,4°C à l'aéroport de Trondheim-Vaernes, 30,4°C à Bodo, en Norvège, 32,6°C à Mo I Rana et à Namsskogan le 18/07). 
Plusieurs records de chaleur jusqu'à l'extrémité nord de la Scandinavie le 19 juillet (en Laponie norvégienne, comté du Finnmark) parfois à plus de 70°N de latitude comme par exemple les 33°C à Lakselv ou 32.7°C à Berlevåg, soit plus de 15 degrés au-dessus des moyennes climatologiques ! 
Dans la nuit du 18 au 19 juillet, sous l'influence de vents de sud soufflant jusqu'au nord de la Scandinavie, la température n'est pas descendue sous 25,2°C au phare de Makkaur (à une latitude de 70.7°N sur la côte nord du Finnmark, au bord de la mer de Barents ! Il s'agit de la nuit la plus chaude jamais observée dans le nord de la Scandinavie et le record pour l'Arctique." détaille Météo-France.
Et ce n'est pas terminé :
  • en Suède, on a relevé jusqu'à 34,4°C à Uppsala le 16 juillet, température la plus haute dans cette ville depuis 1975.
  • Un record absolu a été battu près du cercle polaire à Kvikkjokk avec 32,5°C le 17/07.
  • En Finlande, le mercure est monté jusqu'à 33,7°C à Vaasa le 18 juillet.
  • 33,4°C mesurés le 18 juillet à Utsjoki Kevo (à plus de 69°N de latitude), nouveau record absolu de chaleur pour la Laponie finlandaise.
  • Records aussi à Rovaniemi (32.2°C) ou encore à Sodankyla (32.1°C).
  • En Laponie russe, Mourmansk a dépassé la barre des 30°C pendant 4 jours consécutifs du 17 au 20 juillet (jusqu'à 32,2°C le 18/07) et ce seuil est de nouveau atteint ce 25 juillet.

Sécheresse sur le nord de l'Europe

Dans une grande partie du nord de la Sibérie, la température était exceptionnellement élevée en juin 2018. Cette tendance s'est poursuivie la première semaine de juillet où la température n'étant pas descendue en dessous de 30 °C pendant plus de cinq jours. 
Dans la région de Krasnoïarsk, des anomalies quotidiennes de 7 °C au-dessus de la normale ont été enregistrées et les incendies mettent déjà en péril quelque 80 000 hectares de forêt.Cette vague de chaleur s'inscrit dans le prolongement d'un mois de mai exceptionnellement sec et chaud dans le nord de l'Europe qui a notamment profité à l'apparition de quelque 50 incendies de forêt en Suède à la mi-juillet. 
En Irlande, l'ensemble des stations du pays font état d'une sécheresse absolue.Le Royaume-Uni, quant à lui, a connu sa première moitié de l'été la plus sèche depuis le début des relevés, puisqu'il n'est tombé que 47 mm de pluie du 1er juin au 16 juillet.
Enfin, le nord de la France connaît actuellement de fortes températures (supérieures à 35°C), mais aussi l'Espagne, l'Autriche, la Pologne, les Pays-Bas, la Grèce où des incendies meurtriers se sont déclarés.




Afrique : probable record absolu de chaleur battu

À Ouargla, dans le Sahara algérien, une température maximale de 51,3 °C a été enregistrée le 5 juillet, battant le précédent record de 50,6°C à In Salah le 12 juillet 2002. "Tout semble indiquer qu'il s'agirait de la température la plus élevée jamais relevée en Algérie par des instruments fiables. En effet, selon la base de données des extrêmes météorologiques et climatologiques de l'OMM, le record africain de température est actuellement détenu par la ville tunisienne de Kebili, où le thermomètre est monté à 55 °C en juillet 1931. Mais la fiabilité des relevés de température effectués pendant la période coloniale en Afrique a été remise en question", précise l'OMM. Dans ce cas, il pourrait s'agir du record de chaleur pour l'Afrique.
"Cette chaleur, principalement algérienne, a ponctuellement débordé sur la Tunisie : des niveaux records ont été observés à Tozeur (49.2°C le 5/07) puis à Kairouan (48.3°C le 14/07). Plus récemment, Touggourt (Algérie) a aussi battu son record absolu (496°C le 21/07)," ajoute Météo-France.
Le 28 juin, à Qurayyat, au sud de Mascate, sur la côte du Sultanat d'Oman, une température minimale quotidienne de 42,6 °C a été enregistrée, ce qui signifie que la température n'est pas descendue en dessous de ce chiffre pendant la nuit !
Aux Emirats arabes unis (E.A.U.), le thermomètre a atteint 51.4°C à Saih al Salem le 11 juillet, record absolu pour la région de Dubaï et une des températures les plus élevées jamais mesurées sur les E.A.U.

Asie : de nombreux records de chaleur battus

La chaleur n'épargne pas certaines régions du continent asiatique où de nombreux records de chaleur ont été battus :
  • le Japon a battu son record de chaleur avec 41,1° à Kumagaya (le précédent record est de 41°C mesurés à Shimanto le 12 août 2013) et 40,8 °C a été relevé à Oume le 23 juillet.
  • Tokyo a atteint 39°C, 3e température la plus élevée jamais mesurée dans la capitale nippone en 144 années de mesures (pas loin du record absolu de 39,5°C datant de juillet 2004).
  • Du 14 au 25 juillet, Kyoto a dépassé à 8 reprises son ancien record mensuel de chaleur (qui était de 38.3°C) et à même égalé son record absolu tous mois confondus avec 39.8°C le 19/07, le tout avec des températures minimales nocturnes comprises entre 25 et 29°C !
  • En Corée du Sud, Séoul a atteint 38°C le 22 juillet (à 0,4° de son record absolu). La nuit suivante a été exceptionnellement chaude avec une minimale de 29,2°C au plus  « frais » de la nuit.
  • En Corée du Nord, la température a atteint 39,7°C à Wonsan le 22 juillet, un record absolu en plus d'un siècle de mesures.
  • Azerbaïdjan : 42.7°C à Bakou le 1er juillet, record absolu de chaleur battu.
  • Géorgie : 40.5°C à Tbilissi le 4 juillet, record absolu de chaleur battu.
  • Arménie : 42.4°C à Erevan le 12 juillet, record absolu de chaleur battu.
  • Afghanistan : Kaboul a battu son record absolu de chaleur, avec 40,5°C le 22 juillet (à 1 790m d'altitude).
  • En Iran, 53°C a été mesurée à la station agrométéorologique d'Ahwaz le 2 juillet.
Le nord de la Chine connaît également des températures très supérieures à la normale.

Amérique du Nord : jusqu'à 52,9° dans la Vallée de la Mort en Californie

Le 24 juillet, 52,9°C a été relevé à Furnace Creek dans la Vallée de la Mort (Californie - Etats-Unis), après 52 °c le 8 juillet 2018. La Vallée de la Mort (Etats-Unis) est l'endroit le plus chaud de notre planète et détient le record de température mondial avec 56,7°C en 1913.
"D'autres régions de la Californie ont également subi des températures extrêmes. Au centre-ville de Los Angeles, un nouveau record de température minimale nocturne de 26,1 °C a été enregistré le 7 juillet. 
À Chino, près de Los Angeles, une température record de 48,9 °C a été relevée. Le 6 juillet, un record absolu de 45,6°C a été établi à l'aéroport de Burbank, le dernier datant de 1971 (45°C) et à l'aéroport de Van Nuys, le Service météorologique national des États-Unis a enregistré une température record de 47,2°C.
Le Service météorologique national des États-Unis a diffusé un avis de température élevée pour le sud-est de la Californie, ainsi que le sud-ouest et le centre-sud de l'Arizona, valable jusqu'au 25 juillet. La température pourrait atteindre 46 °C dans la vallée de Las Vegas et 53 °C dans le parc de la Vallée de la mort." explique l'OMM.

Juin 2018 : le 2e mois le plus chaud jamais enregistré

Selon le Service Copernicus de surveillance des changements climatiques du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (CEPMMT), à l'échelle du globe, juin s'est placé au deuxième rang des mois de juin les plus chauds jamais enregistrés. Jusqu'à présent, l'année en cours est la plus chaude année La Niña jamais observée.

Records de chaleur : le réchauffement climatique en cause ?

Ces records de chaleur ne signifient pas qu'il fait uniformément bien trop chaud sur la surface de la Terre, certaines régions connaissent des températures plus fraîches que la normale. Cependant, "à l'échelle globale les anomalies chaudes sont prédominantes et plus intenses que les anomalies froides", précise Méteo-France.
"De nombreux chercheurs tentent de déterminer si les changements climatiques et l'évolution marquée de la température de surface de la mer, amplifiés par une variabilité naturelle pluridécennale élevée, contribuent à des effets plus importants en modifiant la circulation atmosphérique, entraînant ainsi un plus grand nombre de « situations de blocage ». Même s'il n'est pas possible d'imputer d'emblée l'occurrence de vagues de chaleur ou d'épisodes de chaleur extrême spécifiques aux changements climatiques dus à l'activité humaine, cette possibilité cadre avec les scénarios scientifiques." explique l'Organisation Météorologique Mondiale.
La multiplication des vagues de chaleur et l'augmentation de leur intensité fait partie des scénarios prévus par les rapports du GIEC sur le changement climatique. Depuis maintenant près de 40 ans, la température moyenne mondiale ne cesse d'augmenter, tandis que l'entrée dans le XXIe siècle s'est soldée par des records successivement battus de chaleur.






samedi 21 juillet 2018

Conseil municipal du 16 juillet: "Le gars il est chez lui, il fait un peu ce qu'il veut"


Conseil: Si vous êtes pressés, allez à la fin de l'article en premier, il y a des nouvelles intéressantes. Ensuite vous pourrez savourer tout le texte...

Petite affluence au Conseil municipal de juillet, sans doute parce que l'on a parlé révision et modification du PLU
Rien de bien notable à première vue: des erreurs à rectifier sur les espaces paysagers et les emplacements réservés, une réduction de l'espace paysager du parc Vialatoux pour permettre l'accessibilité de la maison, des modifications mineures du règlement écrit...
Mais le point principal de la modification consistait à fixer de nouvelles règles pour pallier la disparition des COS (coefficients d'occupation des sols) et la disparition des minimums de surfaces constructibles, du fait de la loi ALUR de 2014. L'urgence est d'éviter la division incontrôlable des parcelles constructibles et ses conséquences: explosion du nombre d'habitants et du besoin d'équipements, impossibilité de respecter les obligations de construction de logements sociaux, et surtout modification irréversible de l'aspect du village... 

Les COS seront donc remplacés par les CES (coefficients d'emprise au sol), et d'autres règles s'appliqueront comme celle de la demi-hauteur pour le premier niveau, ou celle du recul de 4 mètres entre deux bâtiments. A noter que cette règle du recul de 4 mètres entre deux bâtiments ne s'appliquera pas pour les annexes comme c'est déjà le cas dans certaines zones.
Ce qui a entraîné ce commentaire remarquable (et remarqué) du maire: "C'est normal. Après tout, le gars il est chez lui, il fait un peu ce qu'il veut!"

Non, Monsieur le maire. Si le Conseil municipal a inclus cette possibilité dans le règlement du PLU, ce n'est pas parce que "le gars il est chez lui", et qu'on veut favoriser les intérêts particuliers! C'est uniquement parce que ce n'est pas contraire à l'intérêt général.  En suivant votre raisonnement, nous comprenons mieux les remblais irréguliers et le laxisme en urbanisme en général... Votre conception de la liberté et de la loi n'est pas la nôtre!
Pour le détail des révisions / modifications du PLU adoptées le 16 juillet, nous vous conseillons d'aller sur le site de la mairie ou de contacter le service urbanisme

Entre deux passages de mobylettes pétaradantes (les fenêtres de la salle du Conseil municipal étaient ouvertes et la nuit était chaude), nous avons parlé affaires scolaires:

Les activités périscolaires sont reconduites à la rentrée 2018 et à la rentrée 2019. Quant à l'avenir plus lointain, on n'a aucune visibilité... Sainte-Consorce et Vaugneray sont les seules communes de la CCVL à avoir gardé la semaine de quatre jours et demi. 
Pratiquement l'école de St Laurent-de Vaux et les maternelles auront des activités mardi, jeudi et vendredi de 15h30 à 16h30. Les primaires de l'école du centre auront des activités trois fois par semaine en rotation les lundis, mardis, jeudis et vendredis de 15h30 à 16h30 également. Si les petits de maternelle n'ont pas le choix de leurs activités, les enfants de primaire ont 4 possibilités d'activités. Comme les années précédentes, les intervenants mairie collaborent avec l'USOL, la MJC, la médiathèque... Pratiquement tous les enfants sont inscrits à ces activités éducatives qui demeurent un franc succès.

Repas au restaurant scolaire: Bien que le fournisseur ait augmenté ses tarifs de 2 centimes par repas, le prix payé par les parents restera le même à la rentrée, soit 3,80 euros le repas enfant et 5 euros le repas adulte. Le repas non pris reste facturé à 2 euros. Seul le repas commandé à la dernière minute augmente: il passe de 5,10 euros à 5,50 euros.
Rappel: le délai d'inscription au restaurant scolaire est de 14 jours à l'avance. On peut modifier l'inscription jusqu'à 7 jours à l'avance. Plus tard c'est le tarif dernière minute qui s'applique... Le restaurant scolaire fournit 270 repas par jour environ, et les inscriptions ont beaucoup augmenté notamment en maternelle. Ce qui justifie une certaine rigueur dans l'organisation.


Du côté de la CCVL: La communauté de communes nous rend d'insignes services... qui ont un coût, et les huit communes mettent parfois leurs ressources à disposition de la CCVL, ce qui est également chiffré. Ce calcul savant "gagnant-gagnant" s'appelle l'attribution de compensation, qui peut être négative,  ou positive selon le cas. 
Du fait du transfert de la compétence communale GEMAPI (Gestion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations) à la CCVL, du fait aussi de la gestion des ressources humaines communales par la CCVL, et du rééquilibrage de la taxe d'habitation au profit de Vaugneray après la fusion avec St Laurent-de-Vaux, l'attribution de compensation 2018  sera de 78 455 euros pour Vaugneray. Une somme qui n'est pas à négliger! 

On gère voirie et immobilier!

Chemin du facteur, un feuilleton qui continue: Le Conseil municipal a donné son accord pour bénéficier d'une servitude de passage sur la bordure des lotissements des Iris et des Cajettes Fleuries avec pose de ralentisseur... aux frais de la commune! Le même acte notarié comportera une servitude de tréfonds au bénéfice de la commune en vue de passer l'assainissement. Espérons que ce dossier qui dure depuis plus de 10 ans trouvera son aboutissement.

ZA des Deux Vallées: la vente d'une parcelle de terrain entre deux entreprises a nécessité un document d'arpentage, document qui a révélé une légère occupation indue du domaine de la commune par le précédent propriétaire. Pour régulariser la situation, l'acquéreur achète la surface concernée à la commune, soit 20m² pour 1600 euros (80 euros le m², prix du terrain en zone artisanale). 

16 bd des Lavandières, avant travaux! Photo N.Forquet
Rue du Dronaud: signature d'une servitude de tréfonds entre ENEDIS et la commune pour le passage en souterrain des branchements électriques liés à l'extension de la salle des fêtes.  

Emprunt pour le logement social 16 boulevard des Lavandières: c'est le logement en cours de réhabilitation dans la maison du parc Vialatoux.  L'emprunt de 60 00 euros est souscrit auprès de la Caisse des Dépôts au taux du livret A augmenté de 0,60%. Ce qui donne un taux final de 1,35% sur 15 ans.

Paperasserie: 

Une décision modificative est nécessaire pour tenir compte de la nécessité d'amortir les subventions d'investissement, d'augmenter les crédits pour le site de la Déserte, et de supporter les charges financières de l'emprunt 2018. Le tout pour un montant total de 15 682 euros en fonctionnement et 23 728 euros en investissement. 
Les recettes correspondantes sont piochées dans divers comptes budgétaires, et surtout dans les "dépenses imprévues"...

Emplois communaux: La liste des emplois non permanents autorisés pour surcroît temporaire d'activité a été réactualisée. De même que le tableau des effectifs pour modifier le temps de travail de deux agents.

Dernières nouvelles!

Transports:

Suite à notre demande, la mairie a procédé à l'examen comparatif des dépenses et recettes résultant de l'abandon du service du C24 en 2013. Les chiffres  (nombreux et guère lisibles) projetés à l'écran pendant quelques (rapides) minutes concernaient 2017... et le tableau était très fourni... Il incluait même dans le bénéfice pour la commune les "économies" réalisées par les entreprises avec les deniers publics et les sous des usagers, ou comment additionner des choux et des carottes... 
Nous avons admiré (rapidement) ce tableau dont nous n'avions pas eu connaissance auparavant, et nous avons noté la satisfaction du maire. Nous en avons demandé une copie, le maire nous a confirmé que ces chiffres étaient publics. Nous vous les transmettrons dès que possible avec nos commentaires. 
A ce jour, près d'une semaine après le Conseil municipal, nous n'avons toujours pas eu connaissance de ce tableau! 

A45: Il faut rester vigilants, tout n'est pas bouclé. Malheureusement l'association d'élus constituée (ALCALY) semble avoir baissé la garde...

Gestion de l'éclairage public : 

On éteint l'éclairage public, on le baisse, on l'économise, quand, comment, où, pourquoi? Le Comité de développement durable consulté le 28 juin, avec une dizaine de personnes présentes (malgré un appel à la population), a rendu son verdict: il faut consulter! 
Et donc, chers Valnégriens, le bulletin communal de septembre devrait comporter un questionnaire "à but pédagogique en même temps" pour vous "informer" et pour connaitre vos multiples "ressentis" sur la question... Courage aux rédacteurs du questionnaire!

Concernant la consultation des Valnégriens, nous rappelons que les années 2012-2013-2014 ont vu, à l'initiative d'Union Pour l'Avenir, le combat contre la suppression du C24, bus reliant directement Vaugneray et Gorge de Loup. Plusieurs pétitions dont l'une comportait plus de 2000 signatures, une réunion publique au Griffon avec les représentants du SYTRAL qui a fait plus que salle comble, et plusieurs manifestations avec la participation de centaines de personnes, ont été royalement ignorées par la municipalité...

Les décideurs actuels n'ont pas changé. 
La mairie de Vaugneray consultant sa population, c'est un oxymore! 
Ne s'agirait-il pas plutôt d'enterrer le dossier de l'éclairage public en le reportant aux calendes grecques?

Pas de Conseil municipal en août, rendez-vous en septembre! 
Bel été à tous! 




samedi 14 juillet 2018

Un petit pétard pour le 14 juillet?

Et si nous faisions le point sur la circulation du cannabis en France? Un article paru dans Le 1 du 4 juillet nous y aide. Sa conclusion?

INTERDIRE EST FACILE, RÉGULER C’EST MIEUX!
 

Propos de Gaspard Koenig, recueillis par Éric Fottorino et Laurent Greilsamer


Question:  Génération Libre, think tank (ou laboratoire d’idées) indépendant d’inspiration libérale dont vous êtes le président, vient de publier une note demandant la légalisation du cannabis. Quels sont vos principaux arguments ?

Réponse de Gaspard Koenig: Nous constatons que cinquante ans de prohibition n’ont pas eu les effets escomptés. Au contraire, la consommation de drogues ne cesse d’augmenter, leur dangerosité aussi ! La pénalisation de la consommation et de la vente du cannabis en 1970 n’a rien amélioré. Ce n’est pas à l’État d’apprécier ni de juger si les citoyens ont le droit ou non de consommer tel ou tel produit. Le rôle de la puissance publique est de s’assurer que le produit est fabriqué dans les conditions les plus saines possible et que le consommateur est bien informé. Tout cela ne peut pas se faire dans un contexte de prohibition. Actuellement, l’État n’est pas dans son rôle. Il interdit pour des raisons morales au lieu d’expliquer et de faire de la prévention. 

Q: Pourquoi insistez-vous autant sur l’importance du contrôle de la qualité du cannabis et de sa traçabilité ?

R: La légalisation permettrait aux consommateurs de savoir précisément ce qu’il y a dans le produit qu’ils achètent. Aujourd’hui, les taux de THC, la principale substance psychoactive du cannabis, ne cessent d’augmenter. Le cannabis fait non seulement l’objet d’un trafic clandestin, mais il est lui-même trafiqué. Toutes sortes de produits encore plus addictifs et nocifs lui sont ajoutés. Légaliser la vente du cannabis permettrait déjà de séparer sa diffusion de celle des autres drogues. N’oubliez pas que le cannabis a été expérimenté par 17 millions de Français au moins une fois. La France constitue le plus gros marché européen.

Au Colorado, j’ai visité une exploitation de plusieurs milliers de plants, chacun étiqueté avec un code-barres. Il existe des contrôles d’hygiène et sanitaire encore plus forts que dans les autres industries. On connaît la composition, le taux de THC de chaque variété, qu’il s’agisse de cannabis sous forme d’huile pour le vapotage ou sous forme de produits comestibles (cakes, gâteaux, bonbons, eaux minérales, etc.). La vente de ces produits se fait obligatoirement par parts ou petites doses égales qui permettent de se repérer dans sa consommation. Voilà une action intelligente de l’État et du régulateur. Interdire est facile, informer, réguler c’est mieux.


Q: Après le Canada qui vient de voter la légalisation du cannabis, la France va-t-elle franchir le pas ?

R: On n’entend plus du tout parler de légalisation, de cette promesse de la campagne électorale d’ouvrir le débat. La proposition de loi sur la dépénalisation portée par un jeune député LR est très décevante. En France, le sujet est pourtant devenu banal. Des élus de droite à Marseille ont demandé la légalisation dans une tribune. La question du cannabis n’est plus un sujet d’ordre public mais de santé publique. 

Q:La puissance publique n’a-t-elle pas l’intention de légaliser le cannabis à des fins thérapeutiques ?

R:La ministre de la Santé a fait une déclaration très importante début juin à ce sujet. Elle ouvre la voie. Mais pour le coup, la France est très en retard dans ce domaine. Les bienfaits thérapeutiques sont prouvés.

Le Sativex, à base de cannabinïdes THC et CBD, est utile par ex pour la sclérose en plaque
Le cannabis permet aux patients en cure de chimio de retrouver l’appétit, par exemple. Et il existe bien d’autres usages médicaux du cannabis. C’est une plante dont l’homme s’est approprié les vertus depuis deux mille cinq cents ans ! Sur ce plan, je ne crois pas qu’il y ait de résistances très fortes. 


Q: Quel serait l’impact économique d’une légalisation pour l’État et pour les territoires ruraux qui pourraient se consacrer à cette culture ?

R: La légalisation fait baisser la criminalité de manière automatique, donc les coûts policiers et judiciaires, tout en augmentant les recettes fiscales. Dans le Colorado, ce secteur a généré un chiffre d’affaires d’un milliard de dollars annuel. Les taxes prélevées ont notamment permis d’investir dans la prévention.

Mais, au-delà de cet avantage, ce pourrait être un moyen de relancer des territoires en difficulté. Je pense aux DOM-TOM, où il existe différentes variétés. Dans l’Hexagone, l’exemple de la Creuse, qui manifeste son intérêt pour cette production, montre bien qu’il y a des possibilités. C’est un mouvement mondial. Il est temps de se poser la question : veut-on conquérir ce marché ? Pour l’instant, aucun pays européen n’a autorisé sur son sol la production industrielle. 


Le but ultime de la légalisation, c’est de transformer le dealer en petit entrepreneur. Ça, c’est plus compliqué, car une fois la légalisation acquise, c’est plutôt l’industrie qui prend le dessus. Quand vous vous rendez à la Foire du cannabis de Denver, vous constatez que les entrepreneurs de ce nouveau secteur pourraient être des cadres de l’assurance. Ils sont en costume. Cela devient très vite un business comme un autre.

Q: Quelles seraient les conséquences de la légalisation du cannabis sur l’économie des quartiers sensibles et sur la filière d’approvisionnement marocaine ?

Ce sont deux questions très sensibles. La légalisation va sortir le trafic des banlieues et risque de paupériser encore davantage ces territoires. Il faudra regarder de près l’expérience californienne, en particulier pour l’octroi de licence. Il ne faut pas conditionner la capacité de vendre à l’absence de casier judiciaire. Il y a un travail législatif important à mener. Il faudra faire en sorte que les banlieues soient incluses dans le processus. Sinon, on ruinera cette économie d’un coup. Si cette mutation s’opère bien, on peut nourrir en revanche une vision optimiste. La légalisation du cannabis pourrait redynamiser les banlieues en construisant une vraie économie légale. Un petit dealer qui devient entrepreneur, c’est moralement et socialement différent : il aura un vrai compte en banque, un revenu légal, une possibilité d’acheter un logement sans craindre de se faire prendre. Il s’embourgeoisera : c’est la logique du « Enrichissez-vous »… On ne peut se plaindre de la perspective d’une baisse des activités criminelles.
Le responsable d'un point de vente émarge en moyenne à 7500 euros mensuels

S’agissant du Maroc, le nouveau marché légal intérieur ne le remplacerait pas. Il y aura de la place pour tout le monde. Certains producteurs en France se spécialiseront dans le made in France bio qui sera vendu plus cher. Il pourra exister des produits moins chers importés du Maroc comme il existe des tomates moins chères, produites par une main-d’œuvre moins payée permettant de vendre à des prix compétitifs.

Q: Quelles réactions a provoquées le rapport de Génération libre ? 

R: En privé, les responsables politiques se disent tous intéressés et prêts à avancer. Mais en public, c’est incroyable de voir l’écart qui demeure entre les sondages montrant qu’une majorité de la population est favorable à la légalisation du cannabis et les réflexes idéologiques qui bloquent le processus. Le débat est largement ouvert dans la société, mais dans le champ politique, le sujet reste fermé. 

Je note que dans la plupart des pays étrangers, la légalisation s’est faite par votation populaire. Au parlement du Colorado, seul un élu était favorable à la légalisation. Les autres étaient tous contre ! C’est passé par référendum. En France, on ne dispose pas de cette clé. 

Q: Le blocage vient aussi des inquiétudes concernant la consommation des adolescents. Qu’en pensez-vous ?

Il faut que l’usage du cannabis soit formellement interdit aux mineurs. Un, parce qu’ils ne sont pas forcément éclairés dans leurs choix. Deux, parce qu’il y a des problèmes reconnus au niveau du développement cérébral, de l’apprentissage, de la mémorisation. Des jeunes décrochent de leurs études pour avoir trop fumé. Mais je pense que la légalisation ne peut qu’améliorer cette situation. Quand une pratique devient légale, il est plus facile d’en parler, d’apprendre à ses enfants à consommer avec modération quand ils auront atteint la majorité. Une prévention solide peut se mettre en place.

Q: Dans l’hypothèse d’une légalisation, comment pourrait s’organiser ce marché ? Qui fixerait les prix ?

R: Je vois plusieurs hypothèses. 
Certains défendent un monopole d’État, un monopole de production. Une Française du cannabis. L’État pourrait contractualiser ses propres agriculteurs, comme la SEITA avec les producteurs de tabac, le tout assorti d’un contrôle des prix et des quantités. Cela aurait le mérite de rassurer les gens. Mais comme tout monopole, il finirait par être démantelé à la suite de problèmes inévitables de rente, de copinage politique, de raréfaction des produits, de manque de diversité et d’innovation. 
Selon moi, on pourrait s’épargner cette étape et aller directement vers une légalisation pleine et entière où les agriculteurs – mais pas seulement eux, je pense à des acteurs issus du monde de la pharmacie – pourraient créer leurs serres, embaucher des jardiniers pour produire du cannabis. On pourrait imaginer que des agriculteurs produisent en plein champ, à leur rythme, et vendent des produits bio un peu plus cher. 

Q:Où pourrait-on se procurer cette herbe légale ?

R: La question est de savoir si elle serait vendue en pharmacie ou dans une structure d’État. Le plus raisonnable serait des magasins spécialisés avec une licence répondant à certains critères d’hygiène, de traçabilité, de vérification de l’identité et de l’âge des acheteurs. Il faudrait que chaque magasin puisse être ouvert selon une décision du conseil municipal. Celui-ci déciderait des emplacements, notamment par rapport aux écoles. Ces décisions peuvent être décentralisées à l’échelon communal.
En Suisse les magasins Lidl vendent du cannabis CBD




Q: Quelle serait la répartition des rôles entre l’État et le marché ?

R: Tout marché existe par la régulation. Il est créé par elle. L’État aura donc un rôle important de régulation concernant l’aspect sanitaire ou la concurrence et les prix. Il devra s’assurer qu’il n’existe ni oligopole, ni concentration, ni action de lobbying. Il devra aussi vérifier le respect des droits du consommateur. Ce sera un rôle plus exigeant qu’aujourd’hui, où sa position sur le cannabis consiste à ne pas savoir et à ne pas vouloir voir. 


samedi 7 juillet 2018

Migrants: on fait le point !

« Le changement climatique est une persécution que nous, Occidentaux, infligeons aux plus vulnérables »


d'après "Entretien avec François Gemenne" 28/06/18 6 Reporterre.net

Fin juin s'est déroulé un sommet européen sur la question des migrations, qui a accouché au forceps de plusieurs idées: meilleure coopération au sein de l'UE ("qui arrive en Italie arrive en Europe"), création de plateformes de débarquement gérées par l'ONU en-dehors de l'UE, création de centres d'accueil à l'intérieur de l'UE.... 

Dans ce contexte tendu, il faut mettre à bas quelques idées reçues. 

Non, il n’y a pas d’invasion. 
Non, le tri entre migrants n’a aucun sens. 
Oui, les migrations sont un phénomène structurel et inévitable. 
Et nous, Occidentaux, en sommes responsables, de par la « persécution » que nous infligeons aux plus vulnérables par nos modes de vie prédateurs.


Parmi les chercheurs qui planchent sur le sujet, François Gemenne est l'un des principaux. Ses recherches sont essentiellement consacrées aux migrations et aux déplacements de populations liés aux changements de l’environnement, notamment aux catastrophes naturelles, ainsi qu’aux politiques d’adaptation au changement climatique.

Question : La crise de l’Aquarius a relancé le débat européen sur les migrations. Un sommet s'est tenu en juin à Bruxelles. On entend beaucoup parler du « tri » qu’il faudrait effectuer entre réfugiés politiques et migrants économiques, de l’« appel d’air » qu’il ne faudrait pas créer en accueillant les naufragés. Que vous inspire cette situation ?


Réponse de François Gemenne :
Il y a un an environ, le Journal du dimanche avait titré « Voilà comment Collomb veut faire un tri des migrants ». À l’époque, cela avait fait hurler toute la classe politique. Même Collomb avait dû se justifier en parlant d’une petite facilité de langage. Aujourd’hui, cette expression de « tri » est passée dans le langage courant. Plus personne n’est choqué par l’idée de « trier » les migrants. De même, toute une série de mots qui nous paraissaient inacceptables et propres au lexique de l’extrême droite il y a peu font désormais partie de notre vocabulaire. Tout le monde à gauche comme à droite parle de « l’appel d’air ». Dans un an, on parlera sans problème du « grand remplacement ». Dans deux ans, on séparera les enfants des parents à la frontière extérieure de l’Europe. Tout recule à vitesse grand V. L’extrême droite impose extraordinairement rapidement toutes ces mesures, tout son agenda, tout son champ lexical.

Pourquoi ?

La gauche et la droite ont capitulé sur ce sujet. L’immigration est considérée comme une anomalie, un problème à résoudre. Il n’y aurait donc pas besoin de réfléchir à un réel projet politique pour y répondre. L’extrême droite est la seule force politique à développer un projet politique en matière d’asile et d’immigration — certes détestable — mais cohérent. Et les derniers gouvernements démocrates en Europe pensent que le meilleur moyen de lutter contre l’extrême droite c’est d’appliquer ses mesures.

Y compris en France ?

Y compris en France.
Plusieurs articles du projet de loi Asile et Migration sont à l’origine des mesures issues de l’extrême droite. Partout dans le monde, des mesures sont directement inspirées par l’extrême droite, et vont même parfois plus loin. Il y a quinze ans, même le Front national [désormais Rassemblement national] n’aurait pas demandé à séparer enfants et parents dans des centres de rétention.
Harald Welzer, dans son livre « Les guerres du climat », explique que les sociétés occidentales seraient prêtes à abandonner leur idéaux démocratiques et de respect des droits de l’homme pour conserver leur confort matériel

Serions-nous prêts à reculer sur les libertés fondamentales pour nous « protéger » de l’immigration ? Il y avait une marche vers le progrès, la consolidation de la démocratie. Aujourd’hui, ce serait l’inverse?

Très clairement. Il n’y a plus de consensus entre gauche et droite sur les droits de l’homme. C’est devenu une question partisane. Aujourd’hui, celui qui aborde ce sujet est catalogué comme une sorte de « bobo, gauchiste, proche des islamistes ». Ce n’est pas pour rien que les États-Unis sortent du Conseil de l’ONU sur les droits de l’homme. Ce recul est très inquiétant, car jusqu’ici, on a vécu dans l’illusion d’une consolidation de la démocratie. Il y avait une marche, un progrès inéluctable des droits humains. Aujourd’hui, c’est l’inverse. De plus en plus de gens — singulièrement parmi les jeunes — se disent prêts à accepter, voire à soutenir, un régime autoritaire.

Pourquoi des milliers de citoyens sont-ils séduits par des thèses xénophobes ?

Les opinions sont dominées par la peur, et par la conviction qu’il y a une crise profonde à résoudre. Les populistes européens parlent de crise migratoire, et véhiculent l’idée d’une invasion qui menacerait nos valeurs, notre culture, nos emplois. Et nos dirigeants ont parfaitement compris quel profit électoral ils pouvaient tirer d’une posture autoritaire assumée. Nous sommes de plus en plus gouvernés par des monstres. Stephen Miller, le conseiller de Trump qui a initié l’idée d’une séparation entre les enfants et leurs parents à la frontière mexicaine, a 32 ans, c’est un Machiavel moderne. Il espère qu’en divisant profondément l’opinion publique américaine, les gens vont finir par soutenir Trump, par peur de la division et besoin de se rassembler. L’idée de séparer les enfants migrants n’est donc pas liée à la question migratoire, mais c’est une stratégie pour gagner les élections de mi-mandats.

Les migrants sont des boucs émissaires, ou des pions sur l’échiquier politique. À propos de l’accueil de l’Aquarius, les gouvernements italien et français ont joué un coup. Sauf que tout ceci se fait sur le dos d’hommes, de femmes et d’enfants qui sont en grand danger. Les migrants sont un punching ball facile, car ils ne votent pas, ils ne manifestent pas, et leur cause mobilise peu de personnes.

Avons-nous tort d’avoir peur ?

Nos sociétés sont aujourd’hui traversées par une « fracture de mondialisation ». Séparant une élite qui profite de tous les avantages de la mondialisation, et une frange majoritaire de notre société qui se sent abandonnée. Le « village global » des années 1990 n’est pas advenu. Ils ont peur d’être broyés par cette élite pour qui les frontières ne représentent plus rien. Car, pour la majorité de la population, les frontières apparaissent comme le dernier rempart pour protéger leur niveau de vie, leur emploi, leur retraite.

Ils voient tout ce qui se trouve de l’autre côté comme une menace. Parce qu’ils définissent leur identité collective par l’intérieur de la frontière. Elle est un symbole qui s’adresse non pas à ceux qui sont à l’extérieur, mais à ceux qui sont à l’intérieur. On nous avait promis l’avènement d’une citoyenneté mondiale, mais c’est l’inverse qui se produit : les gens se définissent avant tout comme citoyen de l’intérieur de leurs frontières.

On substitue en quelque sorte la peur de l’étranger à la lutte sociale. Ce qui menace le plus nos sociétés, c’est la prédation exercée par les plus riches.

Cette prédation est globalisée et associée à la mondialisation. Paradoxalement, les luttes sociales ou les luttes écologistes ne sont plus pensées que dans le strict cadre national. Plus personne ne parle de « l’internationale socialiste ». C’est assez dramatique.

Sur la question écologique, on assiste à un retour très fort de toutes une série d’initiatives locales. Ce qui éclipse en partie la dimension globale et la nécessité d’un combat international contre le changement climatique. On va acheter des fruits et légumes chez le producteur d’à côté, mais on va à côté partir en week-end en avion au bout du monde. Je ne veux pas vouer aux gémonies les initiatives locales. Mais le local ne va pas sans le global.

On nous parle beaucoup d’invasion : est-ce le cas ?

Non, même s’il y a effectivement eu en 2014, en 2015 et dans une moindre mesure en 2016, des flux plus importants que d’habitude. Un peu supérieurs à ceux qu’on a connu pendant la guerre des Balkans dans les années 1990.

Toute l’attention des médias, des opinions publiques et des politiques s’est focalisée sur la crise en Méditerranée, en oubliant que l’essentiel de l’immigration en Europe continuait à arriver par avion, par des voies parfaitement légales pour des études, pour des regroupements familiaux et des questions professionnelles. Au plus fort de la crise, ceux qui traversent la Méditerranée ne représentent qu’un quart des immigrants annuels en Europe. Depuis le début de l’année 2018, on est autour de 45.000 à 50.000 traversées. À titre de comparaison, la France délivre 200.000 permis de séjour par an.

Je ne nie pas le fait qu’il y ait eu un afflux important. Mais surtout, cet afflux s’est concentré sur certaines zones de tension en Grèce, en Italie, à Malte, en Hongrie. Localement les autorités ont été dépassées par la situation. Rien ne préparait les mairies de Lesbos, de Lampedusa ou d’autres à devoir faire face d’un coup à des milliers de gens en détresse.
camp de réfugiés à Lesbos - image RFI
Le problème est que les gouvernements européens ont confié les rênes de leur politique migratoire aux passeurs, qui décident combien de gens arrivent, quand et où. Forcément cela s’est fait de façon complètement désorganisée. D’où ces images de submersion, ou d’invasion.

Aujourd’hui, les dirigeants européens, Emmanuel Macron en tête, mettent en avant le « tri »qu’il faudrait effectuer entre « bons » et « mauvais » migrants, autrement dit entre réfugiés politiques et migrants économiques. Cette distinction a-t-elle un sens ?

Curieusement, cette « crise des réfugiés » a fait ressortir cette dichotomie, qu’on pensait en voie de disparition depuis les années 1990. Les travaux de recherche ont en effet mis en évidence que les gens ne migrent plus d’un pays A vers un pays B pour une raison précise, comme cela a pu être le cas dans les années 1950 au moment où la Convention de Genève a posé les grandes bases du droit d’asile et du droit des réfugiés. Aujourd’hui, les migrations sont étalées dans le temps et éclatées géographiquement. Les gens ne vont plus d’un pays A vers un pays B, mais passent par C et par D, avec des détours par Z et par Y. C’est ce que certains chercheurs appellent la migration mixte. Les motifs de migration se juxtaposent les uns les autres, s’influencent mutuellement. Donc, cette dichotomie qu’on avait établi dans les années 1950 entre réfugiés politiques, protégés par la Convention de Genève, et migrants économiques ne marche plus du tout aujourd’hui.

La négociation de la Convention de Genève en 1951 ressemblait à une négociation de marchand de tapis. Il s’agissait de régler la question des réfugiés juifs au sein de l’Europe après la Seconde guerre mondiale, entre la France, les États-Unis, l’Angleterre et la Russie. La Russie bolchévique avait proposé d’élargir dans les critères des réfugiés la question des « persécutions économiques », dans l’idée de pouvoir accueillir les victimes du capitalisme. La France, les États-Unis et l’Angleterre ne l’ont pas accepté, mais si la négociation avait tourné différemment, on parlerait aujourd’hui de réfugiés économiques. Et, la persécution économique aurait été retenue comme un critère de droit d’asile...

Alors que les négociateurs précisaient explicitement que la Convention de Genève n’avait pas vocation à s’appliquer aux réfugiés futurs mais uniquement aux Juifs déplacés en Europe, cet instrument est aujourd’hui devenu l’alpha et l’oméga du droit d’asile et des politiques migratoires.

Les gouvernements ont ressorti cette dichotomie, non pas pour décrire la réalité empirique des migrations mais pour justifier leur politique migratoire. C’est une façon de rendre acceptable aux opinions publiques le fait qu’on va en accepter certains et en laisser d’autres.

Mais de plus en plus de personnes sont aujourd’hui déplacées par la dégradation de l’environnement, notamment par les impacts du changement climatique. Les migrants environnementaux sont-ils des réfugiés politiques, des migrants climatiques ? 

Les facteurs économiques, politiques et environnementaux s’imbriquent les uns dans les autres. Les crises en Afrique de l’Est, liées à des sécheresses, à des famines, peuvent fragiliser des gouvernements, créer des troubles sociaux et amener à des conflits.« Cela n’a pas de sens de catégoriser les gens en migrants climatiques, politiques, économiques »

Arrive-t-on pour autant à isoler le facteur climatique ? Peut-on parler de réfugiés climatiques ?

Cela n’a pas de sens d’isoler un facteur des autres. Cela n’a plus de sens de catégoriser les gens. Il s’agit de catégories politiques, qui ne décrivent pas la réalité empirique. Certains doivent avoir droit à une protection spécifique, parce qu’ils sont persécutés ou parce qu’ils fuient une guerre. Mais l’essentiel est de comprendre l’imbrication des facteurs et des problématiques.

Pourtant, vous avez coordonné un Atlas des migrations environnementales...

Parler de migrations environnementales permet de souligner le rôle croissant de l’environnement comme facteur de migration et de déplacement. Mais on aurait pu parler d’un atlas des migrations, tout court.

Pendant des années, on a évoqué le chiffre de 250 millions de réfugiés climatiques en 2050. Ce chiffre n’a donc plus de sens ?

On peut donner des chiffres au niveau local, pour dire telle catastrophe a déplacé tant de milliers de personnes. Mais je ne m’avancerai pas à donner un chiffre global.

Si la question environnementale est liée aux autres facteurs de migration, peut-on encore parler de réfugiés climatiques ?

L’idée de réfugiés climatiques a seulement une vocation pédagogique pour souligner, auprès des gouvernements et auprès des opinions, l’importance de l’environnement comme motif de migration. Cela ne doit pas devenir une catégorie politique.

Je défends le terme de réfugiés climatique, car au cœur du concept de « réfugiés » se trouve l’idée de persécution. Il est important de parler de « réfugiés » plutôt que de « migrants climatiques », pour souligner le fait que le changement climatique est une forme de persécution consciente que nous, Occidentaux, infligeons aux plus vulnérables. A chaque fois que nous émettons des gaz à effet de serre, nous créons une persécution politique à l’encontre des plus vulnérables.

Parce que nous émettons plus de gaz à effet de serre qu’un habitant d’Érythrée ?

Oui. Et parce que nous savons pertinemment les effets que cela provoque. Nous nous rendons coupables d’une persécution. Nous en sommes collectivement responsables. C’est une question de justice climatique. Paradoxalement, les migrations dites environnementales sont considérées à la fois comme une catastrophe à éviter à tout prix, mais aussi comme une solution d’adaptation à encourager pour les populations les plus vulnérables. On est dans une situation très schizophrénique.

Dans quel sens est-ce une adaptation ?

On considère qu’il y a intérêt à ce que les gens bougent dès maintenant pour se mettre à l’abri. Par cette migration anticipative, on va identifier une série de zones qui seront demain inondées ou asséchées, et encourager les habitants à se déplacer dès à présent. Il y a aussi l’idée de migrations saisonnières ou pendulaires pour permettre aux personnes de diversifier leurs revenus, pour alléger la pression démographique sur les ressources pendant certaines saisons. En Afrique subsaharienne, pendant la saison sèche, des gens vont en ville trouver un petit boulot dans la construction par exemple, toucher des revenus additionnels et les ramener à leur famille. De la même manière, les migrants à l’international vont renvoyer des remises d’épargne qui constituent une forme d’assurance pour la famille restée au pays dans l’hypothèse de mauvaises récoltes.

La migration comme stratégie d’adaptation est une idée très présente dans les négociations internationales sur le climat. Elle est reconnue depuis le cadre de Cancùn en 2010, puis dans le Fonds vert. Gérard Collomb ne serait certainement pas très heureux de savoir qu’une partie de l’argent que la France va donner au Fonds vert va servir à encourager les migrations !

Comment expliquer ce paradoxe ?

Il y a une fracture complète entre les ministères de l’Intérieur, en charge des politiques migratoires, et les ministères de l’Environnement. Ce sont deux mondes différents, dans tous les pays. Mais au niveau national, les premiers l’emportent toujours sur les seconds.

Mais cette stratégie d’adaptation est-elle une bonne réponse ?

C’est une réponse qui est problématique à certains égards, notamment parce qu’elle tend à considérer les migrants comme des pions qu’on peut déplacer, d’une zone A vers une zone B.




C’est nier la liberté individuelle, y compris la liberté de rester là où l’on est. De surcroît, certains gouvernements pourraient en profiter pour déplacer manu militari des villages entiers en prétextant une mise à l’abri.

Surtout, cela dépolitise la migration, en gommant le caractère de persécution qu’on inflige à ces populations. Il est essentiel de ne pas mettre de côté les causes de cette migration : nos émissions de gaz à effet de serre.



Propos recueillis par Hervé Kempf et Lorène Lavocat