mercredi 28 février 2018

Conseil municipal du 26 février: salle des fêtes, le programme le plus important du mandat?

La séance de Conseil municipal où l'on discute des orientations budgétaires de l'année à venir est une obligation légale avant le vote du budget (qui aura lieu le 19 mars). Mais en réalité tout est déjà bouclé, et comme l'a dit le maire : " Il faudra juste affiner les choses en matière d'assainissement, oh pardon! d'investissement!" Bref, un débat pour la forme.

Il est sûr que le contexte économique général, ainsi que la baisse des dotations de l'Etat et le dégrèvement de la taxe d'habitation n'incitent pas vraiment à l'optimisme. Ainsi, 67% des ménages de Vaugneray seront exonérés de taxe d'habitation, ce qui représente un trou de 600 000 euros pour la commune.
Par ailleurs nos obligations en matière de logement social sont également contraignantes, du moins si l'on veut éviter de payer une lourde pénalité. La mixité sociale est à ce prix. Malheureusement la législation change constamment, et on a un peu l'impression d'essayer de rattraper un train en marche. C'est sans doute ce que voulait dire le maire quand il a déclaré: "L'obligation de logement social va à l'encontre de la mixité!" Il signifiait, nous le supposons, que l'obligation de construire des logements locatifs était un frein à la mise en oeuvre de programmes d'accession à la propriété, tels que les différents lotissements communaux déjà existants. La formule est cependant pour le moins maladroite...

Malgré tout, la capacité d'investissement de la commune est toujours d'environ un million d'euros par an, grâce à des dépenses de fonctionnement maîtrisées. Cette année, la rénovation de la salle des fêtes se taille la part du lion et ne laisse que peu de place au reste: les marchés de travaux pour cette rénovation ont été finalement votés pour 1 256 000 euros HT, sans compter les études et frais d'architecte. Un emprunt de 800 000 euros est envisagé! Pour l'analyse de ce programme, nous vous renvoyons à notre article de blog du 15 février: Salle des fêtes, vogue la galère!
Tout à son enthousiasme, le maire s'est écrié: "La salle des fêtes est le programme le plus important de l'année, peut-être même du mandat!" Nous vous laissons juges de cette ambition... 


Nous ne résistons pas au plaisir de reproduire ici une citation émanant d'une publication qui ne fait pourtant pas notre ordinaire, il s'agit de Capital:
"Avant de prendre une décision, toujours  vérifier que la décision contraire n'est pas la meilleure (capital.fr le 28/02): la richesse de la contradiction permet de prendre du recul et de tester la solidité et les limites de sa pensée. Les décisions les plus importantes ne présentent dans l'absolu aucune garantie, elles sont prises par conservatisme, par réflexe de prolongation de l'existant, et surtout à cause de l'aveuglement des leaders qui ont pensé que l'avenir s'inscrirait dans la continuité du passé."

Dans l'ardeur de la préparation budgétaire, les financiers de la commune ont même oublié d'inscrire des travaux nécessaires à la crèche La Pirouette ( "que" 35 000 euros!) qui seront ajoutés d'ici le vote du budget, rassurons-nous...

Et pour montrer que la commune gère de manière optimale ses dépenses de fonctionnement, le Conseil municipal a voté par 16 voix pour - sur 31 conseillers, soit l'exacte majorité absolue! - une indemnité royale de 120 euros à une stagiaire de terminale qui a effectué... 4 semaines complètes au secrétariat de mairie! Union Pour l'Avenir proposait 10 euros par jour soit 200 euros, et il n'a même pas été possible de pousser jusqu'à 150 euros. Mais OUI, le Conseil municipal veut encourager la jeunesse!

Néanmoins, un effort particulier a été fait pour acquérir par préemption une propriété au 16 route de Bordeaux, pour 820 m² de terrain et une surface habitable déclarée de 85 m² au prix de 150 000 euros, dans le but d'en faire des logements sociaux.


Maigre consolation à cette séance de Conseil municipal bien morne, nous avons été heureux d'apprendre que les écoles de Vaugneray resteraient sur le rythme des quatre journées et demi en 2018-2019. Les activités éducatives seront maintenues telles qu'elles ont été conçues, et de cela nous félicitons le maire sans arrière pensée.

Et une bonne présentation du bilan du KIJ (Kiosque Information Jeunesse), qui possède (entre autres) une page Facebook active: KIJ de Vaugneray Mairie, et pourrait bientôt se voir agréé Point Information Jeunesse. Le prochain P'tit Dej' Jeunesse aura lieu le samedi 31 mars. Félicitations également aux élus qui portent le projet!

Retrouvons-nous pour le vote du budget le 19 mars prochain!

dimanche 25 février 2018

"L'increvable" ! ou le cauchemar des industriels...

D'après (principalement) https://lareleveetlapeste.fr

A peine sorti de l’Ensci (Ecole nationale supérieure de création industrielle), Julien Phedyaeff, 26 ans, a imaginé L’Increvable, ou la machine à laver conçue pour la vie!



Constatant que, trop souvent, « les objets sont verrouillés, indémontables, conçus pour être jetés », il a repensé un lave-linge pièce par pièce, pour obtenir un modèle à monter en kit, facile à réparer puisque tous les éléments se dévissent. 
Même le panneau frontal est amovible. On peut en changer à sa guise pendant les cinquante ans de durée de vie prévus. 
L’appareil se met à jour en se branchant sur un ordinateur. 

Avec son acolyte Christopher Santerre, Julien Phedyaeff a créé en 2016 une entreprise d’électroménager visant à redonner le pouvoir aux utilisateurs, l'Increvable SAS. Le but : concevoir, développer et commercialiser des produits durables et réparables. A contre-courant de l’obsolescence programmée.


Pour rappel l’obsolescence programmée est l’ensemble des techniques mises en place par les marques afin de réduire la durée de vie d’un produit. Rattachés, en parallèle, à des réparations couteuses et complexes, ces produits poussent ainsi les utilisateurs à une surconsommation des biens de manière régulière. 
Chaque année, 20 kg d’équipements électroménagers et électroniques par habitant sont jetés. Ainsi, alors que les technologies évoluent, les durées de vie des produits, elles, ne cessent de diminuer.

Alors que la chasse à l’obsolescence programmée fait aujourd’hui l’objet de plaintes contre plusieurs entreprises (HP, Canon, Brother, Apple) grâce à la loi Hamon, certaines décident de prendre le contrepied de ces techniques. C’est le cas de l’Increvable SAS.

L'Increvable SAS souhaite démontrer qu’il est possible de concevoir des produits utilisables sur le long terme tout en réduisant l’impact de notre consommation sur l’environnement. En l’espace de quelques décennies, la durée de vie du lave-linge est passée de 12 ans à 8 ans. Outre la tromperie délibérée envers le consommateur (reconnue comme délit), cette problématique impacte également les écosystèmes, la santé des utilisateurs mais également l’emploi, diminuant ainsi l’activité des réparateurs locaux.

Partant de ce constant est née la première réalisation de cette jeune entreprise, la machine à laver baptisée "l'Increvable", pensée dès sa conception pour pouvoir être entretenue et améliorée facilement par l’utilisateur lui-même. 
En effet, en cas de panne, chacun pourra consulter le site de l’increvable afin d’obtenir un auto-diagnostic, commander une pièce détachée ou suivre un tutoriel approprié. Ainsi, grâce à ce procédé, seules les pièces défectueuses sont changées et non la totalité de la machine.


Pour faire face aux évolutions technologiques, là aussi il sera possible de remplacer uniquement certaines composantes (pompes, moteurs…) afin de faire évoluer la machine au fil du temps.

Répondant à un besoin grandissant de produits durables, la machine ainsi que l’entreprise suscitent de plus en plus d'intérêt. Soutenue par la Ministère de la Transition Écologique et Solidaire ou encore par la Banque Publique d’Investissement, l’entreprise poursuit sa phase de recherche et développement avant une commercialisation prévue courant 2018. Nous vous tiendrons informés.

mardi 20 février 2018

Réforme du bac : "Humanités numériques et scientifiques ", "oral de la Maturité"...

Sources: http://www.education.gouv.fr/cid126438/baccalaureat-2021-un-tremplin-pour-la-reussite.html

La réforme du baccalauréat annoncée le 14 février  par Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education nationale, est prévue pour 2021. Elle concernera donc les élèves qui sont en troisième actuellement.

Elle prévoit de nombreux changements. 

Les séries du bac général (L, ES et S) vont être supprimées. Les élèves suivront un tronc commun pour un volume horaire total de seize heures par semaine en Première, et de quinze heures et demie en Terminale. 

Au menu de ce tronc commun : 
  • français, 
  • philo, 
  • histoire-géographie, 
  • deux langues vivantes, 
  • sport. 
  • et une nouvelle discipline, les "humanités numériques et scientifiques"  à raison de deux heures par semaine. Une initiative qui laisse perplexe, de quoi s'agit-il?
Selon le Ministère, cette nouvelle matière "donnera à tous les lycéens les connaissances indispensables pour vivre et agir dans le XXIe siècle en approfondissant les compétences numériques de l’élève ainsi que sa compréhension des grandes transformations scientifiques et technologiques de notre temps (bioéthique, transition écologique, etc.)". Force est de constater que cette nouvelle discipline semble être à géométrie variable avec des contours plutôt flous...

Outre les disciplines obligatoires, les lycéens choisiront également trois matières principales en première (dites "spécialités"), ramenées à deux en terminale, à choisir entre : 
  • arts, 
  • écologie-agronomie-territoires, 
  • histoire-géographie- géopolitique-sciences politiques, 
  • humanités-littérature-philosophie, 
  • langues-littératures étrangères, 
  • mathématiques, 
  • numérique-sciences informatiques, 
  • physique-chimie, sciences de la vie et de la Terre, 
  • sciences de l'ingénieur, 
  • sciences économiques et sociales. 
Pour le bac technologique, les séries sont en revanche maintenues... Pourquoi ce traitement de faveur, ... ou de défaveur?

Au fait, on ne parlera plus d'année de terminale, cette dernière année de secondaire est rebaptisée "année de la Maturité". Nos lycéens pourront fièrement annoncer: "Je suis en Maturité"...

Et pour clore cette année mémorable, un grand oral fait son apparition, baptisé "oral de la Maturité". Cette épreuve, d'une durée de 20 minutes et présentée devant un jury de trois personnes, portera sur un projet entamé en Première, adossé à une ou deux disciplines choisies par l'élève. Il serait plus sage cependant que cet oral ne concerne qu'une discipline et non pas deux. On sait en effet que lorsque un élève travaille sur deux disciplines en même temps, l'une des deux fait souvent figuration.

Les candidats au bac techno conserveront quant à eux leur "oral de projet" dans sa forme actuelle. Encore une fois, pourquoi ce traitement de faveur ... ou de défaveur?

Pour justifier la mise en place de "l'oral de la Maturité", le ministère de l'Education nationale estime que "savoir s'exprimer dans un français correct est essentiel pour les études, pour la vie personnelle et professionnelle". Et d'ajouter dans un communiqué : "Parce que l’aisance à l’oral peut constituer un marqueur social, il convient justement d’offrir à tous les élèves l’acquisition de cette compétence". 
Et pas aux élèves de techno?

Il n'y aura plus en fin d'année de Maturité que quatre épreuves écrites contre une dizaine actuellement (cela allégera notablement le coût et l'organisation de l'examen), ainsi que l'oral de Maturité. Ce pack  donnera 60% de la moyenne du bac. 

Les 40% restants proviendront de nombreux "partiels" semestriels en Première et Maturité, passés simultanément par tous les élèves d'un même établissement sur des sujets tirés d'une banque nationale de sujets (pour 30% de la moyenne). Bonjour le bachotage et la course aux notes  pendant ces deux années. Est-ce cela l'acquisition du savoir et de la "maturité"? 

Enfin, les notes des deux dernières années du lycée portées sur le livret scolaire compteront pour 10% de la moyenne, les notes, pas les appréciations.
 
Inconvénient évident de ce système: selon que le bachelier viendra d'un lycée de très bonne, bonne, moyenne,  mauvaise ou très mauvaise réputation, ses notes et son bac seront inévitablement connotés. Avec les conséquences qu'on imagine pour être admis ou recalé dans la filière choisie pour la poursuite d'études...

jeudi 15 février 2018

Conseil municipal du 12 février: Salle des Fêtes, vogue la galère!


Un seul point à l'ordre du jour pour cette réunion extraordinaire du Conseil municipal: permettre au plus vite le démarrage des travaux pour la rénovation-extension de la salle des fêtes Armand Haour. Mais quels travaux!
Voyez plutôt.

Le Conseil municipal a donc dû délibérer pour désigner les entreprises retenues pour cette réhabilitation. 15 lots sur 17 sont pourvus. Restent à pourvoir deux lots, menuiseries extérieures et serrurerie déclarés infructueux et relancés, mais qui n'ont pas d'incidence sur le démarrage des travaux.

L'estimation était de 1 263 000 € HT, le résultat de la consultation est évalué à 1 238 000 HT, sous réserve que les deux lots non encore pourvus entrent dans les clous de l'estimation. A noter le coût du désamiantage, 54 289 € HT à lui tout seul...

Nous n'avons aucune réserve sur le déroulement de la consultation et le sérieux du maître d'oeuvre. 
Notre opposition porte sur le fait que:

- on conserve au centre du village un équipement bruyant, source de nuisances pour les riverains, qui aurait pu être délocalisé utilement. C'était le moment ou jamais.

- on aurait pu à la place réfléchir à la meilleure mise en valeur de cet endroit dans une étude globale du centre village. 
Pourquoi pas une vaste halle couverte, abritant une partie du marché, les manifestations de nos associations comme (entre autres) le boudin à la chaudière du Sou des écoles, l'auberge espagnole d'Art'scène, les huîtres de l'école de St Laurent de Vaux... ? Nous ne saurons jamais ce qui pouvait être envisagé, puisque cela n'a jamais été discuté.

- les contraintes dues au bâtiment lui-même, ainsi qu'à son insertion dans l'urbanisme du quartier n'aboutissent en fait qu'à une extension réelle de 85 m². La Maison des Jeunes gagne 65 m². 
Nous rappelons que la place pour une grande Maison des Jeunes, ainsi que pour l'extension de la médiathèque, se trouve sans difficulté dans l'îlot Perrachon. Il n'y a pas de projet actuellement pour ces bâtiments en centre village, qui tombent en ruine...

on réhabilite à grand frais un établissement des années soixante, conçu selon les normes de l'époque, imbibé d'amiante. 
1,2 million d'euros HT ( 1, 44 million d'euros TTC) pour 150 m², cela fait 8000 € HT (9600 € TTC) le m²
Quel particulier ou quelle entreprise accepterait ce coût sans avoir fait une étude approfondie du projet, et sans avoir consulté ceux à qui ils devront rendre compte? Or, la population, qui paie des impôts et qui paiera l'emprunt, n'a jamais été consultée sur ce projet de réhabilitation de la salle des fêtes...

- par comparaison, nous signalons que la salle de spectacles toute neuve qui sera construite par la CCVL au-dessus des locaux du Centre aéré Ebulisphère, est estimée à 2,5 millions d'euros TTC pour 900 m² et 1200 spectateurs assis (2780 € TTC le m²) ... La salle des fêtes rénovée, elle, ne pourra accueillir au mieux que 400 personnes assises...

Vous comprendrez sans peine pourquoi nous n'avons pas voté l'approbation de ces marchés. Aux 5 voix d'Union Pour l'Avenir s'est d'ailleurs ajoutée la voix d'un autre élu municipal.

Et cela dit, GARDEZ LE  SOURIRE!


samedi 10 février 2018

La justice française n’est pas juste

La justice française juge plus sévèrement les plus faibles si l’on raisonne à situation équivalente, révèle une étude réalisée à partir de plusieurs milliers de décisions de justice. L’analyse de Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités.

d'après https://www.inegalites.fr/La-justice-francaise-n-est-pas-juste? 27 octobre 2017
« Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ». La morale de Jean de La Fontaine [1] est-elle toujours d’actualité ? « Oui » répond une étude fondée sur plusieurs milliers de décisions de justice, menée par les chercheurs Virginie Gautron et Jean-Noël Retière [2] entre 2000 et 2009. « Toutes choses égales par ailleurs » comme disent les statisticiens, les moins favorisés sont plus lourdement condamnés.


Alors que 11,3 % des prévenus qui ont un emploi sont condamnés à des peines d’emprisonnement ferme, c’est le cas de 27,6 % des sans-emploi. Près de 60 % des emprisonnements fermes sont prononcés contre des sans-emploi, alors qu’ils ne représentent qu’un dixième des actifs. De la même façon, 31 % des prévenus qui vivent avec moins de 300 euros mensuels subissent de la prison ferme contre 7,1 % de ceux qui ont un revenu de plus de 1 500 euros. 
En matière de condamnations, il faut se méfier du simplisme. Si les sans-emploi commettent plus souvent des délits, il est logique qu’ils soient plus souvent condamnés. S’ils commettent plus souvent des délits, cela peut être lié à leur âge. De même, les prévenus sont logiquement plus sévèrement jugés s’il s’agit de récidive, etc. Avant d’incriminer la justice, il faut isoler les effets d’un très grand nombre de facteurs comme l’âge, le revenu, la nature de l’infraction, le passé judiciaire du prévenu (récidive ou non notamment), etc. C’est justement ce travail qu’ont réalisé les auteurs de l’étude.
Une fois pris en compte les facteurs cités plus haut, deux prévenus qui commettent la même infraction sont-ils traités de la même façon ? 
Les données produites par les auteurs mettent sérieusement en cause l’égalité de traitement attendue de la justice française [3]. Toutes choses égales par ailleurs donc, les personnes privées d’emploi ont 1,5 fois plus de risque d’être condamnées à de la prison ferme que celles qui ont un emploi et 1,8 fois plus d’être placées en comparution immédiate [4]. Les prévenus dont le revenu est inférieur à 300 euros mensuels sont 3,2 fois plus souvent condamnés à de la prison ferme que ceux dont le revenu mensuel est supérieur à 1 500 euros mensuels. 
Même sévérité accrue pour les étrangers qui sont trois fois plus souvent orientés en comparution immédiate et 4,8 fois plus souvent placés en détention provisoire pour une même infraction que les personnes nées en France. Cela signifie qu’ils iront plus souvent en prison, même si, à caractéristiques socio-démographiques et procédure équivalente, ils ne sont pas plus souvent condamnés à de la prison ferme.
Comme l’expliquent les auteurs, il faut là aussi se garder de rendre un verdict trop rapide. 
Éviter la prison ferme pour ceux qui ont un emploi peut être une forme de « discrimination positive, consciente et justifiée aux yeux des magistrats » : leur éviter de perdre leur emploi pour de courtes peines. Sauf que, comme ils le notent aussi, l’inverse n’est pas vrai : les travaux d’intérêt général devraient être d’abord dédiés aux sans-emploi comme outil de réinsertion, mais ce n’est pas le cas. En outre, les choses ne sont jamais réellement « égales par ailleurs ». L’étude est muette sur ce qui se passe hors du procès. La police peut discriminer en amont, comme le montrent les nombreux exemples de contrôles au faciès. 
Les procédures sont inégalement punitives suivant le type d’infraction : « l’immunité relative dont jouissent les auteurs de délits financiers est emblématique de l’inégalité engendrée par les processus législatifs et répressifs », indiquent-ils. Enfin, il peut toujours subsister des différences subtiles entre les cas que les critères généraux ne prennent pas en compte : « notre base statistique se compose de catégories juridiques qui écrasent partiellement la diversité des faits », reconnaissent-ils.
En prenant toutes les précautions du monde, les écarts sont trop grands pour considérer que la justice est équitable. 
Alors, comment expliquer les comportements des juges ? Ils n’ont pas de raison d’être plus sévères pour les plus faibles, au contraire peut-on même penser : s’ils ont épousé cette profession, c’est qu’ils ont un certain sens… de la justice. Ils appliquent des textes de loi qui déterminent des peines en fonction de faits commis et du passif du prévenu. Ce serait une erreur que de leur faire un procès d’intention.
Il n’empêche que, dans ce contexte, le jugement se fait au prisme d’une foule de facteurs qui favorise le fort au détriment du faible. 

13 mai 2016 à Cahors...




Les prévenus n’ont pas tous les mêmes armes pour se défendre, pour faire valoir leurs arguments. La façon de s’exprimer, d’expliquer son comportement, sa situation personnelle et les événements joue. Avoir recours ou non à un (ou des) avocat(s) expérimenté(s) influence le cours de la procédure judiciaire. On enverra en comparution immédiate et/ou en détention provisoire plus facilement des personnes dont on doute qu’elles soient présentes à une audience ultérieure, ce qui est notamment valable pour les sans domicile fixe. Dans certaines communes, les juges savent que les autorités municipales refusent de confier des travaux d’intérêt général à un public trop marginalisé (SDF et gens du voyage notamment). Enfin, la façon dont le juge comprend les faits, la « boîte à critères » comme le disent les chercheurs, dépend de sa lecture du contexte, qui est socialement située. Certains juges sont très éloignés des populations qu’ils sanctionnent. 
Au fond, même s’il prend ses décisions en toute impartialité, le juge est lui-même soumis aux inégalités sociales qui traversent la société.
Louis Maurin

[1Tirée de « Les animaux malades de la peste », 1678.
[2« Des destinées judiciaires pénalement et socialement marquées », in La réponse pénale, coordonné par Jean Danet, Presses universitaires de Rennes, 2013.
[3Au passage, on peut s’interroger sur le faible impact de ce travail publié pourtant en 2013, au regard des enjeux qu’il soulève en matière de justice.
[4Possibilité pour le procureur de faire juger la personne immédiatement après sa garde à vue, sans enquête poussée, pour les délits punis d’au moins de deux ans de prison ou 6 mois en cas de flagrant délit. Le prévenu peut refuser d’être jugé de cette façon.

lundi 5 février 2018

L'A45 est bien malade mais il bouge encore!

L'A45 a été jugé non prioritaire par le rapport de la Commission d'orientation des infrastructures publié  jeudi matin 1er février!!!
Le constat de la commission est formel : l'A45 est non-prioritaire car ce projet ne règle en rien les problèmes existants. Voir les motivations de la Commission

Nous sommes nombreux à nous opposer à ce projet depuis quasiment 30 ans, et nous nous félicitons qu'une autoroute que beaucoup voyaient construite rapidement en juillet 2016 soit aujourd'hui remise en cause.

Très probablement, la mobilisation citoyenne (10000 personnes - 130 tracteurs) en juillet 2017, et toutes les autres, y sont pour beaucoup : c'est une première victoire pour la coordination des opposants et une très bonne nouvelle.

Mais restons vigilants et mobilisés. Trois points principaux à mettre en avant:

  • Il  faut exiger du gouvernement qu'il refuse publiquement de signer le décret de concession et qu'il abroge purement et simplement la Déclaration d'Utilité Publique, seule manière de tourner la page définitivement. 
  • Les financements prévus pour l'A45 dans les départements de la Loire et du Rhône doivent être consacrés aux.alternatives soutenables et aux mobilités de demain.
  • La loi "mobilités" qui va arriver au Parlement ne doit pas faire revenir par la fenêtre des projets inutiles comme l'A45. Désormais il faut travailler sur l'ensemble des projets alternatifs aux autoroutes. 

Le 24 février, soyons nombreux au Carnaval contre les Grands Projets Inutiles à Saint-Etienne: départ à 14h devant la Chambre de Commerce et d'Industrie cours Fauriel,  et soyons solidaires des autres groupes mobilisés contre des projets similaires en France.
  

Le 27 février, soyons nombreux à l'AG de la Sauvegarde des Coteaux du Lyonnais, à 20h30, salle du Lavoir, dont le thème est:
" Quel avenir pour notre région?"