dimanche 14 décembre 2014

Créer des emplois sans croissance

d'après ECOLOnews décembre 2014 n°5

Voici la comptine: pour créer des emplois il faudrait absolument créer de la croissance, et comme la croissance ne vient pas, les emplois disparaissent. Pourtant il est possible d'écrire une autre histoire...
... une histoire non pas faite de compétitivité, de course aux bas salaires et à la concurrence internationale.
Une histoire plus sereine, où la société ne s'engage pas dans une course folle au moins-disant, mais au contraire une histoire de recherche de qualité, d'un nouveau modèle de développement.

Impossible, direz-vous? Pas si sûr, à condition de faire preuve de volontarisme, d'innovation, et même d'imagination.


INVESTIR DANS DE NOUVELLES ACTIVITÉS

Les études se succèdent et se ressemblent: l'économie circulaire, l'agriculture biologique, les nouvelles énergies, la rénovation des bâtiments et des habitations, tout cela crée des emplois. 
Les évaluations varient mais toutes disent qu'il y a là un gisement d'emplois. Ces activités, ces filières sont en effet intensives en emplois. Les études émanent de chercheurs ou d'organismes internationaux, elles sont issues de comparaisons internationales et d'études prospectives, et elles disent que près de 1,3 million d'emplois pourraient être créés avec une volonté ferme de changer notre modèle de développement. 
L'agriculture avec des exploitations de plus petites tailles, moins intensives et alimentant des circuits courts de distribution représente un potentiel de 150 000 emplois. 
L'énergie renouvelable, son stockage et son exploitation représentent un potentiel de 700 000 emplois . 
Quant aux transports moins polluants et au commerce de de proximité bien plus intensif en emplois que la grande distribution, cela pourrait être à l'origine de 500 000 emplois. 
Créer ces emplois n'est pas si simple, mais ce n'est pas plus compliqué que de continuer la mise sous perfusion de notre modèle économique. Ce n'est pas plus coûteux non plus quand on voit qu'aujourd'hui 45 milliards sont dédiés à la supposée baisse du coût du travail... (1)

INVESTIR DANS LA QUALITÉ DE VIE

Les temps de loisirs, l'accompagnement des personnes âgées ou malades, le bien-être et l'épanouissement des enfants, l'autonomie des jeunes adultes... sont autant d'activités créatrices d'emplois mais aussi de mieux vivre pour tout le monde. 
Alors n'hésitons pas et investissons collectivement dans ces activités, ces associations culturelles, de loisirs, sportives, ces clubs de foot, ces emplois auprès des personnes en situation de handicap, ces personnes âgées, pour qu'elles soient moins seules, en meilleure santé et mieux accompagnées. 
Parce que ce sont des emplois indispensables pour que notre société soit agréable et solidaire, pour qu'il y fasse bon vivre... 
Cela pourrait créer 1,5 million d'emplois.

PARTAGER LE TRAVAIL

L'idée n'est pas de travailler plus, toujours plus, ni même de travailler moins pour celles et ceux qui subissent les temps partiels et n'arrivent pas à boucler les fins de mois. L'objectif est de travailler tous et toutes un temps raisonnable de travail. 
Quand les cadres supérieurs, commerciaux, serveurs ou chauffeurs font jusqu'à 48 heures par semaine dans notre pays, certains employés n'en font que 10, voire moins, et que dire des intérimaires et autres activités de très courte durée? 
Bref, il est important de lisser le temps de travail pour que plus de personnes puissent avoir un emploi, et pour ce faire il faut limiter la durée maximale du travail, mais il faut aussi développer davantage les temps de formation, de réorientation... 
Tous ces temps qui permettent de changer d'emploi, de métier, de se former pour être au meilleur niveau de compétence. Tout cela revient à partager le travail et donc à créer des emplois.

Il existe donc des pistes à suivre, 
ayons la volonté politique de les explorer.

Note:
(1)Les projets d'énergie renouvelable reposent sur de nombreuses PME locales: elles sont essentielles dans la création et l'exploitation de ces projets. L'efficacité énergétique, notamment avec la rénovation des bâtiments est également source d'activité économique locale et d'emplois. C'est pourquoi la transition énergétique est une des solutions concrètes au chômage. 
Deux études officielles publiées en juin 2013 confirment cette analyse. 
La première, réalisée par le Cired-CNRS estime que le scénario négaWatt créerait 632 000 emplois en 2030. 
La seconde, réalisée par l'OFCE, estime que le gain en emplois serait de 825 000 en 2050 avec le scénario de transition énergétique de l'Ademe. 
Ces deux études prennent en compte la réduction d'emplois dans certains secteurs (énergies fossiles et nucléaire, automobile...), mais les gains en emplois sont bien supérieurs aux pertes.

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