mercredi 10 septembre 2014

Changement climatique : les grandes réunions internationales ne servent à rien!

(D'après Antoine Reboul - Enviscope -  le 18 juin 2014)

Des chercheurs à Grenoble, Oxford et Berlin ont étudié les raisons de l’immobilisme des sommets des Nations Unies sur le changement climatique. Verdict : Ces « grand-messes » médiatiques sont devenues trop difficiles à manager, les négociations y sont trop fragmentées, et les participants trop nombreux veulent y défendre leur point de vue, plutôt que de faire avancer la cause commune du changement climatique.






Malgré la très grande mobilisation des chefs d’états, hommes politiques, institutions et ONG pour assister aux sommets des Nations Unies sur le changement climatique, leur efficacité à trouver des accords mondiaux semble douteuse... 
Explications. 

Des sommets trop lourds à manager, voire ingérables

Au fil des ans, les négociations autour du marché du carbone et de sa compensation se sont complexifiées. « Les experts se sont multipliés impliquant des négociations très fragmentées et provoquant un décalage profond entre le discours politique et les négociations techniques » précisent les chercheurs. De plus « ce clivage et cette complexité se retrouvent lors des sommets de l’ONU. Les délégations sont plus nombreuses, les acteurs plus diversifiés et pas seulement liés au climat, les interactions entre négociateurs et ONG ne se font plus… Sous la lumière médiatique, chacun veut défendre sa cause et plus seulement celle de la lutte contre changement climatique. » Bref, ces rencontres sont ingérables.




De moins en moins d’efficacité, de plus en plus de médiatisation

Plus les conférences annuelles sur le changement climatique connaissent une popularité croissante plus leur efficacité diminue, c’est la conclusion à laquelle sont arrivés les chercheurs qui ont passé au crible, rapports, articles de presse, documents d’archives… de tous les sommets organisés sur le changement climatique entre 1995 et 2012 par l’ONU.

« Cela n’a pas toujours été le cas, expliquent-ils. Dans la première phase de la politique transnationale de l’ONU, les sommets annuels ont conduit à une augmentation des interactions entre les acteurs concernés et à une prise de conscience du monde entier sur l’urgence à agir. Ils ont servi de base à la mise en place de ressources communes et aux mécanismes de marché. »


Depuis Kyoto, les perceptions changent: Les intérêts économiques se sont invités dans les rencontres

Dès l’entrée en vigueur du protocole de Kyoto en 2005, les chercheurs notent une évolution de la perception et de l’objectif de ces sommets. La mise en place du mécanisme de régulation des émissions de carbone fait entrer de nouveaux acteurs sur le terrain et complique les négociations. Ce qui a pour conséquences d’accroître le nombre et la variété d’acteurs participants à ces sommets, lesquels n’ont plus pour seul objectif la lutte contre le changement climatique. Il s'agit également de garantir "raisonnablement" des intérêts économiques menacés.

Conclusion: il faut mettre fin aux grandes messes incantatoires

Ces sommets, conçus volontairement comme des arènes traitant de questions politiques complexes et mal définies, ne sont plus adaptés. Leur format actuel a été utile pour sensibiliser et informer l’opinion publique concernant les enjeux du climat. Mais il faut maintenant organiser de plus petits forums avec des questions plus simples et aborder des sujets plus concrets afin de faciliter les accords.


Espérons que cette préconisation sera entendue, il y a urgence!

Sources: L'étude est parue dans l’Academy of Management Journal, réalisée par Charles Clemens Rüling,, professeur à Grenoble Ecole de Management (GEM), avec deux collègues Elke Schüßler, Freie Universität Berlin, et Bettina WittnebenUniversité d’Oxford.


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