vendredi 29 mai 2015

Une catastrophe à venir pour nos trains?

(d'après Hayat Gazzane - lefigaro.fr - 26 mai 2015)

Un rapport remis le 26 mai 2015 au gouvernement préconise de remettre à plat la carte des dessertes ferroviaires jugées peu rentables. 





Les 100.000 voyageurs qui empruntent chaque jour les trains Intercités doivent s'attendre à de sérieux changement. Ces trains, qui relient 345 villes, vont subir plusieurs modifications de dessertes voire de suppressions de lignes selon les conclusions du rapport choc de la commission sur «l'Avenir des trains d'équilibre du territoire» (l'appellation officielle des Intercités ), présidée par le député socialiste Philippe Duron.


Ce rapport dresse un constat sévère de l'état du réseau: «une qualité de l'offre continuellement dégradée, des temps de parcours sensiblement augmentés, une régularité qui a régressé»… 
L'infrastructure serait vieillissante, tout comme le matériel roulant qui date des années 80. Résultat: les 325 trains quotidiens «n'apportent pas le niveau de qualité de service requis».
Les Intercités souffrent de la concurrence des TGV et TER ou encore de la route (car et covoiturage). Même si 31,3 millions de passagers les ont empruntés l'an dernier, le taux de remplissage moyen stagne autour de 50%. 

La gouvernance, partagée entre l'État et la SNCF, ne permet pas d'améliorer la situation. Financièrement la SNCF ne s'y retrouve pas: le déficit sur cette offre devrait avoisiner les 400 millions d'euros cette année.


«Il faut revisiter complètement l'offre, dynamiser le réseau et offrir des solutions adaptées à la demande», a confié Philippe Duron. «Quand vous voyez qu'un train Intercités, pour faire Bordeaux-Lyon, met plus de six heures, là où une compagnie aérienne low-cost met une heure, ça n'a pas de pertinence», souligne-t-il. (Notre commentaire: Ne faudrait-il pas compter aussi les temps d'embarquement et les temps de liaison aéroport-centre ville? On ajoute facilement 3H...)

Suppression des trains de nuit et ceux concurrencés par des TGV ou des TER, développement du transport routier

Le rapport préconise donc des mesures radicales comme la disparition de certains trains de nuit dont «le modèle économique n'est plus viable». Seules quatre lignes de trains Intercités de nuit seraient conservées sur les 12 que compte le réseau. Il s'agit des lignes au départ de Paris et à destination de Briançon, Rodez, Toulouse et Latour-de-Carol(frontière avec la Catalogne). 

Justification: «il y a dix ans, on vendait la nuit en valorisant le coût attractif du transport et de la nuit d'hôtel. Aujourd'hui, le développement des petits prix sur les offres ferroviaires de jour, les low cost aériens, le covoiturage et les low cost hôteliers (font que) le modèle du train de nuit ne permet pas d'entrer dans une politique de prix aussi agressive que cette nouvelle concurrence».

Le rapport préconise également de supprimer les Intercités sur cinq tronçons de lignes, sur lesquelles il existe des dessertes TGV ou TER: Toulouse-Cerbère, Quimper-Nantes, Bordeaux-Toulouse, Marseille-Nice et Saint-Quentin-Cambrai. Les lignes Toulouse-Hendaye et Clermont-Ferrand-Béziers devraient être transférées sur des autocars. 

De manière générale, les déplacements plus directs entre grandes agglomérations se feraient sur route, grâce à la présence dans ces deux cas d'une «infrastructure autoroutière de très bonne qualité». Une démarche facilitée par la libéralisation du secteur des autocars prévue par la loi Macron. Les TER conserveraient les liaisons de cabotage, reliant les petites gares. (Notre commentaire: Développer le tout routier ne serait donc plus en opposition avec le développement durable et la réduction des pollutions aux particules fines?)



Transfert aux régions et ouverture à la concurrence

Parallèlement, le rapport Duron préconise «un renforcement de l'offre ferroviaire (...) associé à une meilleure utilisation du matériel roulant», sur «les lignes dont le résultat économique est aujourd'hui en-deçà de leur potentiel réel». Sont concernées entre autres les lignes Paris-Clermont-Ferrand, Paris-Amiens, Nantes-Lyon, Paris-Limoges, Paris-Caen ou encore Bordeaux-Marseille. Par ailleurs, les lignes pendulaires entre l'Ile-de-France et les régions limitrophes pourraient être transférées aux régions, dans le cadre d'un accord avec l'État.

Enfin, le rapport Duron préconise d'expérimenter l'ouverture à la concurrence en délégation de service public, d'abord sur les lignes de nuit puis sur certaines lignes de jour

Le rapport estime que ses propositions permettent «de redresser la trajectoire économique des trains d'équilibre du territoire à moyen terme», avec une stabilisation du déficit «à hauteur de 350 millions d'euros environ entre 2017 et 2019», puis «à environ 270 millions d'euros à partir de 2023».

Ces propositions font toutefois bondir les régions qui accusent le coup de la baisse des dotations de l'État et se voient mal gérer les Intercités. Elles craignent qu'un transfert de charges n'aboutisse au final à une réduction de l'offre. 


Enfin, la Fédération nationale des usagers des transports dénonce une «catastrophe» à venir.

Entre service public et rentabilité, le rapport Duron a tranché!

http://www.francetvinfo.fr/economie/quel-avenir-pour-les-trains-intercites_921959.html

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