mardi 2 juin 2015

La Conférence de Paris financée par des vampires!

(d'après le site Reporterre, 21 avril 2015, N. de la Casinière)

Les multinationales vont-elles vampiriser la Conférence de Paris sur le climat?
On ne voudrait pas vous démoraliser... mais c'est bien parti pour!
Les sommets mondiaux sont une aubaine pour les multinationales soucieuses de verdir leur image. Et donc, la Conférence de Paris (COP 21) sera en partie financée par des firmes largement responsables du changement climatique...

La grande conférence de Paris sur le climat sera-t-elle sponsorisée par un constructeur automobile, par une société scandinave d’électricité à 45 % d’option charbon, ou/et par un géant de la moissonneuse batteuse productiviste 

Recherche sponsor climato compatible, urgent


Sur le budget annoncé de 187 millions d’euros, pour l’organisation de la COP21 (location et aménagement du lieu, sécurité, communication, etc.), le gouvernement a fixé un objectif de 20 % de financements privés, venant d’entreprises françaises ou étrangères.


La vigilance des ONG et la cohérence de ces apports financiers posent problème. L’organisation peine à réunir ces 20 % de sponsors « propres », puisqu’il faut bien, pour éviter les critiques trop acerbes, exclure les grandes entreprises climato-incompatibles, pourtant mobilisables avec l’appui de l’État : Areva, Total, Renault ou autres offriraient des « cibles trop faciles ».

LVMH et Suez Environnement sont parmi les entreprises retenues mais ne sont pourtant pas indemnes de critiques, se positionnant sur le traitement des eaux pour l’extraction d’hydrocarbures de schiste et de charbon en Australie, et cautionnant la fuite en avant extractiviste. 
Par ailleurs la liste des co-financeurs privés de ces 20 % devrait déjà être publique : Soit il n’y a pas le compte, soit il y a une entreprise qui pose problème...

Ça roule pour BMW

Si les financeurs du sommet officiel doivent montrer patte aussi blanche que possible, le tri est moins sélectif au Forum de l’innovation soutenable, associé à la COP 21. Il suffit de se pencher sur les logos des généreux bienfaiteurs de ce Forum pour mesurer la contradiction entre un rassemblement sur les méfaits de l’industrie sur le climat, et son financement par des acteurs économiques contributeurs au gaz à effet de serre. Parmi eux, BMW.
Bienfaiteurs propres sur eux en façade, défenseurs des intérêts carbonés en coulisse : en juillet 2012, The Guardian relevait que BMW exerçait des pressions sur Bruxelles pour assouplir les normes d’émissions des véhicules à partir de 2020, tout en vantant parallèlement sa « green attitude » et la conscience environnementale de ses modèles.
En octobre 2013, les constructeurs automobiles allemands, et spécialement BMW, ont ainsi obtenu le report d’un vote de l’Union européenne prévoyant de limiter les rejets en CO2 des voitures européennes. Tout cela en arrosant de 690 000 euros le CDU, le parti d’Angela Merkel qui a soutenu la levée de boucliers des firmes automobiles claironnant pourtant leur engagement plus vert que jamais.

Les logos soufflent le froid et le chaud

Parmi les autres sponsors dont le logo apparaît déjà sur le site, des producteurs de froid et de chaud. Pour un sommet sur la dégradation du climat, voilà des financeurs rêvés.


Parmi les partenaires institutionnels les plus choquants, figure l’IETA, International Emissions Trading Association, qui gère notamment le marché mondial des émissions carbone.

On y retrouve des représentants des plus grosses firmes pétrolières (Chevron, Shell), minières (Rio Tinto), mais aussi Alstom et GDF Suez – GDF Suez et Shell ont reçu en 2014 le prix Pinocchio du greenwashing (hypocrisie verte). De surcroit, GDF-Suez est membre du lobby pro-gaz de schiste (Centre des hydrocarbures non conventionnels), alors que l’exploitation du gaz de schiste est une source importante de méthane, un puissant gaz à effet de serre.

L’électricien italien Enel, qui prospecte pétrole et gaz en Grèce, et fait partie des trois plus grosses entreprises d’énergie européennes en terme de profits tirés du gaz et du charbon est aussi dans cette bande de financeurs.

Le tour d’horizon des logos repère aussi New Holland, géant de la moissonneuse batteuse productiviste, du machinisme agricole et des gros engins de chantier du BTP, passé aux mains de Ford, puis de Fiat. Ou Vattenfall, société d’État suédoise qui produit de la chaleur et de l’électricité provenant à 45 % de l’énergie fossile, à 33 % du nucléaire. Ce qui n’empêche cette entreprise d’énergie influente dans le nord de l’Europe de faire campagne pour un manifeste pour le climat en faisant appel à ses clients usagers d’énergie.

Le dossier de présentation pour les sponsors de ce forum de l’innovation soutenable vante « le plus grand nombre et le mélange de parties prenantes mondiales, pour optimiser l’engagement ».Comprendre « engagement » comme investissement financier. Ces parties prenantes annoncées sont des « PDG de grandes firmes, ONG, membres de l’ONU, investisseurs, responsables de villes, gouvernements nationaux et locaux », 50 % européens, 20 % nord américains, idéal pour du « networking » annonce la brochure.

A Lima déjà

Les sommets mondiaux sur le climat sont très suivis par les multinationales qui calculent avec gourmandise les bienfaits d’image d’apposer leur logo auprès d’un tel événement. Exemple à Lima pour la COP20.


Outre Alstom et Philips, on y retrouvait le Carbon Trust, organisation d’experts en réduction de gaz a effet de serre, conseillant les multinationales et gouvernements, dirigé et présidé par d’anciens dirigeants de Shell.

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