samedi 26 mars 2016

FNSEA, une organisation patronale ultra-libérale

d'après Jean-Luc Becquaert
http://jean-luc-becquaert.eu/2016/01/


Au même titre que le MEDEF pour les dirigeants d’entreprises industrielles ou commerciales, la FNSEA a pour vocation de regrouper les dirigeants des entreprises agricoles. Majoritaire avec ses 57 % des voix obtenues aux élections professionnelles, elle contrôle la quasi totalité des chambres d’agriculture. Et par le jeu des représentations elle est aussi prédominante dans les conseils des caisses du Crédit Agricole, à la Mutualité Agricole et dans les SAFER qui contrôlent le regroupement et la transmission des terres agricoles.
La FNSEA est donc incontournable et on peut aisément imaginer qu’il est difficile à un exploitant agricole d’échapper à son emprise.
Elu président de la FNSEA en 2010, Xavier Beulin prône le passage à une agriculture industrielle qui contrôle l’ensemble de la filière, de la production à la commercialisation. Lui-même est bien exploitant, avec son frère et ses cousins, de 500 hectares de céréales
Mais c’est surtout comme président du groupe Avril (anciennement SOFIPROTEOL) qu’il règne sur l’agriculture. Cette holding emploie 6500 salariés dans le monde et réalise un chiffre d’affaires de 7 milliards d’euros. Elle est présente dans le domaine des semences, de l’alimentation animale (sa filiale Gion Sanders est leader en France), de la production de viande et dans l’agro-alimentaire notamment avec les huiles Lesieur. Elle contrôle aussi la quasi totalité du marché français du diester, carburant obtenu à partir d’huiles végétales, et bénéficie ainsi d’importantes réductions fiscales sur les bio-carburants.
Face à Xavier Beulin, Pierre Gattaz, le président du MEDEF, ferait presque figure d’artisan avec ses 2500 salariés et ses 203 millions d’euros de chiffre d’affaires au sein de Radiall, le seul groupe qu’il contrôle. Et Xavier Beulin ne se contente pas de la SOFIPROTEOL. Il est administrateur national du Crédit Agricole depuis 2011 (sur nomination des ministres de l’agriculture et de l’économie), il est président du port industriel de La Rochelle et du Conseil économique et social de la région Centre.
On se demande comment il trouve encore le temps de faire pousser son blé…
Pour que l’industrie remplace l’agriculture
Son bilan à la tête de la FNSEA est remarquable : le nombre d’exploitations agricoles qui disparaissent n’a jamais été aussi important (1261 en 2013, soit un nombre en augmentation de 12 % par rapport à l’année précédente). Et c’est logique pour celui qui raille les petites exploitations familiales, de les faire disparaître pour favoriser le regroupement de leurs terres au sein de grandes fermes à vocation industrielle dont , pour certaines il est directement ou indirectement actionnaire, et pour toutes sont clientes des nombreuses filiales du groupe Avril.
Il faut croire que la majorité des exploitants agricoles ne voient pas que celui qui règne sur leur profession est en train de la détruire. Il a pourtant été candidat à la reprise du groupe Doux (production de viande de volailles), alors qu’une des filiales d’Avril est un des principaux importateurs de volailles du Brésil. Avec lui, l’agriculteur qui nourrit la France est mort, celui qui remplit nos réservoirs de carburant est né. Contradictions ? Non, diversification.
Ainsi le président de l’organisation qui lâche des ragondins lors des manifestations et qui projette du lisier sur les bâtiments publics, est avant tout un homme d’affaires redoutable qui n’hésite pas à appeler la gouvernement à la rescousse contre les manifestations anti OGM, ou récemment contre les zadistes qui occupaient le site du barrage de Sivens. Il est vrai qu’il a l’oreille des ministres et même du président Hollande qui avait présidé aux trente ans de la création de la SOFIPROTEOL...
L

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