jeudi 12 mars 2015

Fin des quotas laitiers : faut-il avoir peur pour les éleveurs ?

Après 30 ans d'existence, les quotas laitiers disparaitront le 1er avril. 
Pilier de la politique agricole commune de l'Union européenne, les quotas laitiers ont façonné le paysage laitier en France. Leur suppression est un bouleversement qui aura forcément des conséquences pour les éleveurs et le modèle français. 
Positives ou négatives ?


  • Un peu d'historique

Les quotas laitiers ont été mis en place en 1984 afin de limiter les excédents de production et contrer l'effondrement du prix du lait qui menaçait la survie économique des éleveurs de vaches laitières.

En 1984, dans la mise en oeuvre des quotas, la France a fait le choix de préserver l'élevage laitier sur l'ensemble du territoire y compris dans des zones où les exploitations ne peuvent pas être rentables (élevage de montagne).



  • Fonctionnement des quotas laitiers

L’Union européenne décide des quantités de production accordées à chaque pays.

La France, dans son objectif de maintenir des exploitations partout, a opté pour une gestion des quotas par département. Au sein du département, chaque éleveur a un quota qui est attaché au foncier (à l'exploitation). Tout dépassement des quotas est sanctionné par des pénalités financières dissuasives. Ainsi le quota est devenu un élément de valorisation des exploitations et donc un critère d'obtention de financement bancaire.


  • Chez nos voisins

Les autres grands pays laitiers européens, tels que les Pays-Bas, le Danemark, l’Allemagne, le Royaume-Uni ou l’Irlande, ont fait un choix plus "libéral".  Les quotas y sont marchands et peuvent être achetés et revendus au gré des besoins du marché. Les grosses exploitations se sont développées en Europe du Nord. Ainsi, les élevages de 1.500 vaches n'y sont pas rares alors que le cheptel moyen en France compte 60 vaches.
Et c'est ce qui risque de faire la différence car la fin des quotas va renforcer la compétition entre la filière française et les grands producteurs d'Europe du Nord.


  • Et demain ?

Après le 1er avril, les volumes à produire ne seront plus définis par l'administration, mais par le biais de contrats passés entre les éleveurs et les laiteries.
Les exploitants redoutent de perdre des part de marché en France au profit d'importations à prix plus bas. Ils craignent également une plus grande volatilité des prix du lait qui sera désormais indexé sur le cours mondial de la poudre de lait.
Pourtant, la fin des quotas peut être une opportunité à laquelle les coopératives et les industriels des produits laitiers se préparent depuis des années. Pour sécuriser leurs approvisionnements dans un environnement instable, les industriels ont fait évoluer leurs relations commerciales avec les producteurs avec un nouveau système de contractualisation. L'export est par ailleurs devenu central dans la stratégie des groupes compte tenu du rythme de croissance de la demande mondiale (+ 2,5 % par an). La Chine suscite bien des convoitises.

Restons prudent et souhaitons que les éleveurs ne soient pas oubliés dans cette course au marché mondial du lait .
Souhaitons également que les fermes françaises ne soient pas transformées en usine à lait de 1000 vaches qui ne voient jamais un brin d'herbe.


Une vidéo du Monde pour "comprendre les quotas laitiers en 2 minutes".
http://www.lemonde.fr/planete/video/2015/02/21/comprendre-les-quotas-laitiers-en-deux-minutes_4580840_3244.html

Source : Les Echos, Le Monde

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